Ajay Banga: “Il n’y a pas assez d’argent sans le secteur privé”

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Le candidat des Etats-Unis à la présidence de la Banque mondiale (BM), Ajay Banga, juge nécessaire pour l’institution de mobiliser de l’argent privé face aux besoins croissants de financement dans le monde, et estime qu’il faut lier les questions climatiques et de pauvreté.

Le candidat des Etats-Unis à la présidence de la Banque mondiale (BM), Ajay Banga, juge nécessaire pour l’institution de mobiliser de l’argent privé face aux besoins croissants de financement dans le monde, et estime qu’il faut lier les questions climatiques et de pauvreté.

“Il n’y a pas assez d’argent sans le secteur privé”, a déclaré M. Banga jeudi lors d’une rencontre avec des journalistes. “Il n’y a pas assez d’argent que ce soit dans les banques multilatérales de développement, dans les grands gouvernements du monde développé, dans la société civile, même avec les intentions les plus philanthropiques”, a-t-il ajouté.

Quant aux solutions concrètes qui pourront être mises en oeuvre, il a précisé n’avoir “pas encore toutes les réponses”, soulignant qu’il leur faudra “créer ce modèle d’engagement”, évoquant de multiples “outils dans la boîte à outils”.

Ajay Banga, 63 ans, est un Américain d’origine indienne. Il a notamment dirigé pendant 10 ans le groupe Mastercard, et a été un haut responsable du fonds de capital-investissement américain General Atlantic et de la holding Exor, de la famille Agnelli. Choisi par le président américain Joe Biden, il est à ce stade le seul candidat déclaré pour diriger l’institution basée à Washington, et issue des accords de Bretton Woods, signés au lendemain de la Seconde guerre mondiale.

La présidence de la Banque mondiale est, selon un accord tacite, occupée par un Américain, tandis que celle de son organisation-soeur, le Fonds monétaire international (FMI) revient à une personne européenne.

Un signal fort

Mais les critiques se multiplient, les pays émergents réclamant leur part du gâteau. Le choix d’Ajay Banga, né en Inde, qui y a grandi, fait ses études et débuté sa carrière avant d’être naturalisé Américain alors qu’il était déjà adulte et venu travailler pour Citibank, apparaît comme un signal fort. “Je pense que vous devriez créditer l’administration (Biden) d’avoir fait un énorme pas en avant pour trouver quelqu’un qui n’est pas né ici, qui n’a pas été éduqué ici”, a-t-il ainsi salué.

Il a même raconté s’être pincé pour y croire lorsque, la veille, il est allé à la Banque mondiale pour faire campagne en vue de sa nomination. Sa candidature a reçu le soutien de plusieurs pays émergents, comme l’Inde, le Kenya, ou encore le Ghana. Il va passer les prochaines semaines à faire un tour du monde pour aller rencontrer les responsables de nombreux pays, à la fois emprunteurs et prêteurs, a-t-il expliqué.

Climat et réduction de la pauvreté

Le président actuel de la Banque mondiale, David Malpass, proposé à l’époque par Donald Trump, avait annoncé le 15 février son départ fin juin, avec un an d’avance. Les raisons n’en ont pas été précisées, mais il avait été critiqué pour son manque de volontarisme sur le volet climatique. Et un évènement, en septembre, pourrait avoir bousculé les choses.

Interrogé, lors d’une table ronde organisée par le New York Times, il avait refusé à trois reprises de dire s’il reconnaissait le rôle des énergies fossiles dans le réchauffement climatique. Avant de déclarer, pressé par le public: “je ne suis pas scientifique”. La même question a été posée jeudi à Ajay Banga, dont la réponse a pris le contrepied de celle de David Malpass: “je pense qu’il y a suffisamment de preuves scientifiques”.

Et de continuer: “Mais le changement climatique ne se limite pas aux gaz à effet de serre. C’est aussi la qualité de l’eau disponible. C’est le sol, sa biodiversité, sa capture de carbone. Ces deux mots simples de +changement climatique+ recouvrent beaucoup de choses”. “Ma conviction est que la réduction de la pauvreté ou la prospérité partagée, ou tous ces mots qui impliquent l’idée de lutter contre les inégalités, ne peuvent être dissociés des défis liés à la nature”, a-t-il déclaré.

Il a également souligné qu’une grande partie des “immenses progrès” réalisés ces quatre dernières décennies sur le front de la réduction de la pauvreté ont été perdus ces dernières années, “nous devons les récupérer”.

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