Comment trouver de l’argent pour votre entreprise ?

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Si vous voulez démarrer une entreprise et la développer, vous avez besoin d’argent. Comment commencer, comment rassembler le capital de départ, comment continuer à trouver des capitaux à chaque nouveau défi et quel rôle la banque joue-t-elle ? Voilà quatre questions importantes pour chaque entrepreneur. Dieter Penninckx, CEO du groupe belge FNG, témoigne de la façon dont vous, en tant qu’entrepreneur, devez toujours rester vigilant et chercher de nouvelles opportunités.

1. Comment démarrer une société ?

Dieter Penninckx : ” L’histoire de FNG a commencé en 2003, avec trois jeunes ingénieurs civils qui avaient déjà goûté à l’entreprise, chacun à sa manière. Moi-même, après l’université, j’avais créé une spin-off, juste après la bulle internet. Avec Anja Maes et Manu Bracke, deux bons amis rencontrés pendant nos études, nous avons décidé de lancer notre propre affaire. Nous avions tous le même sentiment : plutôt des bricks que des clicks. “

Dieter Penninckx, CEO du groupe belge FNG.
Dieter Penninckx, CEO du groupe belge FNG.

Par pur hasard et via un courtier d’affaires, nous sommes tombés sur le dossier d’une entreprise qui importait des vêtements d’enfants de Pologne. Beaucoup de gens nous ont déconseillé de nous lancer en nous disant que nous ne connaissions rien au secteur de la mode. ” Si vous n’êtes pas nés dans ce secteur, vous n’avez aucune chance “, nous disait-on. Nous étions tentés par le défi et nous avons vu des opportunités là où d’autres n’en voyaient pas. Par essais et erreurs, naturellement. Aujourd’hui, le groupe compte plus de 3000 employés qui ont réalisé un chiffre d’affaires de près de 500 millions d’euros. Une belle histoire, notre wall of fame. Mais en interne, nous avons aussi un wall of shame, car tout ce que nous avons entrepris n’a pas réussi. Mais cela nous a beaucoup appris. Celui qui veut entreprendre doit s’y engager totalement. C’est l’essentiel pour moi. Ma formation d’ingénieur m’a peut-être donné un aperçu d’un certain nombre de processus, mais je pense que l’on a besoin avant tout d’un certain état d’esprit. L’esprit d’entreprise, on doit l’avoir dans le sang. Ce n’est pas le diplôme qui compte, mais travailler dur, vivre avec l’incertitude et oser. “

L’esprit d’entreprise, on doit l’avoir dans le sang : travailler dur, vivre avec l’incertitude et oser.

2. Comment trouver le capital de départ ?

Dieter Penninckx : ” Les cinq premières années de notre entreprise, nous avons compris à quel point il est difficile de travailler dans le contexte belge, avec la montée des exigences en termes de garanties personnelles. Nous étions 28 quand on a commencé à travailler et nous avons dû pendant des années entreprendre avec l’idée que nous pouvions perdre tout ce que nous avions construit, mais bien plus encore. Si l’entreprise devait échouer, nous courions des risques d’un million d’euros par personne. Les 250.000 premiers euros dont vous avez besoin pour vos affaires sont beaucoup plus difficiles à réunir qu’un financement de 25 millions lorsque votre entreprise est bien lancée… Vous devez trouver un moyen de vous financer de manière très diversifiée. Il faut reconnaître que j’ai eu un avantage de départ comme starter : j’ai pu me dégager au bon moment de ma spin-off et cela m’a permis d’injecter 100.000 euros dans le capital initial. Puis nous avons fait appel aux friends, family en fools et enfin au financement bancaire. A nous trois, nous nous sommes mis à la recherche de notre base opérationnelle. Cela exige de la créativité. Le propriétaire de notre premier espace commercial, nous l’avons payé en obligations convertibles.Il s’est avéré que cela a été son meilleur investissement. Mais il avait pris un risque. Comme starter, vous devez être inventif et comme entrepreneur, votre force de persuasion est essentielle. C’est cette force de persuasion qui a fait en sorte que le curateur de Brantano vous choisisse parmi les 12 autres candidats à la reprise, même si vous n’aviez pas l’offre la plus élevée. Si vous avez le meilleur plan, vous réussirez. Cela est lié à votre crédibilité, et cela se retrouve dans toutes les success stories. Je vois maintenant beaucoup d’incertitude chez les entrepreneurs. Les chiffres sont en effet importants, mais ne laissez pas votre comptable gérer votre entreprise. Les affaires, c’est beaucoup plus que des chiffres. Vous devez comprendre l’impact de vos décisions sur votre entreprise. Est-ce que nous faisons du bénéfice, oui ou non ? “

Comme starter, vous devez être inventif et comme entrepreneur, votre force de persuasion est essentielle.

3. Quand est-ce le moment pour le capital à risque ?

Dieter Penninckx : ” Nous avons fait très rapidement appel au capital à risque. Avec le recul, c’était un très bon choix. Notre premier emprunt convertible en 2006 s’est réalisé avec nos premiers collaborateurs, qui en sont maintenant très heureux. Il a constitué une partie importante de notre capital initial. Je ne recommanderais pas cette façon de faire à chaque starter, mais elle a bien fonctionné pour nous. Dans un trajet de croissance, deux facteurs jouent un rôle important : comme entrepreneur, vous devez avoir un instinct de survie puissant et faire les bons choix en termes de financement, à chaque fois. Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui commencent une entreprise avec une idée ou une technologie absolument équivalente aux autres, mais la société qui va continuer à croître est celle dont la gestion financière est la plus forte. Appelez cela du darwinisme financier si vous voulez, mais c’est ainsi que cela fonctionne. Le climat des affaires, ici en Belgique par rapport aux États-Unis, n’est peut-être pas un désert, mais une steppe où peu de ressources sont à exploiter.

Si vous empruntez du capital à une banque, il y a un certain nombre de règles à respecter. Mais si vous attirez le capital de quelqu’un qui entre dans votre projet, vous risquez de diluer votre contrôle sur vos affaires, du moins en partie. En tant qu’entrepreneur face à un investisseur de capital à risque, vous devez vous demander : est-ce que cette personne agit ainsi parce qu’elle croit vraiment en votre projet ? C’est extrêmement important. Le capital à risque répond à des règles de base qu’il vous faut fixer avec votre investisseur. Nous avons dans ce domaine une longue expérience. En 2011, nous avons réussi finalement à convaincre Emiel Lathauwers, qui avait déjà vendu AS Adventure, de faire des affaires avec nous. Il nous a fallu deux ans avant d’en arriver là. Comme il le faisait remarquer : ” avant de se marier, il faut passer par la parade nuptiale “. Ce processus pour trouver le bon partenaire est très difficile ici en Belgique, parce que le capital disponible sur le marché n’est pas très important. En tant qu’entreprise, vous n’avez pas tellement d’options. Cela a été un processus d’apprentissage pour nous : assurez-vous que vous avez toujours des moyens pour construire l’avenir de votre entreprise, pour renforcer vos atouts et faire un choix positif. Est-ce une question de chance de rencontrer le partenaire financier le plus adéquat ? L’ingénieur en moi réapparaît pour dire : plus vous créez des options, plus vos chances de réussir sont nombreuses. “

Le climat des affaires en Belgique n’est peut-être pas un désert, mais une steppe.

4. Quel rôle joue la banque dans le financement de votre entreprise ?

Dieter Penninckx : ” Aujourd’hui, les banques n’ont pas la capacité ou la volonté de répondre favorablement aux demandes de prêt des entreprises. Si le risque est trop grand, la réponse sera négative. Ce facteur de risque a pour conséquence que les prêts bancaires pour les start-ups ou des sociétés à forte croissance sont devenus problématiques. Mais ce que je remarque aussi actuellement est que les banques elles-mêmes investissent massivement dans un savoir-faire qui leur permet de prendre des décisions dans une économie en évolution rapide pour aider les entrepreneurs à gérer leur environnement financier. Leur évolution du rôle de prêteur à celui d’intermédiaire entre les entrepreneurs et les investisseurs est significative. Je me demande dans quelle mesure ce nouveau rôle est déjà effectif, mais nous devons poursuivre cet objectif. Nous nous dirigeons vers un environnement d’affaires plus ouvert, avec de nouvelles règles et dans lequel la proportion du financement des start-ups par les banques se réduit.

L’évolution des banques du rôle de prêteur à celui d’intermédiaire entre les entrepreneurs et les investisseurs est significative.

Comme starter, il est difficile de trouver du capital. Et comme entrepreneur d’une société mature confrontée à d’autres défis liés à sa croissance, ce l’est tout autant. Au sein de FNG, nous avons opté pour la croissance plutôt que pour un cashflow continu et stable. Dans ce cas, le financement a été relativement simple. Mais notre histoire est aussi plus complexe. Chaque fois, nous étions disposés à faire un grand pas en avant, mais il n’y avait aucun financement ready-made disponible. En termes de financement cela signifie qu’il faut trouver l’équilibre entre le financement bancaire, le capital à risque et la participation publique. Dans l’éventail des possibilités, vous devez créer vos propres opportunités. Comme il y a beaucoup d’incertitude sur le marché, vous devez donc être très flexible lorsque vous voulez poursuivre votre croissance. En tant qu’entrepreneur, vous devez vous demander en permanence : qu’est-il possible de faire ? Combien de capital avons-nous ? Que pouvons-nous financer en interne ? Où peut-on trouver de l’argent ? Trouver les ressources disponibles en termes de financement est non seulement un défi mais aussi un must. Une bonne relation avec votre banquier est essentielle à cet égard, mais souvent elle ne suffit pas. C’est un jeu à partenaires multiples. Si vous regardez autour de vous en Belgique, il y a beaucoup d’argent, mais va-t-il vers le capital à risque ? Là est le défi pour l’avenir, pour les entrepreneurs et pour les banques. “

ID-kit

Dieter Penninckx (42), ingénieur civil.

CEO FNG Group et actionnaire majoritaire de R & S Retail Group NV, une entreprise de mode du Benelux cotée en bourse, disposant d’un portefeuille de marques étendu (e.a.Fred & Ginger, CKS, Baker Bridge, Claudia Sträter, Espresso, Marches), présent sur le marché international avec plus de 300 concept stores et shop-in-shop corners et plus de 1.500 boutiques multi-marques. La société a été fondée en 2003 et compte plus de 3.000 employés qui réalisent un chiffre d’affaires de près de 500 millions d’euros.

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