American History X

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 » Nickel Boys « , ou la plongée glaçante dans l’enfer d’un pensionnat des années 1960 pratiquant la torture et l’humiliation pour mettre au pas les Afro-Américains.

Derrière son nom clinquant et sa façade de respectabilité, la Nickel Academy (inspirée par la Dozier School for Boys, maison de correction de Floride qui accueillait dans les années 1960 des enfants difficiles) cache une de ces entreprises officieuses de destruction des hommes noirs dont l’ambition non avouée était de les empêcher de s’élever en les humiliant, en les rabaissant, voire en les éliminant. Elwood n’était pas censé atterrir dans ce poste avancé de la ségrégation. Elevé par une grand-mère croyante et bienveillante, le jeune homme, aussi studieux qu’intelligent, semble promis à un bel avenir, guidé par la voix de son maître à penser Martin Luther King.

Suite à une erreur judiciaire flagrante, Elwood va pourtant se retrouver enfermé dans cette prison qui ne dit pas son nom. Ici, petits et grands se côtoient dans un environnement insalubre rongé par l’arbitraire et la violence physique et psychologique. Son humanisme n’y survivra pas. Entre la soumission et la folie, Elwood et son ami Turner choisissent la fuite. A leurs risques et périls.

Délaissant volontairement tout lyrisme, Colson Whitehead (déjà célébré en 2016 pour son Underground Railroad) met au jour les ressorts de l’injustice raciale. Nickel est une machine à broyer qui entretient la  » tradition « .  » Leurs pères leur avaient appris à mettre un esclave au pas.  » Des racines toujours bien présentes en 2020, selon l’auteur qui livre avec ce récit percutant auréolé d’un prix Pulitzer un témoignage implacable, tranchant, à l’os, ponctué de va-et-vient entre le présent et ce passé douloureux. Un cri de rage et de désespoir à vous couper l’âme en deux.

Colson Whitehead, Nickel Boys, éditions Albin Michel, 272 pages, 20,80 euros.

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