“Un bâtiment devient un PC avec un toit”

© Philips Lighting

De plus en plus, des technologies intelligentes sont intégrées dans des bâtiments. Cette évolution permet de créer des bâtiments plus efficaces et durables, alors même que le secteur de la construction évolue à un rythme effréné. “Aujourd’hui, il faudrait d’ailleurs parler du secteur de la construction high-tech plutôt que simplement de la construction. Car nos entreprises sont aussi confrontées au numérique”, explique Véronique Vanderbruggen de la Confédération de la Construction.

Les bâtiments intelligents s’imposent peu à peu dans tous les secteurs: logements résidentiels, commerce de détail, bureaux, hôpitaux, etc. “Du fait de l’intégration de nombreuses applications et technologies intelligentes, un bâtiment devient en fait un PC avec un toit. Le flux de données ainsi générées permet de construire des bâtiments peu énergivores, neutres en CO2 et durables, et d’en assurer le suivi permanent. Nous évoluons même vers une économie circulaire et de l’urban mining, où les produits sont recyclés à la fin de leur cycle de vie et réutilisés comme matière première”, explique la directrice des relations publiques de la Confédération de la Construction.

Grâce au numérique et aux technologies intelligentes, il sera beaucoup plus facile de mesurer la consommation réelle.

Il s’agit là d’un processus logique qui se met également peu à peu en place dans les maisons existantes et sur les lieux de travail. “Songeons simplement au thermostat intelligent qui permet de prévoir une température agréable dans la maison lorsque l’on revient du travail. Ou encore au système d’alarme qui peut être commandé à distance. Sans parler de l’évolution dans les bureaux où l’éclairage est commande de manière intelligente pour éviter de laisser les lumières allumées durant tout le week-end parce qu’un employé a oublié de les éteindre. Aujourd’hui déjà, des capteurs permettent de mesurer s’il y a de l’activité et peuvent commander l’éclairage et le chauffage afin d’optimiser la consommation énergétique.”

En outre, le coût total d’un projet de construction est désormais toujours davantage pris en compte, entretien compris. “Les bâtiments auront une plus longue durée de vie. Grâce au numérique et aux technologies intelligentes, il sera beaucoup plus facile de mesurer la consommation réelle, de voir les appareils défectueux ou en fin de vie, de vérifier les éléments qui peuvent être optimisés, etc.”

Véronique Vanderbruggen de la Confédération de la Construction.
Véronique Vanderbruggen de la Confédération de la Construction.

De la construction au numérique

Les pouvoirs publics stimulent cette évolution par le biais d’une nouvelle législation plus stricte, tandis que les maîtres d’ouvrage ont désormais de nouvelles attentes. Toutes ces évolutions ont un impact majeur sur les entreprises de construction. Véronique Vanderbruggen: “Pour l’exécution de tels projets, une collaboration plus intense entre les différentes spécialisations se révèle cruciale. En effet, plus question désormais de construire d’abord le bâtiment puis d’y appliquer ensuite tous les éléments techniques et de poser les conduites. Dès la phase de conception, les bâtiments doivent être conçus de telle manière à pouvoir être adaptés en fonction de l’utilisateur actuel, de l’utilisateur futur et de technologies futures.”

Nous estimons que d’ici quelques années, toute entreprise de construction travaillera selon une approche numérique.

Par ailleurs, le secteur de la construction se numérise à un rythme incroyable. De nouvelles applications telles que l’e-factoring, les systèmes de track & trace, l’enregistrement des présences sur chantier, la réalité virtuelle pour le suivi des travaux ou l’inspection par des drones, de même que des applis et les big data s’imposent toujours davantage dans le secteur.

Vanderbruggen: “Nous estimons que d’ici quelques années, toute entreprise de construction travaillera selon une approche numérique, en recourant au Building Information Modelling ou BIM. L’ensemble des données nécessaires à la construction et à la gestion d’un bâtiment sera intégré dans les plans et travaux d’exécution. Non seulement les éléments qui interviennent dans la construction, l’acoustique, l’éclairage, la climatisation, la maintenance des bâtiments, etc., mais aussi par exemple ceux provenant des infrastructures routières, seront pris en compte. En coordonnant toutes ces données, les projets pourront d’ailleurs aussi être exécutés plus rapidement.”

Professionnel intelligent

Plus la numérisation s’imposera, plus le métier prendra par ailleurs de l’importance. C’est à ce niveau précisément que des opportunités s’ouvrent pour le secteur belge de la construction. “Comme les exécutants devront disposer de connaissances technologiques plus étendues et devront collaborer davantage, le professionnel se devra aussi de devenir ‘intelligent’ pour maîtriser ces outils numériques. Cette évolution exigera sans doute une autre politique de gestion des ressources humaines au sein des entreprises de construction, ce qui aura incontestablement un impact majeur sur les profils et compétences requises, de même évidemment aussi que sur les formations et recyclages.”

Le numérique et les bâtiments intelligents ne constituent donc pas une menace, mais une opportunité réelle pour notre secteur.

“Mais surtout: grâce à cette évolution, les entreprises belges de construction pourront offrir une plus grande valeur ajoutée”, insiste encore Véronique Vanderbruggen. “Il s’agit là d’une partie de la réponse à la concurrence d’entreprises étrangères de pays à bas salaires. Les entreprises de construction qui s’engagent dans le numérique pourront proposer de meilleurs services et un savoir-faire plus pointu aux maîtres d’ouvrage, ce qui leur garantira une avance certaine. Le numérique et les bâtiments intelligents ne constituent donc pas une menace, mais une opportunité réelle pour notre secteur.”

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