Bruxelles ouvre la voie à un hydrogène “vert” issu du nucléaire

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La Commission européenne a proposé lundi que l’hydrogène produit à partir d’électricité nucléaire puisse, sous conditions, être considéré comme “vert”, une victoire de la France qui pourrait recourir à l’atome pour atteindre les objectifs d’hydrogène “renouvelable” de l’UE.

L’Allemagne et l’Espagne prônent une définition plus restrictive ne considérant comme “vert” que l’hydrogène issu de sources renouvelables. Les critères proposés par Bruxelles s’inscrivent dans une législation européenne, en cours de négociations, qui fixe des objectifs ambitieux d’hydrogène “renouvelable” pour l’industrie d’ici 2030. Le Parlement européen et les Etats membres disposent désormais d’un délai pouvant aller jusqu’à quatre mois pour accepter ces critères (détaillés dans deux “actes délégués”) ou s’y opposer, sans possibilité de les modifier.

De façon générale, le texte préparé par la Commission définit comme “vert” l’hydrogène fabriqué avec un électrolyseur directement connecté à une source d’électricité renouvelable “nouvelle”, c’est-à-dire une infrastructure supplémentaire par rapport au parc actuel. Une façon d’encourager le déploiement de nouvelles énergies renouvelables et de ne pas accaparer les infrastructures existantes.

Autre cas de figure: l’hydrogène sera “vert” si l’électrolyseur est alimentée à partir d’un réseau électrique où la part d’énergies renouvelables a atteint au moins 90% l’année précédente, auquel cas il n’y aura aucune exigence d’infrastructure renouvelables supplémentaire.

Enfin, l’hydrogène pourra être considéré comme vert si le réseau électrique utilisé est largement décarboné, avec des émissions carbone liées à la production d’électricité ne dépassant pas 18 grammes équivalent CO2/mégajoule (ce critère une fois atteint, il est considéré comme valable pendant cinq ans).

Cette dernière disposition ouvre la voie à de l’hydrogène produit à partir d’un mix basé sur l’électricité nucléaire (énergie bas carbone), ce que réclamait avec véhémence la France dans le cadre des négociations en cours entre eurodéputés et Etats membres concernant la législation sur les renouvelables. “Il y a un vrai risque à ce que les discussions conduisent à imposer des objectifs très élevés d’hydrogène renouvelable pour l’industrie (…) sans prendre en compte la part d’hydrogène qui peut être produite a partir d’électricité d’origine nucléaire”, avait plaidé début février la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Dans ce cas, “la France ne pourrait pas utiliser son électricité décarbonée issue du nucléaire pour produire de l’hydrogène” ce qui serait, selon elle, “absurde et contraire à nos objectifs européens de décarbonation”.

A l’inverse, l’Allemagne et l’Espagne ont réaffirmé lundi leur opposition à l’inclusion de l’hydrogène “bas carbone”, c’est-à-dire produit à partir d’électricité nucléaire, dans le texte sur les énergies renouvelables. “L’hydrogène produit à partir d’énergie nucléaire n’est pas de l’hydrogène vert (….) Nous nous impliquerons dans les discussions avec cette position”, a affirmé un porte-parole du gouvernement allemand.

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