La BCE boucle l’examen des banques européennes

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La plupart des banques de la zone euro – à l’exception de 25 d’entre elles, dont deux belges, sur un total de 130 – ont passé avec succès un examen particulièrement rigoureux destiné à restaurer la confiance dans ce secteur clé de l’économie, à quelques jours du coup d’envoi de la supervision bancaire européenne, qui sera désormais du ressort de la Banque centrale européenne (BCE).

“Nous avons accompli beaucoup durant cet examen mais, dans le même temps, ce n’est que le point de départ d’une nouvelle mission”, a déclaré la Française Danièle Nouy, maître d’oeuvre de cet audit et patronne du futur organe de supervision bancaire, lors d’une conférence de presse à Francfort.

La santé financière de 130 établissements a été passée au crible dans le cadre de cette vaste opération, baptisée “Comprehensive Assessment” (CA), qui se voulait aussi un test de la capacité de la BCE à assumer sa nouvelle mission de supervision, qui était jusque-là du ressort des banques centrales de chaque pays.

Outre un examen minutieux des actifs détenus par ces banques au 31 décembre 2013, les autorités bancaires européennes ont également conduit des tests de résistance, c’est-à-dire des exercices de simulation destinés à éprouver leur solidité en cas par exemple de récession et de crise financière doublée d’une chute des prix de l’immobilier.

“La méthodologie peut et sera critiquée, mais cet examen a été le plus rude pour les banques de la zone euro jusqu’à présent”, souligne Christian Schulz, économiste au sein de la banque Berenberg.

La Commission européenne pour sa part a salué “un exercice d’une ampleur sans précédent”, jugeant qu’il allait “apporter une grande transparence en ce qui concerne le bilan des banques” et permettre “d’identifier et de corriger les faiblesses”.

Pour autant, “le fait que 25 banques n’aient pas validé le test signifie que les banques européennes n’ont pas encore atteint la zone d’accalmie”, tempère Dennis Snower, professeur et chercheur à l’institut économique allemand IfW.

Les titres de ces établissements pourraient d’ailleurs souffrir lundi, à l’ouverture des marchés européens, qui avaient la plupart terminé en baisse vendredi dans l’attente des résultats de ces tests.

Au terme d’un an de travail mené dans le plus grand secret, et qui a mobilisé plus de 6.000 personnes, la BCE a révélé en effet que 25 banques avaient un niveau de fonds propres insuffisant.

Parmi elles, neuf italiennes (dont Banca Monte dei Paschi di Siena et Banca Popolare di Milano), trois grecques, trois chypriotes, mais également deux petits établissements (l’allemand Münchener Hypothekenbank et la française Caisse de refinancement de l’habitat), évaluant leurs besoins en capital à quelque 25 milliards d’euros.

En Belgique, sur six banques examinées – Argenta, Belfius, Bank of New York Mellon (BNYM), KBC, Axa Bank Europe et Dexia – seules les deux dernières n’ont pas satisfait aux exigences fixées par la BCE. Mais elles n’auront pas besoin de prendre des mesures pour remédier à la situation, l’une en raison de son statut de banque en résolution (en cours de démantèlement) et l’autre parce qu’elle a déjà pris des mesures suffisantes, selon le gouverneur de la Banque nationale de Belgique (BNB), Luc Coene.

Depuis fin 2013, douze des 25 établissements ont déjà comblé leurs besoins de fonds propres, en levant environ 15 milliards d’euros sur les marchés, a précisé la BCE.

Les treize autres ont désormais deux semaines pour présenter aux autorités bancaires européennes un plan de recapitalisation et entre six et neuf mois pour le mener à bien. Parmi les plus fragiles, l’institut italien Monte dei Paschi di Siena va devoir lever plus de deux milliards d’euros d’argent frais, et la banque chypriote Eurobank 1,8 milliard.

Ces tests doivent permettre de regagner la confiance des investisseurs, échaudés par de précédents examens qui, notamment en 2011 sous la houlette de l’Autorité bancaire européenne, n’avaient pas détecté les faiblesses de certains établissements en Irlande ou en Espagne.

Pour la BCE, raviver la confiance dans le système bancaire, qui fournit 80% des crédits en zone euro, est crucial. “En identifiant les problèmes et les risques, l’opération va aider à réparer les bilans et rendre les banques plus résistantes et robustes. Cela devrait faciliter la distribution du crédit en Europe, ce qui va soutenir la croissance économique”, a illustré Vitor Constancio, vice-président de l’institution, lors de la conférence de presse à Francfort.

Pour la Banque centrale, la revue des actifs est également le moyen d’éviter les mauvaises surprises avant d’endosser le 4 novembre le rôle de superviseur bancaire (SSM), dans le cadre de l’union bancaire européenne en cours de constitution.

Ce contrôle des banques sera flanqué d’un mécanisme commun de gestion des crises bancaires et d’un système unifié de protection des économies des épargnants. L’union bancaire doit éviter qu’une crise des banques ne paralyse à nouveau toute l’économie, comme au début de la décennie.

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