“Un lien existe entre prospérité économique et qualité de l’enseignement”

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Le ministre-président Geert Bourgeois se plaint de la régression du niveau de l’enseignement flamand. Ce constat est correct. Toutefois, le spécialiste de l’enseignement Kristof De Witte (KU Leuven) n’est pas d’accord avec la conclusion selon laquelle la balance penche trop en faveur du bien-être.

Le ministre-président Geert Bourgeois (N-VA) a dénoncé le recul de nos écoliers dans les classements internationaux. C’est la Belgique qui régresse ou les autres pays qui progressent ?

KRISTOF DE WITTE. “Il a raison lorsqu’il souligne le lien entre la prospérité économique et la qualité de l’enseignement. Cet impact est même quantifiable. Notre recul dans les classements est une constante ces dernières années. Celui-ci est dû tant à l’amélioration des résultats des autres pays qu’à la baisse de nos prestations.”

Nous avons donc un problème.

KRISTOF DE WITTE. “En effet, bien que je ne sois pas d’accord de dire qu’une attention excessive au bien-être des élèves en soit la cause. Ceux qui se sentent bien dans leur peau obtiennent de meilleurs résultats. En ce sens, le bien-être est essentiel à la qualité de l’enseignement.”

“Actuellement, de nombreux débats relatifs à l’enseignement portent sur le contraste apparent entre l’attention portée aux inégalités sociales et l’accent mis sur un petit groupe d’élèves brillants. Certains affirment que l’attention accordée aux inégalités sociales entraîne un nivellement par le bas. Or, la littérature scientifique le dément. Les pays qui obtiennent de bons résultats dans les classements ont généralement une forte mobilité sociale. À titre de comparaison : plus les prétendants à la victoire sont nombreux dans une course cycliste, plus celle-ci est intéressante. En réalité, la politique d’égalité des chances améliore le niveau général de l’enseignement. Et c’est précisément là que le bât blesse chez nous.”

“Si nous affinons les résultats de l’enquête PISA en Flandre, une forte corrélation apparaît entre les résultats et l’origine socioéconomique. Il y a des différences notoires.”

Selon certains collègues, ce sont surtout les grosses différences de qualité entre les écoles qui constituent le noeud du problème. Les socles de compétences ne sont donc pas acquis ?

KRISTOF DE WITTE. “Il faut des socles de compétences et des programmes scolaires solides. La barre doit être placée suffisamment haut. Cependant, cela n’offre aucune garantie que les fossés entre écoles vont être comblés. C’est la raison pour laquelle je suis partisan d’examens centralisés. Ceux-ci permettent de mettre clairement en contraste les réalisations et les objectifs. La littérature économique se montre très favorable aux systèmes recourant à des examens centralisés, qui ont un effet positif sur les acquis des élèves, que ces derniers soient bons ou faibles.”

Viser l’excellence renforce aussi le besoin de bons professeurs. La formation d’enseignant en fournit-elle ?

KRISTOF DE WITTE. “Dans ce domaine, d’importantes initiatives ont été prises récemment. Je pense par exemple aux projets de master éducatif. De plus, les centres d’enseignement pour adultes perdront en 2019 leur compétence de délivrance de diplômes d’enseignant. Celle-ci revient aux hautes écoles et universités, au sein desquelles la didactique disciplinaire occupe une place plus importante. Cette mesure donnera un élan qualitatif à la formation d’enseignant.”

Traduction : virginie·dupont·sprl

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