Dexia : les flux vers DCL autorisés dans l’intérêt social du groupe

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Le conseil d’administration du groupe Dexia était bien conscient des transferts importants de liquidités de la Dexia Banque Belgique (DBB) vers la branche française DCL, mais n’a rien entrepris pour les limiter, et ce afin de préserver “l’intérêt social du groupe”, a indiqué mercredi Francine Swiggers, présidente du comité de direction d’Arco, l’un des grands actionnaires du groupe Dexia, dont elle l’une des administratrices.

Longuement auditionnée mercredi par la commission spéciale de la Chambre sur le démantèlement du groupe franco-belge, Mme Swiggers a expliqué aux députés que le conseil d’administration du groupe n’avait été informé pour la première fois de ces flux financiers de DBB vers DCL qu’en octobre 2008 seulement.

Se chiffrant à plusieurs dizaines milliards d’euros fin 2008, ces transferts vers la France avaient toutefois pu être considérablement réduits en 2009 et 2010, avant d’enfler à nouveau jusqu’à 30 milliards d’euros au premier trimestre 2011.

Interrogée par plusieurs députés pour savoir pourquoi ces transferts massifs n’avaient alors pas été entravés par les actionnaires belges du groupe, Mme Swiggers les a justifiés au nom de “l’intérêt social du groupe”.

“Tout le monde avait intérêt à ce que DBB, mais aussi DCL, fonctionnent bien…”. Mettre un terme à ces transferts aurait en effet pu déséquilibrer tout le groupe, selon elle.

La question des transferts intra-groupe n’a ainsi jamais été évoquée au conseil d’administration du holding. Mais bien à celui de la banque belge, où elle siège également.

Selon le nouveau patron de DBB Jos Clijsters entendu lundi par la commission spéciale, DBB est aujourd’hui encore exposée à hauteur de 22 milliards d’euros -sans couverture- auprès de DCL.

“Il y a eu là beaucoup d’interventions d’administrateurs concernant ces transferts au sein du conseil d’administration de DBB”, a ainsi reconnu mercredi Mme Swiggers.

Mais elle-même n’a jamais soulevé cette question pour éviter tout “conflit d’intérêts”, Mme Swiggers siégeant à la fois aux CA du holding, de DBB, et de DCL.

“Cela a aussi des avantages. On a une vue plus globale”, a-t-elle fait valoir. A ses yeux, la seconde chute de Dexia ne peut toutefois être imputée à ces transferts massifs de la branche belge vers la française, mais plutôt à la crise de liquidités entraînée par la crise de la dette en Europe.

Elle a rappelé que ces transferts, qui font l’objet de contrats, avaient été réalisés dans des “conditions conformes au marché”, Dexia Banque Belgique étant rémunérée pour ces prêts.

Cette question de ces transferts n’est apparue au CA qu’en 2008 seulement, moment où le groupe était accaparé par le sort de FSA, le rehausseur américain de crédits racheté par Dexia en 2000 complètement essoré par la crise des subprimes.

Devant les députés, Mme Swiggers, entrée au CA de Dexia holding en novembre 2007, a assuré qu’aucun signal d’alarme n’était parvenu aux administrateurs avant la crise de 2008.

“Tous les paramètres de risques étaient mesurés et n’ont révélé aucun risque lié aux crédits ou aux taux”, a-t-elle confié.

Il y a tout de même eu les rapports du directeur des risques, Claude Piret, ont alors objecté plusieurs députés.

“Ces rapports sont restés au comité de direction. Ils ne sont arrivés au niveau du conseil d’administration”, a-t-elle répliqué.

Interrogée sur l’opportunité d’une scission du groupe franco-belge dès 2008, Mme Swiggers a reconnu que l’idée avait été émise oralement entre certains administrateurs, mais jamais discutée officiellement en CA, notamment en raison de l’opposition de la partie française.

“On peut avoir des idées qui paraissent bonnes après coup, mais il n’y avait à l’époque pas de consensus suffisant pour amener la question au CA”.

Quant à une revente après 2008 des actions qu’Arco détient dans Dexia, Mme Swiggers a jugé que cette participation –près de 14% du groupe– était trop importante pour s’en séparer. “On a eu des contacts avec des banquiers, mais on n’a pas trouvé de partenaires”.

Selon elle, un retrait d’Arco de l’actionnariat aurait d’ailleurs, vu sa taille, pu mettre en danger la banque Dexia, mais aussi l’ensemble du groupe.

Trends.be, avec Belga

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