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Une pandémie virale monétaire

La crise étatique et bancaire mute comme une pandémie virale. Il y a trois ans, la crise était d’origine américaine, immobilière et probablement liée à une politique monétaire trop complaisante, c’est-à-dire caractérisée par des taux d’intérêt trop bas.

Les causes de cette orientation monétaire, décidée en 2000-2001 sont connues : il s’agissait d’une réponse à l’éclatement boursier de la bulle Internet, à l’affaire Enron et aux attaques terroristes.

Les autorités monétaires auraient pu corriger la baisse des taux d’intérêt, mais elles ne l’ont pas fait assez tôt et de manière suffisamment décisive. Les raisons de cette pusillanimité sont nombreuses, mais nous en retiendrons deux.

Monnaie unique
Tout d’abord, le phénomène de globalisation conduisit à devoir mobiliser d’immenses masses financières afin de déployer des investissements sur une base planétaire. Cette vague d’investissements n’aurait pas pu s’effectuer sans des taux d’intérêt faibles. Ensuite, dans le cas particulier de l’Europe, la création de la monnaie unique permit de mutualiser l’épargne européenne devenue moins cloisonnée, tout en permettant de maintenir des taux d’intérêt bas puisque le risque de change ne devait plus être rémunéré. Cette alliance de taux d’intérêt bas et d’effets d’aubaine liés à la mondialisation et à la création de la monnaie unique engendra une augmentation importante des dettes publiques.

Cette aggravation de l’endettement, accélérée par la crise 2007-2008, avait déjà été amorcée au milieu de la première décennie du millénaire, tant dans les pays du Nord que du Sud de l’Europe. La cause de cet embrasement de dette était et reste liée aux coûts du vieillissement de la population. Dans l’Europe des 12 premiers pays de la zone euro, le rapport dette/PNB était par exemple passé de 60 % à 70 % entre 1992 (année de la signature du Traité de Maastricht) et 2007 (dernière année avant la crise).

Le reflux conjoncturel de ces deux dernières années révèle désormais cet excès d’endettement public, devenu le problème central de la zone euro. Cet endettement insoutenable entraîne trois effets concomitants : il met en péril la cohésion des économies de la zone, il alimente – à travers des taux d’intérêt très élevés – la récession des pays du Sud de l’Europe et il fragilise les banques.

Une création de monnaie inéluctable Cela aboutira immanquablement à exiger une injection massive d’argent de la Banque centrale européenne. Au-delà des restrictions théoriques et idéologiques, cette création de monnaie est incontournable.

En effet, dès le moment où les dettes publiques sont impossibles à rembourser à un rythme raisonnable au travers de l’impôt et de la croissance, elles finissent par être monétisées, c’est-à-dire financées par de la création monétaire ex nihilo. Cela entraîne l’impression de billets dont le pouvoir d’achat se déprécie progressivement. S’ensuit de l’inflation et un horizon inconnu.

En conclusion, les Etats européens sont arrivés au bout de leurs ambiguïtés monétaires. Eu égard aux tensions sur les taux d’intérêt, la monnaie n’est plus unique, les dettes publiques sont stratosphériques et les banques fragilisées dans une conjoncture atone.

Il faut renforcer les capitaux bancaires et procéder à une injection massive d’argent frais afin d’immerger la crise étatique dans un déluge de monnaie, ce que le président de la BCE a annoncé début septembre. Le pouvoir d’achat n’en sortira pas indemne, mais ce sera un moindre mal par rapport à une dislocation désordonnée de l’euro.

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