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Trois armes pour lutter contre l’économie “noire”

La Belgique fait partie de ces pays qui ont un très haut pourcentage d’économie souterraine. Chez nous, le travail au noir se pratique à une grande échelle. Pourtant, avec quelques mesures simples, nous pourrions fortement réduire ce fléau social…

La Belgique fait partie de ces pays qui ont un très haut pourcentage d’économie souterraine. Chez nous, le travail au noir se pratique à une grande échelle. Pourtant, avec quelques mesures simples, nous pourrions fortement réduire ce fléau social… Notre pays est donc tout de même un peu la Grèce de la mer du Nord. Seuls les pays du Club Med (Portugal, Espagne, Italie et Grèce) ont une économie souterraine plus importante que la Belgique.

Une étude récente (*) fait le point sur l’économie noire dans une vingtaine de pays industrialisés. Elle révèle qu’il est impossible d’exclure totalement l’économie parallèle. Le fait que la Belgique preste aussi mal est lié à plusieurs facteurs. Mais le principal est le niveau extrêmement élevé de la pression fiscale. Les pays à forte pression fiscale ont aussi une économie noire plus étendue. Même les célèbres pays scandinaves n’échappent pas à cette loi économique. Voici trois mesures importantes pour réduire de moitié l’ampleur du phénomène.

1. Supprimez les billets de 500 euros

Un économiste a déjà plaidé pour cette mesure : lors du passage à l’euro, le professeur de la VUB Jef Vuchelen a en effet parlé d’une occasion ratée en 2002. Et il a encore et toujours raison. Les grosses coupures sont l’instrument rêvé du circuit du travail au noir. En matière d’économie souterraine, les Etats-Unis affichent un faible pourcentage, notamment en raison de la limitation des gros billets de banque. Il faudrait une approche européenne pour aborder ce problème au niveau de l’euro. On peut naturellement imaginer d’autres solutions mais une telle mesure rendrait en tout cas les choses nettement plus difficiles.

2. Rendez les achats importants obligatoirement payables par voie électronique

L’ancien secrétaire d’Etat chargé de la Lutte contre la fraude fiscale, Alain Zenner, avait fait une proposition il y a longtemps déjà. Mais les montants maxima pour les paiements en liquide doivent encore être sensiblement réduits. Il n’y a aucune raison pour laquelle des sommes supérieures à 400 euros ne devraient pas être payées par voie électronique. Et sur le plan de la sécurité, cela présente aussi de sérieux avantages. La France a un bien meilleur score grâce à une telle mesure. Les citoyens doivent pouvoir justifier le paiement électronique d’achats importants. C’est très efficace en combinaison avec la mesure n° 1.

Dans l’horeca, on pourrait proposer un taux de TVA réduit pour les paiements électroniques et un taux plus élevé pour les paiements en liquide.

3. Réduisez les impôts

La mesure la plus efficace contre le travail au noir est une réduction de la pression fiscale. Il me semble que cela vaut la peine d’essayer de réaliser les mesures 1 et 2 de façon rigoureuse, en combinaison avec une hausse des minima exonérés d’impôt. Le travail au noir doit être combattu mais il faut en même temps utiliser les revenus supplémentaires pour moins imposer les salaires les plus bas.

Selon l’étude de Schneider, 8 à 9 % est environ le pourcentage d’économie souterraine minimal qu’il est possible d’atteindre. Même à ce niveau, les secteurs de la construction (40 %), de la réparation (20 %) et l’horeca (20 %) sont encore partiellement en proie à l’économie parallèle.

La lutte contre le travail au noir ne requiert pas nécessairement une stratégie compliquée ni toute une armée de fonctionnaires. Il suffit de réduire les impôts jusqu’à un niveau raisonnable, de ne plus émettre de billets de grande valeur et de rendre le paiement électronique obligatoire pour des dépenses significatives. Si en Belgique, on ramène le travail au noir au niveau de celui de la France, la croissance économique peut augmenter de 0,5 % pendant 10 ans. Quel parti osera réduire le travail au noir de moitié en appliquant ce plan simple en trois étapes ?

(*) Friedrich Schneider, The influence of the economic crisis on the underground economy in Germany and the other OECD-countries in 2010 : a (further) increase.

Réactions : trends@econopolis.be

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