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Une crise peut en précéder une autre

Il ne manquait plus que les bruits de bottes activés par le dictateur nord-coréen pour saper le moral des investisseurs ! Comme si la crise grecque, la possible contagion à d’autres pays du sud et l’austérité qui se profile dans la plupart des économies avancées ne suffisaient pas…

Il ne manquait plus que les bruits de bottes activés par le dictateur nord-coréen pour saper le moral des investisseurs ! Comme si la crise grecque, la possible contagion à d’autres pays du sud et l’austérité qui se profile dans la plupart des économies avancées ne suffisaient pas… La nouvelle déprime boursière de la semaine dernière ne saurait toutefois être mise sur le compte d’une mauvaise humeur superficielle engendrée par ces éléments, ou encore par le méchant parti qu’espèrent en tirer quelques vils spéculateurs. Une inquiétude plus fondamentale commence à pointer ici et là sur la robustesse du rebond économique.

Premier point : les commentaires désobligeants que la crise grecque a nourris à l’égard de Madrid et Lisbonne ne sont sans doute pas tous innocents, mais on ne peut pour autant les tenir pour totalement déplacés. Le fait que les Etats se sont endettés (aussi) pour la bonne cause, c’est-à-dire pour enrayer les crises financière et économique, n’empêche pas leurs dérapages budgétaires d’être intenables et, partant, inquiétants pour leurs bailleurs de fonds. Assureurs, fonds de pension et autres investisseurs institutionnels exigent en conséquence qu’ils redressent la barre. Même Washington et Londres seront prochainement sur la sellette, c’est inévitable. Après crise, c’est aujourd’hui le mot austérité qui est de tous les commentaires !

Second point : les mesures drastiques qui seront mises en oeuvre dans ce cadre ne risquent-elles pas d’étouffer la reprise et même de nous replonger en récession ? C’est la grande inquiétude du moment. On peut la juger excessive et prématurée : les indicateurs économiques ne sont-ils pas superbes depuis de longs mois ? En réalité, ils le sont beaucoup moins depuis la mi-mai, surtout ceux… qui portent sur l’avenir. Le 20 mai, Wall Street s’est ainsi fort ému d’inscriptions au chômage repartant soudain à la hausse ; d’autant que les leading indicators, qui anticipent en principe l’activité à moyen terme, s’inscrivaient en même temps à – 0,1 %, leur premier repli depuis mars 2009. Deux jours plus tôt, ce sont les permis de bâtir qui avaient flanché (- 11 %). Que l’immobilier américain ne soit pas encore très solide est confirmé sur le terrain financier : les défauts de paiement hypothécaires ont, au premier trimestre de cette année, dépassé la barre symbolique des 10 %, tandis que les saisies (foreclosures) progressaient encore légèrement. Comme le canard de l’histoire, le catalyseur de la crise financière est toujours (bien) vivant !

L’Europe a également joué les profils bas ces deux dernières semaines, avec des indicateurs Ifo (climat des affaires en Allemagne) et ZEW (sentiment économique à six mois dans l’Eurozone) légèrement inférieurs aux attentes en mai, tout comme l’activité industrielle. Une dernière statistique cependant évacuée mardi, avec des commandes industrielles affichant leur plus gros progrès depuis trois ans ! Vive l’euro faible ?

Une rechute conjoncturelle serait dommageable à un double titre. D’abord en elle-même, cela va de soi. Ensuite, elle pourrait faire entrer l’Occident en déflation. Tel est le spectre agité la semaine dernière par Albert Edwards, le célèbre stratège londonien de la Société Générale. Il n’est pas réputé pour son optimisme béat, lui qui croit à l’éclatement de la zone euro. Et qui attend à présent une chute de moitié de la Bourse américaine… Comme une hirondelle ne fait pas le printemps, un corbeau ne fait évidemment pas l’hiver. Il reste que le sentiment s’est réellement dégradé en mai et que les indicateurs économiques sont à surveiller de très près.

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