« Une douche de liquidité ne réglera pas le problème ! »

Les banques de la zone euro ont déposé 501,93 milliards d’euros auprès de la BCE, un nouveau record absolu… qui inquiète certains analystes. La BCE a beau défendre son action, nombre de critiques estiment celle-ci insuffisante.
Les banques de la zone euro ont déposé 501,93 milliards d’euros auprès de la Banque centrale européenne entre lundi et mardi, un nouveau record absolu, selon des chiffres publiés mardi sur son site Internet.
Depuis décembre les volumes de ces dépôts sur 24 heures, pourtant faiblement rémunérés (0,25 %), atteignent régulièrement des records. Le précédent record datait de lundi (493,27 milliards d’euros).
Les dépôts record des banques auprès de la BCE inquiètent
Ces chiffres inquiètent certains économistes, qui y voient un signe de la réticence des banques à prêter à d’autres instituts ainsi qu’aux entreprises et ménages, ce qui menacerait la croissance, ou encore à investir dans des emprunts d’Etats de la zone euro.
Pour d’autres, ces dépôts record sont à mettre sur le compte d’une opération géante de prêts de la BCE sur trois ans à 1 % aux banques de la zone euro fin décembre : 523 banques avaient emprunté 489 milliards d’euros au total. Inondées de liquidités, certaines de ces banques préféreraient les conserver pour l’instant en attendant de savoir quel usage elles vont en faire.
La BCE défend son action en faveur des banques…
Jeudi dernier, Mario Draghi, président de la BCE, s’était défendu d’un échec de cette opération visant à encourager les banques à ouvrir le robinet du crédit. Selon lui, elle a apaisé les marchés, rassuré les banques et permis au circuit monétaire de mieux fonctionner.
Une action d’ailleurs saluée par l’agence de notation Standards & Poor’s, qui a abaissé vendredi la note de neuf pays de la zone euro et celle du fonds de secours européen FESF lundi. L’agence avait estimé que la BCE était parvenue à « éviter un effondrement de la confiance des marchés » en « soulageant fortement les pressions sur les banques ». Un nouveau prêt de la BCE sur trois ans, à montant illimité et à taux fixe, est prévu fin février.
… Mais certains analystes relativisent sa portée
Wolfgang Münchau, éditorialiste au Financial Times, ne partage pas totalement le satisfecit accordé par S&P à la Banque centrale européenne : « Non, l’énorme boost de liquidité opéré par la BCE ne réglera pas le problème (de la zone euro) », écrit-il dans une récente chronique.
« Loin de moi l’idée de sous-estimer l’importance de cette décision. La BCE a évité la naissance d’un credit crunch et mérite d’être louée pour cela. Le retour des prêts illimités à long terme pourrait même avoir un impact marginal sur la volonté des banques de prendre part à l’émission d’obligations des Etats. Si nous avons de la chance, cela pourrait nous permettre de traverser, ce printemps, l’intense période de refinancement de la dette. »
Le problème, conclut-il, est qu' »une douche de liquidité ne peut résoudre le problème sous-jacent d’un manque d’ajustement macroéconomique ».
V.D., avec Belga
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