Cap sur l’Europe

L’année écoulée a été extrêmement positive pour les actions avec un retour marqué à l’avant plan des Bourses européenne et japonaise ainsi que des valeurs industrielles. Les 10 spécialistes que nous avons interrogés continuent à privilégier l’Europe tout en invitant les investisseurs à creuser davantage le créneau des moyennes et petites capitalisations.

Tout d’abord, il est important de noter que les spécialistes sont unanimement favorables aux actions pour 2014. Globalement, le message est que l’économie mondiale devrait accélérer l’année prochaine et que les actions restent attractives par rapport aux autres formes de placements. Les profits des entreprises devraient ainsi croître plus rapidement qu’en 2013, permettant aux Bourses de s’afficher en hausse sans pousser les multiples de valorisation en zone dangereuse. Patrick Vandenhaute, senior investment advisor chez Belfius, ne s’inquiète guère de l’impact d’une probable réduction de ses soutiens monétaires par la Réserve fédérale américaine. Hormis lors du krach obligataire de 1994, les actions sont en effet traditionnellement bien orientées en période de hausse des taux engendrée par de meilleurs résultats économiques et une inflation sous contrôle. La progression boursière s’annonce toutefois moins rectiligne qu’en 2013. L’Europe pour tous Au niveau géographique, Marc Leyder, directeur des conseils en investissements chez Van Lanschot, privilégient les actions européennes par rapport aux valeurs américaines, un point de vue partagé par nos autres spécialistes. Asoka Wöhrmann, co-chief investment officer chez Deutsche Asset & Wealth Management, détaille ainsi que les Bourses du Vieux Continent devraient profiter comme aux Etats-Unis de la hausse des bénéfices des entreprises grâce à l’accélération de l’économie mais aussi de la progression des ratios de valorisation. Outre-Atlantique, les multiples sont déjà revenus à leur moyenne historique.

Au sein même de l’Europe, les avis divergent toutefois. Philippe Gijsels, responsable de la stratégie d’investissement chez BNP Paribas Fortis, recommande les actions italiennes aux investisseurs prêts à prendre un peu plus de risques, la Bourse de Milan étant particulièrement attractive après six années de sous-performance par rapport au marché européen dans son ensemble. Rik Dhoest privilégie l’Espagne où le mouvement de rattrapage s’est déjà amorcé. Le responsable des actions chez Delta Lloyd recommande également les valeurs allemandes.

La Bourse japonaise recueille aussi les suffrages de plusieurs de nos spécialistes. Philippe Gijsels épingle ainsi que les mesures d’austérité prises par le Japon vont inciter la banque centrale locale à prendre de nouvelles mesures pour doper l’économie. Il insiste toutefois sur la nécessité de couvrir le risque de taux de change, le yen pouvant subir une nouvelle dépréciation. Un point de vue partagé par Asoka Wöhrmann, qui précise également que 2014 sera marquée par des réformes structurelles avec le troisième volet des Abenomics, la politique économique prônée parShinzõ Abe, le Premier ministre japonais.

Les Etats-Unis ne recueillent pas réellement de voies de préférence de nos spécialistes. Wall Street demeure toutefois un passage obligé même si les marchés américains sont devenus (très) chers, selon Danny Reweghs de l’Initié de la Bourse. Danny Van Quaethem, equity expert chez Société Générale Private Banking, surpondère globalement les marchés développés (Etats-Unis, Europe, Japon) aux détriments des pays émergents au sujet desquels les avis sont assez mitigés, seul Asoka Wöhrmann de DeAWM se montrant réellement confiant pour 2014, le risque supérieur étant compensé par le potentiel d’appréciation. Marc Leyder de Van Lanschot et Frank Vranken, chief strategist chez Puilaetco Dewaay, épinglent la faible valorisation de ces marchés mais insistent sur la nécessité de se positionner pour le long terme.

Cycliques et “mid caps” Au niveau des secteurs, les conseils sont plus diversifiés même si les valeurs cycliques se détachent recevant notamment les faveurs de Guy Lerminiaux, chief investment officer actions chez Petercam, qui s’attend à ce qu’elles profitent de l’accélération de la conjoncture. Rik Dhoest de Delta Lloyd épingle notamment le potentiel des groupes d’utilité publique (producteurs d’électricité, etc.), des sociétés minières et des opérateurs télécoms qui sont restés à la traîne jusqu’à présent. Pascale Auclair, directeur général de la Française des Placements (partenaire de BKCP Banque), mise pour sa part sur les valeurs bancaires, l’assainissement des comptes et des structures opérationnelles permettant aux banques de reconstituer leur bilan et d’améliorer leur rentabilité.

Outre les actions cycliques, Danny Reweghs recommande également, dans une perspective de long terme, de saisir les opportunités qui se présentent au niveau des groupes profitant du développement de la consommation dans les pays émergents. Patrick Vandenhaute, de Belfius, demeure beaucoup plus conservateur en surpondérant les secteurs pharmaceutique et de la consommation non-cyclique (grande distribution, alimentation, boissons, hygiène). Ce dernier est toutefois délaissé par Frank Vranken.

En termes de types de valeur, plusieurs spécialistes conseillent de sortir des sentiers battus, c’est-à-dire les grosses capitalisations. Guy Lerminiaux recommande tout particulièrement les entreprises de taille moyenne qui présentent des opportunités étant donné qu’elles sont globalement moins suivies. Le directeur des investissements en actions de Petercam précise également qu’on peut y dégoter les leaders de demain à un stade de croissance moins avancé. Parmi les autres partisans des petites et moyennes capitalisations, Rik Dhoest insiste sur leur rôle de cible dans le contexte actuel favorable aux opérations de fusion et d’acquisition ainsi que sur le rendement supérieur à long terme, ce qui compense la plus forte volatilité de ce genre d’actions.

Cédric Boitte

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