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Vingt ans de traité de Maastricht

Dix ans après la dévaluation belge de 1982, les pays européens formulèrent le traité de Maastricht, qui posa les jalons de la création de l’euro en janvier 1999. Cette année-là, les marges de fluctuations entre plusieurs devises européennes furent resserrées jusqu’à cristalliser les devises à leur cours-pivot. L’euro était né. A ce moment, les Etats membres redonnèrent naissance à des accords de Bretton Woods européens, mais dissociés de la parité-or. Les Etats abandonnèrent leur tutelle monétaire et se dépossédèrent de leur droit régalien de battre monnaie.

Dix ans après la dévaluation belge de 1982, les pays européens formulèrent le traité de Maastricht, qui posa les jalons de la création de l’euro en janvier 1999. Cette année-là, les marges de fluctuations entre plusieurs devises européennes furent resserrées jusqu’à cristalliser les devises à leur cours-pivot. L’euro était né. A ce moment, les Etats membres redonnèrent naissance à des accords de Bretton Woods européens, mais dissociés de la parité-or. Les Etats abandonnèrent leur tutelle monétaire et se dépossédèrent de leur droit régalien de battre monnaie.

La théorie des zones monétaires optimales

L’euro fut et reste un postulat de mobilité des facteurs de production. A partir du moment où des Etats sont contraints par une monnaie unique sans capacité d’en altérer la valeur relative par des dévaluations ou des réévaluations, c’est aux facteurs de production, à savoir les hommes et le capital, de se fluidifier afin de positionner les zones d’emploi et de croissance. Cette évidence est confirmée par la théorie des zones monétaires optimales, introduite en 1961 par Robert Mundell, prix Nobel d’économie en 1999. Ce chercheur avança que des pays ont intérêt à former une zone monétaire si la mobilité des facteurs de production (travail et capital) à l’intérieur de cette zone est supérieure à celle qui prévaut à l’extérieur. Dans le cas contraire, les pays concernés ont intérêt à conserver des cours de change flexibles. Forger une monnaie unique est donc uniquement un postulat politique. Cette démarche suppose que la mobilité des facteurs de production soit optimalisée afin que la monnaie unique fluidifie les différences économiques entre les pays qui ressortissent à la même zone monétaire.

En l’absence de politique fiscale ou budgétaire unifiée, qui puisse jouer le rôle d’amortisseur en cas de problème, l’euro fait aussi le postulat de la rigueur économique, telle qu’édictée par le traité de Maastricht. Au vu de la situation économique de certains membres de la zone euro, et en particulier de leur historique de défaut de crédit, ce postulat a peut-être de quoi laisser songeur.

J’aimais bien le système monétaire européen (SME) créé en 1979, qui contraignait les monnaies à des convergences relatives assorties de possibilités d’ajustements par les réévaluations/dévaluations. Le SME prévoyait des marges de fluctuations des devises nationales participantes autour d’un cours pivot de référence, un mécanisme de change qui assurait un lien solide entre les monnaies nationales et un système de crédit qui gère la solidarité monétaire des pays. On le constate aujourd’hui ; la réalité économique nous replace exactement dans la même logique que celle du SME de 1979 : les écarts entre les taux d’intérêt des obligations souveraines (les spreads) remplacent les marges de fluctuation des cours de change et les défauts (comme en Grèce) sont des substituts à des dévaluations.

Etait-ce un bon choix ?

En 1996, j’avais posé la question au ministre des Finances belge de l’époque, Philippe Maystadt de ce qui se passerait si un raz-de-marée détruisait toute l’économie belge. Il me répondit, avec justesse et lucidité, que des prêts multilatéraux seraient mis en oeuvre afin d’assurer une solidarité budgétaire entre les pays et de maintenir la monnaie unique, qui était alors presque sur les fonts baptismaux. Aujourd’hui, ce n’est pas un raz-de-marée mais un tremblement de terre qui secoue l’Europe. Celui-ci dévoile deux problèmes : certains pays sont fragilisés budgétairement et aucun mécanisme de solidarité budgétaire n’a été mis en oeuvre entre les pays. Tout se passe comme si les charnières financières entre les pays grinçaient dans un bruit assourdissant. Ces situations auraient dû être prévues dans le sillage de la logique de Philippe Maystadt. Mais, impréparés, les pays ont choisi d’utiliser l’arme monétaire et non la solidarité budgétaire européenne pour aborder l’excès d’endettement public de certains pays.

Alors, 20 ans après le traité de Maastricht, était-ce un bon choix ? Probablement en termes politiques, mais avec l’erreur de ne pas avoir exigé l’intégration budgétaire qu’une unification monétaire exigeait. Si, un jour, l’euro traverse des crises existentielles, il ne faudra pas blâmer ses concepteurs mais plutôt leurs successeurs qui n’ont pas poursuivi le sillon au prix de mutations structurelles qui auraient, il est vrai, exigé un courage politique hors pair.

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