Belfius restera-t-il un bancassureur?

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Depuis que le gouverneur de la BNB a dit qu’il y avait chez nous une grande banque de trop, les spéculations tournent autour de Belfius. Des groupes étrangers seraient intéressés. Mais on parle aussi de scinder la banque et l’assurance…

Les dernières sorties du gouverneur de la Banque nationale Luc Coene sur la disparition souhaitable d’une des quatre grandes banques belges et l’affirmation par le ministre des Finances Johan Van Overtveldt que Belfius pourrait être vendue dans les deux ans ont mis la pression sur la banque publique. Ce matin, nos confrères du Tijd mentionnent deux noms de banques susceptibles d’être intéressées par l’institution: l’espagnole Santander et la française Société Générale. On ajoutera que d’autres noms de candidats potentiels circulent également : le français Crédit Mutuel, le néerlandais Rabobank voire l’un ou l’autre fonds asiatique.

Certes on sait qu’une vente de Belfius remettrait un peu d’argent dans les caisses de l’Etat qui en a bien besoin. Mais s’il y a trop de banques en Belgique et si Luc Coene, à titre personnel, estime qu’il faudrait que l’une disparaisse, en quoi un rachat résoudrait-il le problème ? Réponse : derrière la remarque de Luc Coene, il y a peut-être la volonté de séparer la banque et l’assurance et de renforcer les fonds propres de Belfius.

Certes, Belfius a passé les stress tests sans difficultés. Mais la BNB, dont c’est la fonction de veiller à la stabilité financière du pays, a deux craintes. L’une c’est que dans l’environnement actuel, la rentabilité des banques est trop basse. Si un acteur étranger aux poches profondes prend en charge la banque de l’Etat, il peut, à l’image de ce que fait BNP ou ING, diversifier ses activités et la rendre ainsi moins vulnérable à un choc sur le marché belge.

Un mauvais modèle ?

En outre, certains disent en coulisse que le patron de la BNB n’aimerait pas le modèle de bancassurance mis en oeuvre par Belfius. Un bancassureur peut en effet utiliser une partie du même capital deux fois. Grâce à ce que les spécialistes appellent le “compromis danois” (parce que la mesure a été prise sous présidence européenne du Danemark), les bancassureurs ne sont pas obligés d’additionner le capital dont ils ont besoin pour leurs activités bancaires avec celui de leurs activités d’assurances. Un bancassureur peut traiter l’argent qu’il consacre à faire tourner ses activités d’assurance comme s’il s’agissait d’un actif à risque (pondéré à 375%). Ce traitement spécial revient à dire qu’un bancassureur comme Belfius “économise” environ la moitié des fonds propres dont ses activités d’assurance auraient besoin si elles avaient été considérées comme complètement indépendantes des activités bancaires.

Cette particularité est vue comme une force par le management de Belfius, puisqu’elle dope la rentabilité des fonds propres. Mais elle est considérée comme une faiblesse par la BNB puisqu’elle diminue le matelas de capital dont Belfius a besoin. Une des manières de résoudre ce problème serait donc de scinder les activités et de vendre soit la banque, soit l’assurance…

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