Dexia simple victime de la rumeur ?

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La rumeur ne court plus, elle twitte ! La preuve avec Dexia, victime notamment de l’accélération de la transmission d’informations – fausses ou vraies – sur le Net. Mais pas seulement : sa communication de crise est aussi en cause.

Dexia, à nouveau en pleine tourmente après avoir échappé de justesse au naufrage en 2008, a-t-il été victime des rumeurs du marché ? Et sa communication de crise, à l’issue du conseil d’administration de cette nuit, a-t-elle été défaillante ?

“Il faut nuancer, répond François Heynderickx, professeur de sociologie des médias à l’Université libre de Bruxelles (ULB). La rumeur économique malveillante, qui vise à nuire à une entreprise par exemple, est un phénomène très ancien. Mais désormais, nous assistons à la conjonction de deux évolutions : d’une part, la technologie rend les marchés plus fluides ; de l’autre, les informations vont plus vite”, notamment grâce à Twitter et aux autres réseaux sociaux.

En d’autres termes, les transactions boursières en ligne, rapides et faciles, sont à l’origine de mouvements de marchés beaucoup plus brutaux. Et les rumeurs, qui se répandaient autrefois lentement, circulent désormais beaucoup plus vite et touchent davantage de monde, le tout grâce aux évolutions technologiques.

Conséquence : “Il est devenu très difficile de faire face à ces rumeurs et de s’y préparer, d’autant que leur dynamique est difficile à prévoir. Comme les buzz sur l’Internet, on ignore pourquoi une rumeur va prendre alors que d’autres seront étouffées dans l’oeuf. Et c’est une grande source d’angoisse pour de nombreux hommes politiques ou dirigeants d’entreprise.”

Dexia : sa communication de crise a alimenté les élucubrations les plus diverses

Quant à la communication de crise de Dexia – qui a diffusé dans la nuit de lundi à mardi un communiqué sibyllin faisant état de la préparation de “mesures pour résoudre les problèmes structurels et ouvrir de nouvelles perspectives de développement” – elle a elle aussi alimenté les élucubrations les plus diverses.

“Donner l’impression de faire de la rétention d’informations, c’est évidemment créer un terrain particulièrement propice à la rumeur, souligne encore François Heynderickx. La nature a horreur du vide et quand on ne sait pas, on remplit avec des rumeurs.”

Néanmoins, ajoute-t-il, les responsables de la communication du groupe franco-belge sont certainement au fait des règles de base d’une bonne communication de crise, basée sur un maximum de transparence. “S’ils ne les ont pas appliquées, c’est qu’ils ont de bonnes raisons que l’on découvrira sans doute un jour.”

Trends.be, avec Belga

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