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Vers un report de l’accord européen sur la réduction des émissions de CO2?

En période de crise, les gouvernements sont plus que jamais à l’écoute de leurs grandes entreprises. Et si celles-ci haussent le ton, avec généralement à la clé un petit chantage à l’emploi, alors les gouvernements se montrent tout ouïe!

C’est ce qui se passe en ce moment avec Berlin et ses constructeurs automobiles. En juin dernier, un accord avait été trouvé entre les capitales européennes et le Parlement pour réduire les émissions de CO2 des voitures particulières à hauteur de 95 grammes le kilomètre, et cela pour d’ici l’année 2020 !

Dans un premier temps, les Allemands avait donné leur accord à cet objectif environnemental assez ambitieux. Mais depuis lors, le lobbying des constructeurs automobiles allemands a estimé que cet objectif de 95 grammes de CO2 au kilomètre était exagéré. Donc, le gouvernement allemand s’est fait le relais de son industrie automobile et a demandé à ses partenaires européens de donner quatre ans de plus aux constructeurs automobiles pour s’adapter. Autrement dit, de reporter cet objectif de réduction des émissions de CO2 non pas à 2020 mais à 2024.

Et c’est normal, les marques allemandes sont spécialisées dans le haut de gamme, avec des voitures plus grosses et puissantes qui rejettent automatiquement plus de C02. Or, ces voitures ont du succès, en particulier en dehors de l’Europe, et il n’est donc pas question pour le gouvernement allemand de couper les ailes à une industrie qui génère des exportations et des profits. Il faut dire que BMW et Daimler auraient bien du mal à remplir ces nouveaux objectifs de réduction de CO2… Selon la presse économique, il semblerait que des menaces de fermetures d’usines de constructeurs allemands auraient été agitées pour effrayer l’Espagne, mais sans succès.

De leurs côtés, les firmes françaises comme Renault, PSA mais aussi italiennes comme Fiat, sont bien entendu davantage spécialisées dans les petits véhicules – donc à faibles marges – et ils doivent évidemment fournir moins d’efforts pour réduire le C02 de leurs voitures. Pour la simple raison, qu’en général, plus un modèle est petit et léger, et moins il consomme et rejette de gaz à effets de serre.

A la limite, pour les constructeurs automobiles français et italiens, cet objectif imposé par l’Europe de réduire les émissions de CO2 est une façon indirecte d’handicaper leur concurrent allemand qui disons-le, est plus rentable et plus efficace.

Mais pour le moment, l’avantage est à l’Allemagne qui va probablement réussir à reporter de 4 ans la réduction des émissions de CO2 pour les voitures particulières. Le signal donné par Berlin est donc simple à résumer : en période de crise et d’emplois rares, les contraintes environnementales passent après l’économie !

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