Glorifi: la banque qui voulait donner une leçon à “Wall Street la gauchiste”

Wall Street © Getty

La banque américaine Glorifi a réussi à réunir des dizaines de millions autour d’une idée simple. Il manquait une banque de droite capable de promouvoir uniquement “les valeurs pro-américaines”. Elle aura tenu six mois, plombée par l’amateurisme, mais aussi l’alcoolisme de son dirigeant. Portrait d’un naufrage annoncé.

Glorifi cherchait à créer une alternative bancaire conservatrice et s’était autoproclamée banque anti-woke qui était censée donner une leçon à “Wall Street la gauchiste”. Lancée en septembre, cette application bancaire vient de licencier ses employés par mail après avoir échoué à obtenir un financement supplémentaire révèle le The Wall Street Journal . La directrice du marketing et de la communication Cathy Landtroop stipulant que “défis financiers liés aux erreurs de démarrage, à l’économie défaillante, aux atteintes à la réputation et aux multiples histoires négatives ont fait des ravages”.

Une “vraie” banque de droite

L’idée du fondateur, Toby Neugebauer, un homme d’affaires texan, était simple : il souhaitait créer une banque de droite qui ferait uniquement la promotion des valeurs prétendument “pro-américaines”, telles que “le capitalisme, les valeurs familiales, l’application de la loi et la liberté d’aimer Dieu et la patrie”. Comptes bancaires, carte de crédit, prêts hypothécaires, ou assurances, tout serait possible. Neugebauer ira jusqu’à investir 10 millions de dollars de sa fortune personnelle et rêvait déjà ouvertement d’une introduction en bourse. La société va lever environ 50 millions de dollars auprès d’un groupe d’investisseurs de premier plan et annonce en juillet un accord pour fusionner avec une société d’acquisition spécialisée. Cet accord valorisait GloriFi à environ 1,7 milliard de dollars, mais exigeait que la société lève au moins 60 millions de dollars de liquidités supplémentaires.

Dès le début, les couacs se sont enchaînés

Dès ses balbutiements, la banque va enchaîner les contrecoups. Elle ne va pas respecter sa date de lancement, blâmant une technologie défectueuse et les défaillances des fournisseurs. La personnalité du fondateur Toby Neugebauer sera aussi mise en cause. Des employés l’accuseront d’avoir un tempérament instable et de boire au travail. Des mémos internes révèlent ainsi que les employés s’avertissaient mutuellement d’arrêter de travailler avant 18 heures, car, après cette heure-là, Neugebauer était invariablement ivre mort. Une présence d’autant plus gênante que les bureaux étaient situés au domicile de ce dernier. Les employés n’avaient pas non plus de mails professionnels, ce qui poussera les prestataires de services externes a refusé de travailler avec Glorifi parce qu’ils n’étaient pas autorisés à envoyer à l’adresse privée d’une personne des documents contenant des informations financières sensibles sur des tiers. La banque a aussi eu quelques lubies hallucinantes et peu pratiques. Par exemple, elle proposait des cartes de banque faites à base de douilles de balles, mais qui étaient trop épaisses pour les distributeurs de billets. Elle proposait aussi des réductions pour certaines assurances aux détenteurs d’une arme.

Lorsque tous ces manquements seront révélés à la mi-octobre, la banque comptait tout de même près de 50.000 clients. Face au scandale, Neugebauer va cependant quitter la gestion quotidienne pour se contenter de jouer un rôle en coulisse. Mais le mal était fait. Plus aucun investisseur n’y croyait encore. Les millions de dollars en liquidités supplémentaires nécessaires ne viendront plus. Et la dizaine de millions de dollars déjà investis ont été dilapidés.

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