Design et délire au Grand-Hornu

© PH. Cornet

Les objets épurés de Benoît Deneufbourg contrastent avec les facéties de François Curlet. Doublé ayant en commun un imaginaire florissant.

L’un a davantage une vocation domestique que l’autre, quoique. Jusqu’en février, l’espace ancien des Magasins aux foins – large parallélépipède aux murs de briques – présente le travail de Benoît Deneufbourg. Invité à s’emparer du lieu par le Centre d’innovation et de design, ce designer né à la Louvière en 1977, diplômé d’architecture de Saint-Luc, impressionne. Par un travail sobre qui peut rappeler la zénitude japonaise mais aussi via une vitalité donnant franchement envie d’acquérir sa collection allant de petits objets précieux – un dépose-stylo – à des tables conçues sur un support métallique futé. Ou ce bureau mural qui, une fois replié, n’occupe qu’un espace limité.

Design et délire au Grand-Hornu
© PH. Cornet

Il y a, de fait, une forme de pragmatisme et de bienveillance chez cet artisan qui n’hésite jamais à expérimenter – récemment dans la céramique – sans négliger le fonctionnel. Outre une esthétique aussi récurrente que reposante, Deneufbourg charme par le décryptage proposé au Grand-Hornu : une partie de l’expo montre comment la conception d’un objet – une simple chaise de bois – évolue, passant du prototype en carton aux stades ultérieurs de fabrication industrielle.

Dans l’espace voisin du MAC’s, une autre forme alternative de poésie prend place : celle de François Curlet (1967). Français installé en Belgique depuis une trentaine d’années, il était de l’inauguration du musée, offrant alors aux gens du quartier une carte de visite de Voisins officiels. Ce farceur, héritier de Picabia ou Broodthaers, énamouré de pop art, nous perd parfois dans ses propositions. Par exemple dans la série de sprays sur cuivre, Frozen Feng Shui, pas assez puissante pour le volume occupé. Mais dans son étalage de casseroles précieuses trouées par une balle de Magnum 357, cette vraie moto échouée sur une (fausse) tranche de pain géante ou le film projeté en bout d’expo, se pose un miroir aussi comique que tragique des sociétés en doute. Celles que Curlet et Deneufbourg traitent via des pratiques radicalement différentes mais avec une dose certaine d’empathie commune.

Design et délire au Grand-Hornu
© PH. Cornet

Benoit Deneufbourg, “Process”, jusqu’au 3 février, www.cid-grand-hornu.be et François Curlet, “Crésus & Crusoé”, jusqu’au 10 mars, www.mac-s.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content