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Interventions des banques dans l’économie: “Encore un plus gros calibre”

Puisque, pour reprendre les termes du président français Emmanuel Macron, “nous sommes en guerre”, les armes sont sorties des fourreaux. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale a multiplié les interventions. En Europe, la Banque centrale européenne a réagi elle aussi rapidement en rachetant pour 750 milliards d’euros afin d’aider les Etats à se financer et éviter un écartèlement de la zone euro.

Tout le combat consiste à éviter que le choc sévère qui secoue nos économies à court terme ne se transforme en une fragilité de long terme. Il faut dès lors tout faire pour que les entreprises et les ménages ne subissent un contrecoup et tombent en dépression. Et pour les rassurer, les calibres les plus gros sont les bienvenus.

Chez nous, l’Etat fédéral a pris deux grandes décisions. D’une part, le gouvernement de Sophie Wilmès a décidé un paquet de mesures de soutien (chômage temporaire, report des versements à l’Isoc, à la TVA, au précompte professionnel) d’un montant de 8 à 10 milliards d’euros. D’autre part, un accord a été conclu avec les banques pour aider à garantir 50 milliards d’euros de nouveaux crédits qui aideront entreprises et ménages à passer ce cap difficile. Lorsque les pertes sur crédits dépasseront 3%, la facture sera partagée moitié-moitié entre l’Etat et les banques. Et quand la perte sera supérieure à 5%, l’Etat prendra 80% de celle-ci à sa charge. Pour les crédits en cours, les particuliers et les entreprises qui auraient des difficultés de paiement pourront bénéficier de reports de paiements jusqu’au 30 septembre. Et cela concerne non seulement les prêts aux entreprises mais aussi les crédits hypothécaires des particuliers.

Les bazookas, voire les batteries de missiles, sont dans ces circonstances les antiviraux les plus efficaces. Mais il faudra de plus gros calibres encore. Dans cette crise, en effet, garantir les prêts ou reporter des échéances de paiement ne sera pas suffisant. Il faudra se substituer aux pertes de revenus des entreprises et des ménages, en tout cas des plus fragiles. Et si cela n’est pas suffisant, on évoque même la mesure ultime : la monnaie hélicoptère, soit la distribution d’un chèque à tous les ménages pour soutenir la consommation. Une mesure spectaculaire, qui tente la présidence américaine, même si ce free lunch n’est pas sans poser un réel problème d’équité économique…

La mobilisation de tout cet arsenal fait cependant que le poids financier repose à nouveau, comme en 2008, sur les Etats, dont il faut assurer la solidité. Et c’est là qu’il reste encore du travail pour renforcer les maillons faibles. Le problème italien (et bientôt espagnol), qui menace la zone euro, n’est pas réglé, malgré l’appel dans le Financial Times du président du Conseil italien Giuseppe Conte à mobiliser un fonds européen de 500 milliards d’euros pour aider les Etats membres qui en auraient besoin.

Mais il semble que l’on ait appris des erreurs du passé. L’Union européenne a suspendu sans tarder les règles du pacte de stabilité et instauré une flexibilité budgétaire : les Etats peuvent s’endetter et ne seront pas rappelés à l’ordre. On est loin des discussions d’octobre 2010, en pleine crise de la zone euro, lorsque Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, lors d’une promenade à Deauville, décidaient que si l’Union européenne devait enclencher ses mécanismes de secours pour aider un Etat en difficulté, les investisseurs privés devraient encaisser les pertes. Cela avait précipité la crise en écartelant les taux d’intérêt européens entre les pays forts et les pays faibles. Il est vrai qu’il n’est plus question aujourd’hui de bonne ou mauvaise gestion de finances publiques. Mais de crise sanitaire mondiale.

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