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Vers une union économique belgo-allemande

Il est plus facile de prophétiser des catastrophes économiques que d’esquisser des solutions. D’ailleurs, depuis des trimestres, la consommation intérieure et la production industrielle se tassent tandis que l’inflation est importée par les matières premières.

Il est plus facile de prophétiser des catastrophes économiques que d’esquisser des solutions. D’ailleurs, depuis des trimestres, la consommation intérieure et la production industrielle se tassent tandis que l’inflation est importée par les matières premières. C’est un scénario de stagflation (stagnation domestique et inflation importée) qui se dessine, couplé à une hétérogénéité croissante entre les pays de la zone euro. Personne n’a d’idée précise de la trajectoire de sortie de la contraction économique.

Si la Belgique avait gardé le contrôle de sa monnaie, le franc belge aurait été dévalué à plusieurs reprises depuis trois ans, avec un corollaire d’inflation importée. Ce n’est plus possible depuis l’introduction de l’euro, dont la Belgique est un des passagers clandestins.

Dangers à l’horizon
Que va-t-il alors se passer ? Nous voyons plusieurs dangers. Il y a un risque de fissuration de la zone euro qui s’assimilerait, pour les pays détachés de la monnaie unique, à un choix d’hyperinflation et de régime autoritaire. Ce risque, bien que lointain, n’est pas nul : il pourrait être entraîné par des troubles sociaux ou des mouvements politiques inattendus. Une telle éventualité, assimilable dans sa formulation régalienne, à une “répudiation de dette”, est donc un scénario qu’il faut garder à l’esprit pour certains pays périphériques. Par contre, il semble inévitable que certains pays aient à restructurer leurs dettes, à plus ou moins courte échéance.

Il y a aussi un incontournable facteur d’inflation qui nous semble la conséquence mécanique de l’excès d’endettement public et des assouplissements monétaires récemment déployés. Nos gouvernements ont mis en £uvre une politique keynésienne dévoyée (qui conduit à creuser des déficits publics pour des dépenses courantes) et une politique monétariste qui aurait été inconcevable, il y a deux ans. Bien sûr, l’inflation n’est pas un choix économique idéal, mais elle sera un scénario résigné, destiné à éviter de trop fortes tensions sociales.

Lorsque les anticipations d’inflation se réveilleront, les taux d’intérêt s’élèveront et diminueront la valeur de marché de la dette publique. En même temps, les recettes fiscales augmenteront mécaniquement, pendant que les dépenses seront stabilisées, via un probable abandon des mécanismes d’indexation. Malheureusement, l’Allemagne réfutera l’inflation comme une solution de crise, créant des tensions fortes dans la zone euro.

Choix stratégiques Quelle orientation faut-il alors adopter pour la Belgique ? Nous en voyons une : c’est aligner scrupuleusement nos politiques socio-économiques et donc notre compétitivité sur l’Allemagne, afin d’importer la discipline budgétaire de notre principal partenaire économique. Ce serait un choix comparable à celui qui avait été fait au début des années 1990, lorsque le franc belge s’était arrimé au Deutsche Mark et au florin suivant la doctrine de Jean-Luc Dehaene. La Belgique est incidemment le septième partenaire commercial de l’Allemagne et sa croissance est entraînée par l’économie germanique.

Concrètement, l’Etat devra réduire ses coûts, à différents niveaux de pouvoir, dans le sens d’une responsabilisation de chaque citoyen, plutôt que dans l’entretien d’un Etat providentiel. Une réduction des dépenses de l’Etat a bien plus de chance de mener à des réductions durables de déficit et de l’endettement de l’Etat que des hausses d’impôts. Pourtant, l’Etat devra aussi augmenter ses recettes via des impôts ciblés, même si son niveau est déjà confiscatoire et fait suffoquer l’économie.

Alors, de quoi demain sera-t-il fait ? Tout le monde a compris que l’impôt ne suffira pas à corriger l’endettement public, car cela étoufferait la croissance qu’il faut justement susciter. Il faut tout d’abord repenser à la croissance, seul moyen acceptable de digérer l’endettement public. Cela suppose de formuler un modèle de confiance et d’emploi pour les jeunes. Il faut aussi faire une lucide analyse du plan stratégique de la Belgique et un grand débat citoyen sur le modèle social afin d’étançonner la répartition des revenus. L’inflation jouera également un rôle majeur car l’assouplissement monétaire est intenable et conduira à une baisse de la valeur de la monnaie.

Dans cet éclairage, arrimer l’économie belge à l’économie allemande nous semble un choix de discipline salvatrice. Cette piste serait encouragée par la géographie : la Belgique et l’Allemagne ont tout à gagner d’un rapprochement économique, tant en termes d’accès aux communications maritime et terrestre que de prolongement des activités industrielles des deux pays. Vingt ans après les choix de Jean-Luc Dehaene, la Belgique réintégrerait la zone Mark.

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