La BCE relève ses taux, mais reste ferme face à l’inflation

Christine Lagarde

La Banque centrale européenne (BCE) a relevé jeudi ses principaux taux directeurs de 0,50 point de pourcentage, optant pour un tour de vis monétaire plus modéré que les mois passés, tout en affichant sa détermination à combattre l’inflation.

La Banque centrale européenne a opté jeudi pour un tour de vis monétaire plus modéré, relevant ses taux de 0,50 point de pourcentage, mais affiche toujours sa détermination à combattre l’inflation qui ne devrait pas reculer aussi vite qu’espéré. Après de longues années d’argent peu cher, la BCE mène depuis l’été une politique choc de taux d’intérêt destinée à refroidir l’activité économique, dans l’espoir de dompter l’inflation.

Le rythme de relèvement des taux est le plus rapide depuis la création de la BCE en 1999, avec deux hausses « jumbo » de 0,75 point en septembre et octobre. Comme la Réserve fédérale américaine (Fed) mercredi et la Banque d’Angleterre (BoE) jeudi, la BCE a décidé de ralentir la cadence et de lancer une nouvelle étape du tour de vis monétaire.

Le relèvement d’un demi-point porte les taux rémunérant les liquidités bancaires non distribuées en crédit à 2% et celui sur les opérations de refinancement à court terme à 2,50%, au plus haut depuis fin 2008. Signe que la BCE va rester ferme face à l’inflation : l’institution de Francfort a donné le coup d’envoi de la réduction de son bilan, comme sa présidence Christine Lagarde s’y était engagée lors de la réunion d’octobre.

À partir de mars, l’institution va réduire son stock d’obligations actuellement de 3.300 milliards d’euros « en ne réinvestissant pas la totalité des remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance », a précisé la BCE dans un communiqué. Cette réduction se fera à rythme de 15 milliards d’euros par mois en moyenne jusqu’à fin juin, avant d’être ajustée à nouveau.

« Croisade »

Et les hausses de taux vont se poursuivre car « l’inflation reste beaucoup trop élevée et devrait rester au-dessus de l’objectif pendant trop longtemps », a déclaré le conseil des gouverneurs dans un communiqué. Il s’agit « d’une décision au ton plutôt belliqueux », a commenté Jens-Oliver Niklasch, de la banque LBBW. « Le relèvement des taux d’intérêt était attendu. En revanche, le fait qu’il puisse se poursuivre probablement au même rythme en surprendra plus d’un », a-t-il ajouté. « La croisade de la BCE pour lutter non seulement contre l’inflation mais aussi contre toute détérioration de sa réputation et de sa crédibilité se poursuit », a commenté Carsten Brzeski, analyste à la banque ING. La courbe d’inflation s’est certes un peu aplatie en novembre, à 10% sur un an, contre 10,6% le mois précédent, grâce à une accalmie des coûts de l’énergie.

Mais la hausse des prix devrait rester durablement très au-dessus de l’objectif de 2% affiché par la banque centrale, selon les prévisions actualisées publiées jeudi. L’inflation devrait s’élever à 6,3% l’an prochain, contre 5,5% prévu auparavant, avant de baisser à 3,4% en 2024 et 2,3% en 2025. La zone euro devrait échapper de peu à la récession l’an prochain, le BCE prévoyant une croissance du PIB de 0,5% en 2023, contre 0,9% prévu en septembre, puis de 1,9% en 2024. Des détails supplémentaires sur le plan de « resserrement quantitatif » seront annoncés en février. Lutter contre l’inflation passe aussi par le fait de siphonner les liquidités abondantes dans les comptes des banques. Pour cela la BCE a durci en octobre les conditions d’anciens prêts géants aux banques (TLTRO). Cette politique porte ses fruits car les établissements se sont dits prêts à rembourser près de 750 milliards de prêts par anticipation, sur un encours de 2.100 milliards.

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