Mon banquier va devenir infirmier

Le secteur des soins de santé manque de bras. © Belgaimage

Recaser leur personnel excédentaire vers d’autres secteurs d’activité en manque de bras, comme celui des soins de santé: voilà “la” solution des banques pour faire face à la vague numérique sans casse sociale.

Cela avait déjà été évoqué, c’est désormais officiel: les banquiers pourront bientôt se reconvertir en infirmiers. Telle est la solution insolite mise sur la table par Febelfin (la Fédération belge du secteur financier) et les syndicats des banques face à l’hémorragie d’emplois dans le secteur financier : à savoir un accord visant à faciliter la mobilité des employés de banque vers d’autres secteurs d’activité, comme celui de la santé. Objectif de l’initiative, tout simplement baptisée Mobilité des talents ? ” Accompagner les employés des banques d’un emploi à un autre, aussi et surtout en dehors du secteur financier “, résume Febelfin.

“Prêt d’employé”

Les banques, il est vrai, vivent aujourd’hui un profond changement. Bousculées par la digitalisation, l’automatisation grandissante et la chute de fréquentation des agences, elles ne cessent de tailler dans leurs effectifs. Avancée par Febelfin, une étude de McKinsey montre que d’ici cinq ans, environ 7.500 personnes n’auront plus la possibilité de remplir la fonction qu’elles exercent aujourd’hui. Pour amortir le choc et éviter les licenciements secs, l’idée est donc de faire le pont avec d’autres secteurs. Plusieurs formules seront ainsi proposées aux salariés des banques qui souhaitent se réorienter : du ” prêt ” d’employés à d’autres organisations (celles-ci rembourseront une partie du salaire à la banque qui prête) à la possibilité de tester un nouveau métier en accomplissant à l’extérieur une mission temporaire de trois mois, en passant par la mise en relation d’employés plus âgés ou limités à des métiers bancaires en perte de vitesse ” avec des employeurs à la recherche d’expériences spécifiques “, précise Febelfin.

Logistique et chimie aussi

Alors que des discussions sont en cours avec d’autres secteurs comme la chimie et la logistique, un premier accord vient d’être signé avec celui des soins de santé. Dès le mois de septembre, les employés de banque, qui autrement se retrouveraient sans travail, pourront ainsi entamer une formation d’infirmier ou d’aide-soignant.

Spécialiste du marché du travail, membre du think tank Itinera et doyen à la Macquarie University de Sydney, Marc De Vos salue l’initiative : ” Cela change la culture du licenciement qui se résume aujourd’hui à un moyen de négocier un pactole pour devenir chômeur aux frais de son employeur, dit-il. La culture de restructuration en entreprise doit être une culture d’activation et non pas une culture pécuniaire passive. Il faut accompagner, stimuler et faciliter la transi-tion vers un nouvel emploi. Le manque de talents est structurel en Belgique. Toutes les statistiques le montrent (BNB, Conseil supérieur de l’emploi, etc.). C’est tout le paradoxe du marché de l’emploi en Belgique qui combine chômage et pénurie. D’où l’importance de la mobilité professionnelle “, complète l’expert d’Itinera.

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