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Un Etat ne peut faire faillite… mais il peut être puni !

Même si l’Irlande n’est pas la Grèce, ne serait-ce que parce son gouvernement n’a pas menti sur ses comptes et a immédiatement pris les mesures nécessaires pour ne pas affoler les marchés, la question revient une fois encore : et si un Etat faisait faillite ?

“Il faut écrire tous les zéros sur un papier pour comprendre ce que cela signifie.” C’est en gros ce qu’a dit un comptable irlandais lorsqu’il a été interrogé la semaine dernière sur l’ampleur de la facture que représente le sauvetage par le gouvernement irlandais de la banque Anglo Irish : 30 milliards d’euros.

C’est bien entendu énorme. Cela dépasse l’entendement. Et même si l’Irlande n’est pas la Grèce, ne serait-ce que parce son gouvernement n’a pas menti sur ses comptes et a immédiatement pris les mesures nécessaires pour ne pas affoler les marchés, la question revient une fois encore : et si un Etat faisait faillite ?

Après tout, avant le 15 septembre 2008, les spécialistes nous disaient qu’il n’y avait aucun risque qu’une grande banque tombe en faillite… jusqu’à la chute de Lehman Brothers, avec les conséquences que l’on sait.

Pour un Etat, ce n’est pas la même chose. L’histoire montre qu’une nation peut être en cessation de paiement, avoir des difficultés à rembourser sa dette, ne plus pouvoir payer ses fonctionnaires, mais on a jamais vu un pays rayé de la carte comme ce fut le cas pour la banque Lehman Brothers.

Si la faillite est impossible, les exemples de pays en défaut de paiement ne sont pas rares. La France après 1789, la Russie prérévolutionnaire, celle des fameux emprunts russes, ou plus récemment le Mexique en 1982 et l’Argentine en 2001 : tous ces pays ont dû, à un moment ou à un autre, se déclarer insolvables. A la différence d’une entreprise, cependant, ils n’ont pas été liquidés.

En réalité, les premiers punis, ce sont les créanciers, ceux qui avaient acheté des assignats aux Français ou des emprunts russes. Ils ont souvent perdu tout ou une grosse partie de l’argent prêté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, aujourd’hui, les marchés financiers demandent des taux d’intérêt plus élevés à des pays comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne. Pour compenser ce surcroît de risque.

Un Etat très endetté est placé sous la coupe de ses créanciers. Et la porte de sortie est souvent composée d’un cocktail de rigueur – gels de salaires et coupes claires dans les budgets sociaux – et de dévaluation de la monnaie nationale quand c’est possible. Autrement dit, un Etat ne peut faire faillite mais il peut être puni. Cela explique pourquoi les syndicats européens sont si nerveux. La crise sociale ne fait que commencer.

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