“Le caractère durable d’un bâtiment n’a pas suffisamment d’impact sur son prix”

Quand une entreprise investit dans la durabilité, c’est pour rendre service à la société, mais souvent aussi pour faire des économies. Cela fait-il automatiquement de la durabilité une activité rentable ?

Les particuliers qui isolent leur toit pensent autant à leur portefeuille qu’à l’environnement. Un investissement dans la durabilité se rembourse de lui-même, mais cette logique est un peu plus complexe quand il s’agit d’une entreprise. L’éventail de possibilités est large : il peut s’agir d’investissements dans des matières premières durables, la production, la consommation énergétique des immeubles professionnels, etc. Pascal Léglise, Quality and Sustainable Development (CSR) Director chez Carrefour: ” Dans notre secteur, on parle souvent d’un ROI de trois à cinq ans, mais pour des panneaux solaires par exemple, c’est plutôt de l’ordre de dix ans ou plus. Cela implique une stratégie financière différente, mais le jeu en vaut la chandelle. Les actions que nous entreprenons visent en premier lieu un impact social ou environnemental, et c’est seulement après que nous calculons l’impact par rapport à l’investissement. “

Valoriser l’immobilier

Dans le scénario idéal, durabilité et profit vont de pair. C’est la raison pour laquelle il est intéressant de convaincre des parties externes de s’associer à un investissement dans la durabilité. Le promoteur immobilier Redevco, qui a déjà l’expérience de ce type de co-investissement, insiste avant tout sur la nécessité de créer une dynamique durable. Savoir qui investit précisément n’est pas ce qui importe le plus. Eric Van Dyck, Chief Investment Officer : ” L’objectif est de faire baisser la consommation sur un site et de réaliser ainsi des économies qui profitent à la fois au retailer et à Redevco en tant que manager du bâtiment, et permettent d’avoir un locataire satisfait. Si un locataire est satisfait, il restera plus longtemps et investira plus dans l’environnement. Un cercle vertueux, en somme. “

C’est une chose que de faire des économies en investissant dans la durabilité, mais cela veut-il dire que le propriétaire d’immeubles professionnels, par exemple, possède automatiquement de l’immobilier de plus grande valeur ? C’est précisément sur ce point que le bât blesse dans notre pays. Les investissements en matière de durabilité font encore insuffisamment monter le prix d’un bâtiment, contrairement à ce que l’on observe dans les pays anglo-saxons. ” Chez nous, la différence de taxation est infime. Les certificats BREEAM et les possibilités qu’ils apportent pour mesurer les améliorations peuvent aider à inverser cet état de fait “, conclut Eric Van Dyck.

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