Crédits : la BNB joue les ” big brother “…

© Image Globe / JACQUES COLLET

Le gouvernement veut que la Banque nationale ait une vue globale sur l’ensemble des crédits consentis aux entreprises. Au-delà de considérations prudentielles, il y a aussi un intérêt commercial indéniable.

Pour tenter de limiter le surendettement des ménages, il y a bien longtemps que la Banque nationale (BNB) s’est vu confier la tâche de gérer un fichier reprenant l’ensemble des crédits (fichier positif) consentis aux particuliers et non plus leurs seuls retards et/ou défauts de paiement (fichier négatif). Au niveau des entreprises, une mesure du même acabit (fichiers positif et négatif) existe aussi, à ceci près que seuls les crédits portant sur plus de 25.000 euros figurent dans la databank de la BNB. C’est justement ce seuil de 25.000 euros que le gouvernement fédéral vient d’annoncer vouloir faire disparaître bientôt. “Dans le cadre de ses missions en matière de stabilité financière et de contrôle prudentiel, la BNB pourra dès lors mieux appréhender les risques encourus par le secteur financier”, explique-t-on au cabinet de Didier Reynders.

Chez Dexia Banque Belgique, on précise d’emblée qu’il ne s’agit d’une réponse politique à une demande expresse du terrain. Il n’empêche, les changements en gestation leur permettront au passage de mieux cerner l’état d’endettement et la solvabilité de leurs clients multi-bancarisés. “Toute amélioration de la transparence peut être utile pour une décision plus rapide et une accélération du service à nos clients, explique Ulrike Pommée, porte-parole. Au niveau du fichier positif, de la seule connaissance de ce qui relève du court terme et du long terme, ainsi que de l’encours total, nous pourrons aussi accéder à des informations portant sur le type de crédit et l’encours de chacun d’eux.” Au niveau du fichier négatif, les banques disposeront à l’avenir d’informations plus circonstanciées, notamment sur les arriérés et les crédits ayant fait l’objet d’une résiliation.

Du côté de BNP Paribas Fortis, on estime aussi que “les changements à venir vont effectivement dans le sens d’une plus grande transparence et d’une meilleure gestion encore du risque crédit aux entreprises”, souligne Liliane Tackaert, porte-parole. Elle précise toutefois que “ces informations, si elles ont effectivement leur importance, ne doivent pas minimiser toutes les autres sur la base desquelles la banque prend finalement la décision d’octroyer ou non le crédit : la qualité du projet, la motivation du demandeur, le facteur humain, l’adéquation à la réalité économique…”.

Le “oui mais…” de l’UCM

Dans la mesure où seuls les crédits de moins de 25.000 euros consentis aux entreprises ne figuraient pas encore dans le fichier positif de la BNB, le changement à venir concerne surtout le cas des (T)PME. “Le nombre d’entreprises enregistrées à la BNB sera ainsi doublé”, précise-t-on chez Didier Reynders. Quant à Roger Mené (UCM), il estime que “toute mesure qui va dans le sens de l’assainissement doit a priori être accueillie favorablement”. Cela étant, coiffant ses anciennes casquettes de patron de banques et de régent à la BNB, il partage aussi l’idée selon laquelle un taux d’intérêt est également, dans une certaine mesure, la résultante de la rémunération d’un risque, celui de ne pas être au final remboursé ! Grâce au changement législatif à venir, les banques auront bientôt des informations de plus grande qualité encore sur la situation de leurs débiteurs. Elles pourront par conséquent prendre leurs décisions en meilleure connaissance de cause, et donc, finalement, prendre moins de risques. “Somme toute, une baisse des taux d’intérêt appliqués aux (T)PME serait dès lors logique”, conclut-il.

JEAN-MARC DAMRY

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