Dexia : devez-vous retirer votre argent ?

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Dexia “scindé”, “liquidé”, “démantelé”… Les questions en agences et coups de fil au centre d’appels de la banque se multiplient. Faut-il avoir peur de voir le géant franco-belge s’effondrer ? L’Etat belge a réaffirmé son intention de soutenir Dexia. Et Test-Achats lui-même se veut rassurant.

Les agences Dexia et le centre d’appels du groupe sont assaillis de questions et de coups de téléphone de clients inquiets, a-t-on appris mardi auprès de la banque, dont l’action dégringole en Bourse sur fond d’un possible dépeçage du groupe franco-belge.

“Il y a énormément de questions, dans les agences, par téléphone : les gens sont inquiets, nous tentons de les rassurer”, précise une porte-parole de Dexia contactée par l’agence Belga, tout en soulignant que les activités de Dexia Banque Belgique ne rencontrent aucun problème.

Dexia rappelle également la stabilité de ses actionnaires et l’engagement des Etats belge et français à apporter leur garantie (lire ci-après). Les ministres belge et français des Finances, Didier Reynders et François Baroin, ont en effet confirmé mardi matin que la Belgique et la France sont prêtes à apporter leur garantie au financement de Dexia. La garantie pourrait couvrir les actifs dont la banque envisage de se défaire à travers la création d’une bad bank.

Dexia : “Il n’y a pas lieu de retirer son argent”, rassure Test-Achats

Malgré la crise que traverse actuellement Dexia, “il n’y a pas lieu de se précipiter en agence pour retirer son argent”, rassure mardi Test-Achats. En effet, “même si les actionnaires peuvent être inquiets vu les développements du dossier et l’évolution du cours de Bourse, cela ne porte pas préjudice aux protections des épargnants et des clients de Dexia”, précise l’organisation de défense des consommateurs dans un communiqué.

Test-Achats rappelle l’existence d’une garantie, décidée en 2008 par les Etats membres de l’Union européenne, protégeant les avoirs des épargnants à hauteur de 100.000 euros par personne et par banque, en cas de faillite d’un établissement bancaire. “Si vous possédez plus, répartissez vos avoirs dans plusieurs banques”, conseille toutefois Test-Achats.

Par ailleurs, “un éventuel démantèlement ou une reprise de l’enseigne ne change rien aux prêts hypothécaires, aux crédits à la consommation et aux contrats d’assurance en cours. Le secteur ne va pas disparaître ! Pas question de laisser aller en faillite une banque, grande ou moyenne. Car, si tout sauvetage – étatique – a un coût, il sera toujours moindre que l’impact de la perte de crédibilité à l’égard du secteur et que les retombées économiques négatives.”

Dexia : une garantie de l’Etat si nécessaire (Leterme)

“Si c’était nécessaire”, le gouvernement belge serait prêt à donner une garantie d’Etat à Dexia, a indiqué le Premier ministre démissionnaire, Yves Leterme, mardi matin à la VRT. Rien n’a cependant été décidé jusqu’à présent. “Il y a plusieurs possibilités, a prolongé Didier Reynders Finances. Nous attendons une proposition concrète du conseil d’administration et du patron de Dexia.”

“Dexia est une banque qui fonctionne et qui peut fonctionner”, a insisté le Premier ministre. La crise de la dette grecque joue des tours à Dexia mais “nous sommes fermement décidés à guider la banque sans que personne y perde de l’argent” Le ministre des Finances a lui aussi insisté sur le fait que les clients seraient protégés : “Depuis quelques années, il y a une garantie pour les clients de 100.000 euros par compte”, a-t-il rappelé. Dexia est en outre toujours “une banque très forte”.

Si, dans le passé, les autorités ont déjà dû aider Dexia, “le Trésor n’a à ce moment pas subi de perte”, a encore souligné le Premier ministre. Il a reconnu que les participations ont subi de lourdes pertes mais “c’est le jeu en Bourse”. Le Premier ministre a assuré qu’il “y a suffisamment de potentiel” pour “réduire à son plus strict minimum” la perte de valeur.

La Belgique et la France prêtes à apporter leur garantie à la bad bank de Dexia (Reynders)

La Belgique et la France sont prêtes à apporter leur garantie au financement de Dexia, a indiqué à l’agence Belga Didier Reynders, ministre belge des Finances, après s’être concerté avec son homologue français François Baroin à Luxembourg. La garantie pourrait couvrir les actifs dont la banque envisage de se défaire à travers la création d’une bad bank.

La communication des ministres Reyenders et Baroin, qui doivent diffuser sous peu un communiqué conjoint, cherche à rassurer les marchés financiers et les déposants, alors que le titre a perdu plus de 30 % mardi matin, au lendemain d’un conseil d’administration extraordinaire qui a laissé entrevoir la possibilité d’un démantèlement.

“Les Etats belges et français prendront toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des déposants et des créanciers”, a affirmé Didier Reynders. Ils apporteront par ailleurs leur garantie aux formules de financement envisagées par la banque, dont le CEO Pierre Mariani doit encore dévoiler les modalités exactes.

Dexia pourrait notamment isoler à l’extérieur de son périmètre un portefeuille d’actifs de 95 milliards d’euros dont il cherche à se délester depuis des années, au travers d’une banque de défaisance (bad bank).

Alors que se dessine un démantèlement du groupe, Didier Reynders assure que le gouvernement entend “tout faire pour préserver la situation de la banque belge”, dont il a souligné qu’elle était “solide”, grâce aux dépôts des épargnants. La situation de Dexia sera évoquée mardi soir en comité ministériel restreint.

Dexia : toute aide ou modification doit être notifiée, rappelle la Commission

Petit bémol à ces assurances : “Toute modification substantielle au plan approuvé fin février 2010 par la Commission, ou toute nouvelle aide, doit être soumise à la Commission pour accord préalable”, a indiqué mardi Amelia Torres, porte-parole de la Commission.

Sérieusement secouée lors de la crise financière post-2008, la banque Dexia avait déjà fait l’objet d’un plan de sauvetage approuvé le 26 février 2010 par la Commission, gardienne des règles européennes de concurrence. A nouveau en difficultés ces dernières semaines, la banque franco-belge a vu son cours perdre plus de 30% mardi matin, au lendemain d’un conseil d’administration extraordinaire qui a laissé entrevoir la possibilité d’un démantèlement.

Trends.be, avec Belga

Les Régions étudient un doublement du soutien accordé au Holding Communal

Quant au Holding Communal, actionnaire du géant bancaire à hauteur de 14,85 %, les Régions envisagent de doubler leur aide au holding qui rassemble les participations des communes belges dans Dexia. Ce soutien pourrait grimper jusqu’à entre 700 millions et 1 milliard d’euros, rapporte mardi De Standaard.

Le gouvernement flamand ne peut donner l’aide massive dont a besoin le plus grand actionnaire de Dexia pour le maintenir à flots sans modifier un décret et relever ainsi le plafond de la garantie, fixé actuellement à 320 millions d’euros.

Le Holding Communal dispose pour l’instant d’une garantie de 450 millions d’euros des Régions, dont la moitié (225 millions) provient de la Flandre. Cette garantie doit être relevée, pour atteindre entre 700 millions et 1 milliard d’euros, afin de soutenir le Holding. Le montant exact dépend notamment de la valeur des avoirs actuels du Holding.

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