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Trop de subventions tue la subvention

Cent millions d’euros. Le montant, calculé par SD Worx et qui couvre le financement par l’Onem des prépensions chez Carrefour, est loin de faire l’unanimité. Au-delà du montant, le principe même d’octroyer des prépensions à l’âge de 52 ans me paraît tout à fait contre-productif…

Cent millions d’euros. Le montant, calculé par SD Worx et qui couvre le financement par l’Onem des prépensions chez Carrefour, est loin de faire l’unanimité. Au-delà du montant, le principe même d’octroyer des prépensions à l’âge de 52 ans me paraît tout à fait contre-productif et rend le discours sur la nécessité de travailler plus longtemps peu convaincant. Pour persuader le citoyen d’allonger son temps de travail, il faut un geste fort, une mesure qui marque une rupture par rapport au passé. Mais, à quelques jours des élections, le courage et le consensus politiques étaient trop limités pour poser un tel acte.

Cela a entraîné des réactions de tous bords. Celles de la vice-Première ministre Laurette Onkelinx (PS) m’ont le plus étonnée. Cette dernière estime que les aides à l’emploi et les intérêts notionnels devraient être enlevés aux entreprises bénéficiaires qui licencient. Pour Laurette Onkelinx, ce serait la meilleure manière d’empêcher les sociétés de licencier.

Ce raisonnement est certes populaire mais, selon moi, peu logique. D’abord, les entreprises ne licencient pas pour le plaisir. A quelques exceptions près, elles restructurent pour s’adapter à un marché en constante mutation. Et ce n’est pas la suppression de leurs aides à l’emploi qui les freinera. Par contre, le risque de devoir rembourser les aides freinera l’embauche dans certaines sociétés. Or, selon plusieurs études internationales, notre pays souffre déjà d’une grande rigidité de son marché de l’emploi. Menacer les entreprises de rembourser les aides si elles licencient pourrait donc se révéler contre-productif… pour l’embauche.

En plus, si l’on va jusqu’au bout du raisonnement de Laurette Onkelinx, seules les sociétés qui ne font pas de bénéfices ou qui sont en perte ne devraient pas rembourser en cas de licenciement. Cela pourrait avoir un impact direct sur les nombreuses filiales belges de grands groupes étrangers. Celles-ci représentent tout de même 25 % de l’emploi en Wallonie, 65 % des exportations et 74 % des dépenses en R&D… Si elles prévoient de licencier, il leur suffira de faire remonter les bénéfices vers leur maison mère – pour éviter de rembourser les aides à l’emploi – ou… de déménager vers un pays voisin.

Ces remarques ne doivent pas pour autant nous empêcher de revoir le système des subventions. A court terme, celui-ci doit être drastiquement simplifié et bien ciblé. Pourquoi les demandes de subsides doivent-elles compter des dizaines de pages et générer des frais administratifs importants, pour la demande comme pour l’octroi ? Dans certains cas, les enveloppes de subsides ne sont même pas entièrement utilisées car les mesures mises en place sont méconnues ou trop compliquées. “Un chat n’y retrouverait pas ses jeunes”, remarque un patron wallon.

A plus long terme, une réflexion de fond doit être menée par le prochain gouvernement. Les subventions sont-elles réellement utiles ? Ne serait-il pas plus judicieux d’employer les fonds débloqués à l’échelon fédéral pour diminuer la charge de l’impôt ? Et pourquoi ne pas en profiter pour revoir le système de rémunération des travailleurs basé sur l’ancienneté, qui rend l’embauche des personnes de plus de 50 ans parfois trop onéreuse ?

Une telle réforme améliorerait le fonctionnement du marché du travail et doperait ainsi l’emploi.

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