“Nous devons promouvoir partout une meilleure santé”

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Mieux vaut prévenir que guérir, dit le proverbe. Un proverbe qu’il convient de prendre au pied de la lettre dans les soins de santé. En effet, davantage de prévention permet d’éviter les maladies et/ou de les anticiper. Reste que dans ce domaine, des progrès importants peuvent encore être accomplis, estime l’économiste spécialisé en santé Lieven Annemans.

Certes, la Belgique est reconnue internationalement pour la qualité de son système de soins. Pourtant, il ne faudrait pas se laisser obnubiler par cette bonne réputation. Lieven Annemans: “Un rapport européen sur la qualité de la prévention et la promotion de la santé dans les 28 pays de l’UE classe la Belgique en 19e position seulement! Pas tellement du fait que nous soyons mauvais, mais bien que nous n’investissons pas suffisamment dans la promotion de la santé et que les initiatives existantes sont encore trop limitées.”

L’économiste spécialisé en santé plaide dès lors en faveur d’une diffusion la plus large possible de campagnes de prévention et de projets dans la vie de tous les jours. “Nous devons sensibiliser les enfants et les jeunes à l’école, inciter les travailleurs à adopter un mode de vie plus sain sur leur lieu de travail et voir comment nous pourrions inculquer une culture de la santé globale dans les communautés locales. Il faudra certes y consacrer davantage de moyens financiers, mais il ne s’agit pas là d’un argument qui doit nous arrêter.”

Nous sommes partiellement face à de la surconsommation dans nos soins de santé.

Réinvestir les sommes gaspillées

Lieven Annemans, économiste spécialisé en santé.
Lieven Annemans, économiste spécialisé en santé.

Lieven Annemans avance d’ailleurs une solution. “Nous sommes partiellement face à de la surconsommation dans nos soins de santé. Ainsi, les analyses et les traitements sont souvent trop nombreux chez les personnes atteintes de maladies chroniques essentiellement. Il faut y remédier: les moyens aujourd’hui gaspillés doivent être récupérés et réinvestis dans la prévention et l’innovation.”

“Certes, j’ai conscience qu’un grand scepticisme règne encore autour de ce type d’économies dans les soins de santé. Mais celles-ci sont possibles et j’essaie de convaincre la population dans le cadre de mes exposés et de mes livres. Il ne s’agit pas de réaliser des économies tous azimuts ou de sabrer dans l’emploi. Mais plutôt de faire plus avec les mêmes moyens et d’obtenir de meilleurs résultats!”

Peu à peu, un nombre croissant d’acteurs se disent convaincus de l’importance de la prévention. Ainsi, les mutuelles et les compagnies d’assurances mènent davantage de campagnes de prévention et intègrent un large éventail d’actions de prévention dans leur portefeuille. “C’est une bonne chose”, estime Lieven Annemans. “Les mutuelles en tant guichet passif chargé simplement du transfert d’argent entre un organisme public et le patient, voilà qui n’est pas décidément plus de notre temps.”

Stimuler un changement de comportement

Reste évidemment à savoir comment convaincre le consommateur et le patient à faire spontanément davantage de prévention en matière de santé. Annemans: “Le succès de la prévention passe par un changement de comportement. Pour ce faire, il importe d’appliquer le principe AAC: Autonomie, Appartenance à un groupe et Compétence. Primo, les gens doivent donc pouvoir décider en toute autonomie de participer ou non. Secundo, s’ils le font en groupe, les chances de succès sont plus grandes dans la mesure où nous sommes des êtres sociaux. Et tertio, ils doivent se sentir compétents, être disposés à faire quelque chose qui soit bon pour leur santé. Si vous n’avez aucune prédisposition pour le sport, il ne faut tout simplement pas commencer. Mais s’il s’agit d’exercices agréables et adaptés, vous y arriverez.”

Je suis partisan de technologies qui font office de coach en ligne et vous aiguillent dans la bonne direction.

Proposer, dans le sillage de ‘Start to run’ et d’autres initiatives similaires, une sorte de ‘Start to prevent’ apparaît donc comme une idée intéressante. “Il faut évidemment une motivation”, insiste encore notre économiste en santé. “Et force est de constater que la technologie peut aujourd’hui apporter une partie de la réponse. Les wearables et applis affichent le nombre de pas que l’on fait, si l’on a roulé plus vite en vélo que la fois précédente et quelle a été l’évolution de vos performances. Les applis peuvent donc vous motiver à poursuivre un changement de comportement. Je suis également partisan de technologies qui font office de coach en ligne et vous aiguillent dans la bonne direction.”

La ministre fédérale de la Santé Maggie De Block estime également que la santé mobile présente un potentiel intéressant et en fait examiner les possibilités. Une bonne chose, toujours selon Lieven Anneman. “Nous avons besoin d’un cadre précis pour définir ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas. Il serait bon de supporter les initiatives susceptibles de promouvoir la prévention. Mais il convient d’abord de séparer le bon grain de l’ivraie afin que les fonds publics ne soient pas consacrés à des gadgets.”

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