” Le secteur automobile s’est bien préparé “

Quel est l’impact pour les distributeurs de l’essor de la voiture électrique ? Les représentants des marques ont-ils besoin de nouveaux équipements ? Leurs mécaniciens sont-ils formés aux nouvelles technologies ? Quels seront leurs futurs modèles économiques ? À ces questions, Luc De Moor d’Educam et Jochen Cloetens d’Audi ont apporté des réponses éclairantes.

” La voiture électrique marque l’entrée dans une nouvelle ère pour le secteur automobile, entraînant une vraie révolution pour toutes les parties concernées, qu’il s’agisse des ingénieurs et des designers au siège de la marque ou des travailleurs sur la chaîne de production, des mécaniciens dans les ateliers ou des vendeurs dans les showrooms. Tout le monde est mis à contribution ! Heureusement, le secteur s’est bien préparé face à ce nouveau défi. Et de manière intensive. Le client ne doit se faire aucun souci à propos de la qualité du service et de la maintenance de sa voiture électrique. “

Ces mots, ce sont ceux de Luc De Moor, le Managing Director d’Educam, le centre de connaissance et de formation du secteur automobile qui permet aux travailleurs de ce secteur d’optimiser leurs compétences par l’intermédiaire d’une vaste gamme de formations. Educam propose ces formations à l’initiative des marques et en collaboration avec ces dernières, mais aussi les services de secours comme les pompiers, la police ou les services de dépannage.

Pas de retour en arrière

” La transition des moteurs thermiques conventionnels vers les motorisations de substitution est un travail de longue haleine. Mais dans le même temps, nous savons qu’il n’y a aucun retour en arrière envisageable. Durant cette période transitoire, les techniciens doivent apprendre à gérer des voltages variables et des ampérages élevés, ce qui n’est pas sans danger. La formation continue est donc indispensable. Différentes marques possèdent déjà dans leur gamme des modèles hybrides rechargeables et des voitures électriques. Le retour d’informations des distributeurs et des mécaniciens constitue un complément utile aux sessions théoriques de la formation continue, ” poursuit Luc De Moor.

Jochen Cloetens, Projects Development Manager chez Audi, complète l’explication : ” Tous les collaborateurs des distributeurs au contact d’une voiture électrique reçoivent une formation minimale en tant que ‘personne soumise au risque électrique’. Tous les techniciens possèdent des compétences de base dans le domaine de l’électricité et au minimum un technicien par distributeur reçoit une formation de ‘technicien haute tension’. Les ‘experts haute tension’ travaillent dans notre ‘Battery Repair Center’ chez D’Ieteren. “

Jochen Cloetens
Jochen Cloetens

Adaptation indispensable

En parallèle, les distributeurs doivent transformer et adapter leurs ateliers en fonction de nouveaux standards de sécurité. ” Depuis un certain temps déjà, Audi propose des motorisations électriques et des modèles hybrides rechargeables (Audi A3 e-tron et Audi Q7 e-tron). De nombreux équipements utilisés pour ces véhicules peuvent également l’être pour les voitures à propulsion entièrement électrique, ” précise Jochen Cloetens.

” Malheureusement, cette transformation coûte de l’argent et oblige de nombreux petits garagistes et distributeurs, souvent des entreprises familiales, à s’associer à de grands groupes possédant les capitaux nécessaires. Cette croissance d’échelle est en cours et elle est indispensable afin de pouvoir travailler de manière efficace et être rentable dans une société en pleine évolution, où la mobilité de demain sera très différente. Les points de vente et de service vont évoluer pour devenir de grands mobility centers offrant une gamme très vaste de services de mobilité adaptés aux exigences des clients individuels. Ceux-ci peuvent opter pour la formule répondant le mieux à leur profil de mobilité : l’achat, la location, le leasing… Tout est possible. On peut comparer la situation à ce qu’il se passe dans le secteur de la téléphonie mobile, ” confirme Luc De Moor.

” Afin que cette transition se déroule de manière optimale, les mobility centers doivent se renforcer en engageant des collaborateurs possédant des compétences en marketing et en IT. Le développement d’un nouveau modèle économique est un autre défi. Une voiture électrique étant composée de bien moins de composants, elle nécessite moins souvent des opérations de maintenance et le risque de déficience technique est réduit. En conséquence, les distributeurs généreront à terme moins de revenus avec les entretiens et les réparations. À un moment où leurs marges bénéficiaires sont déjà sous forte pression. Heureusement pour le secteur, cette transition des motorisations traditionnelles à essence ou diesel vers le tout-électrique est moins rapide que ce que les prévisions annonçaient voici dix ans. Et il n’y a donc pas de raison de paniquer. C’est positif d’ailleurs car le secteur automobile est dans son ensemble l’un des plus gros employeurs du pays. “

” Le monde politique en est aussi conscient. Mais il manque actuellement une vision et une stratégie communes. Certains gouvernements font de l’électromobilité une priorité. D’autres freinent cette évolution. Cela explique aussi le retard dans la mise en oeuvre des projets des marques et les frustrations des consommateurs. Le consommateur, il veut aller de l’avant. “

Préparatifs

” Nous voyons aussi que toute cette question du rechargement occupe une place importante pour les distributeurs et les clients. Si le client optant pour un moteur thermique classique considère la voiture comme un simple produit, le conducteur d’une voiture électrique aura également besoin d’une solution pour recharger son véhicule. Une solution qui passera aussi par le distributeur. Les solutions de rechargement domestiques dépendent beaucoup de l’infrastructure électrique dont dispose le client. À l’avenir, un distributeur devra être en mesure de bien analyser le profil du client et ses besoins, et les associer à l’infrastructure électrique dont dispose son établissement. Dans les showrooms, les connaissances de base sur l’électricité et le chargement des batteries occuperont une place plus importante, ” enchaîne Jochen Cloetens.

” Nous mettons tout en oeuvre pour préparer au mieux notre réseau de distribution à cette évolution. Depuis un an et demi, un contact spécifique est proposé chez l’importateur afin de permettre aux distributeurs Audi d’obtenir une réponse aux questions relatives aux voitures électriques. Les distributeurs Audi reçoivent régulièrement des informations sur le marché de la voiture électrique, avec des analyses concurrentielles et des études comparatives émanant des pays voisins. La maison-mère d’Audi à Ingolstadt ne reste évidemment pas inactive et propose des plans de déploiement avec les exigences minimales pour les distributeurs, préparant également le réseau à l’arrivée des véhicules électriques. Via les distributeurs, nous restons également très attentifs aux clients potentiels afin de pouvoir être parfaitement préparés à répondre à la demande lorsque la première Audi entièrement électrique sera lancée. “

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