7 préjugés sur les business angels en Flandre

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Les business angels en Flandre : qui sont-ils, que font-ils et quel est l’impact de leur contribution sur votre entreprise ? Il y a beaucoup de malentendus à ce sujet. Reginald Vossen, directeur du réseau Business Angels Vlaanderen (BAN Vlaanderen), et Alexandra Buekens, fundmanager auprès d’Ark Angels Activator Fund (AAA Fund), ont passé ces 7 préjugés à la loupe. Ils nous expliquent comment cette forme de financement alternatif répond à un besoin significatif des PME flamandes.

Qu’est-ce qu’un business angel ?

Les business angels sont des investisseurs privés qui ne mettent pas seulement du capital à disposition des entreprises mais aussi leurs compétences, leur réseau et leur expérience. Ceci présente une valeur ajoutée importante par rapport à d’autres investisseurs. Les entrepreneurs sont souvent des personnes qui ont une connaissance technique solide, qui ont conçu et développé un produit ou un service fort. La question est : comment les faire connaître par le marché, comment construire le business autour de ce produit ? Pour ce faire, les business angels sont très utiles. Ils peuvent aider d’autres entrepreneurs à professionnaliser leur gestion d’entreprise, non seulement en termes d’investissement mais aussi en termes de gestion financière, de façon à rendre possible un step-up.

Check : vrai ou pas vrai ?

1. Les business angels prennent le contrôle de votre entreprise.

2. Si vous travaillez avec des business angels, vous ne pouvez pas rester propriétaire de votre entreprise.

3. Les business angels s’occupent avant tout des entreprises qui se lancent, en particulier en haute technologie, et des start-ups.

4. Trouver le bon business angel est aussi difficile que de trouver un bon partenaire en amour.

5. Un business angel n’est pas un bon Samaritain : il veut que son argent rapporte.

6. Vous devez investir votre propre capital dans votre entreprise avant de faire appel aux business angels.

7. Pour les entreprises qui ont des besoins de financement très importants, le recours aux business angels n’a pas de sens.

1. Les business angels prennent le contrôle de votre entreprise.

Reginald Vossen, directeur du réseau Business Angels Vlaanderen (BAN Vlaanderen).
Reginald Vossen, directeur du réseau Business Angels Vlaanderen (BAN Vlaanderen).© Jerry De Brie

Reginald Vossen nous en dit un peu plus : ” Les entrepreneurs ont souvent cette peur. Un tel investisseur ne va-t-il pas trop s’impliquer dans la gestion de mon entreprise et finalement la reprendre ? Et bien non. Les business angels ne cherchent pas à faire des acquisitions. Leur participation financière et leur temps sont limités. On les voit souvent investir dans cinq ou six entreprises pendant une période limitée. Au début, leur contribution sera plus intense pour aider l’entreprise à se mettre sur la bonne voie mais leur contribution diminuera graduellement jusqu’à ce qu’ils se lancent dans une nouvelle participation. Il s’agit de capital à risque, ce qui explique pourquoi les business angels répartissent leurs participations pour limiter le risque.

Chez BAN Vlaanderen nous faisons de notre mieux pour cadrer les participations des business angels grâce à la syndication. Si les montants des investissements deviennent plus importants, nous essayons de convaincre 3, 4 ou 5 business angels d’investir de concert. BAN travaille pour ce faire en co-financement avec le fonds privé que nous avons établi avec ING : le Ark Angels Activator Fund ou AAA Fund. Pour des montants plus importants, ce fonds peut décider d’investir. Nous avons aussi une bonne coopération avec le Fonds de participation de Flandre pour solliciter des prêts subordonnés dès le moment où la somme est trop importante pour les business angels. “

Qu’est-ce que le BAN Vlaanderen ?

BAN Vlaanderen est le plus grand réseau de business angels de Flandre, qui met en contact les entrepreneurs qui cherchent du capital (à risque) et de l’expertise avec des investisseurs privés. Le réseau est une association sans but lucratif qui agit comme une agence de mise en relation entre les entrepreneurs et les business angels. BAN Vlaanderen n’investit pas lui-même mais fonctionne comme une plate-forme de contact. À l’heure actuelle, environ 250 business angels en sont membres. BAN Vlaanderen propose les projets des entreprises qui viennent à elle. Quand un projet est finalisé, il sera présenté dans un premier temps de manière anonyme aux business angels, pour protéger l’entrepreneur. Il s’agit d’un système d’offre et de demande entre deux partenaires qui sont à égalité et poursuivent le même but : faire croître et faire prospérer une entreprise. Chaque année, le réseau reçoit plus de 600 demandes de sociétés, dont près de 100 aboutissent. Finalement cela conduit à 25 à 30 offres d’investissement par an avec un apport de capital direct de ± 5 millions d’euros par an. BAN Vlaanderen accompagne dans ce processus à la fois les entrepreneurs et les business angels. Plus d’infos: www.ban.be

Qu’est-ce que le AAA Fund?

Le AAA Fund ou Ark Angels Activator Fund est un fonds de capital à risque créé en 2012 par la BAN Vlaanderen et ING Belgique pour financer des starters innovants et des PME à forte croissance.

Troisième partenaire, le gouvernement flamand, qui investit dans le Fonds ARKimedes II. Le AAA Fund peut investir plus de 12,5 millions de capital à risque dans les PME flamandes avec l’aide des business angels qui bénéficient ainsi d’un effet de levier qui les aide à réaliser leur potentiel de croissance. Il s’agit ici de ‘gazelles’ ou de start-ups avec un potentiel de croissance très fort, mais aussi d’entreprises plus matures où une acquisition, un management buy-in ou buy-out constitueront l’étape suivante. Le AAA Fund a une durée de 10 ans et une période d’investissement de cinq ans. L’objectif est de construire un portefeuille d’environ 15 participations. Plus d’infos: www.aaafund.be

2. Si vous collaborez avec des business angels, vous ne pouvez pas rester propriétaire de votre entreprise.

Reginald Vossen : ” Si une entreprise est en croissance et que sa capacité d’investissement ne suffit pas pour la financer, plusieurs possibilités s’offrent à elle. Elle peut par exemple faire appel à du venture capital et céder une partie de sa société. Mais il n’est pas toujours facile d’en redevenir le propriétaire par la suite. Cela dit, après un certain temps, les business angels se désengagent du projet. Faire appel aux business angels est donc une bonne étape intermédiaire pour des entreprises à forte croissance et une occasion extraordinaire d’apprendre à travailler avec du capital à risque et des actionnaires externes, avant de se lancer dans le capital à risque pour des montants importants. Avec un coactionnaire expérimenté à ses côtés, on apprend beaucoup. Pour de nombreux entrepreneurs, c’est la première expérience de leur vie où ils mènent leurs affaires de cette manière. Cela fonctionne d’autant mieux que les partenaires ont les mêmes intérêts. Ce sont des anges en quelque sorte… Après cette expérience, on peut s’orienter vers d’autres options de financement, comme la vente de l’activité et son intégration dans un plus grand groupe. “

3.Les business angels s’occupent avant tout des entreprises qui se lancent, en particulier en haute technologie, et des start-ups.

Reginald Vossen : ” Ce n’est pas du tout exact même si ceux qui le font représentent 70 à 80 %. Les business angels sont à la recherche d’innovation et d’une autre approche du marché, celle qui ouvre de nouvelles perspectives. Cette croissance d’échelle assure les rendements financiers que les investisseurs recherchent. Les business angels ne conviennent pas à toutes les entreprises et tous les secteurs. Quelles sont les conditions pour que ces investisseurs interviennent ? Le facteur le plus important est qu’il y ait une croissance avérée dans l’entreprise. Cela est lié au retour sur investissement souhaité. En termes de secteur, les business angels n’excluent rien à priori. Mais 30 à 35 % des offres en Flandre qui passent par le BAN concernent le secteur informatique. Le reste s’effectue dans l’industrie plus traditionnelle, les services, la santé,… Tout est possible en business to business ou en business to consumer, sur une échelle suffisamment grande. “

4. Trouver le bon business angel est aussi difficile que de trouver un bon partenaire en amour.

Reginald Vossen : ” Comment peut-on trouver un business angel qui cadre parfaitement dans l’entreprise en termes d’expérience, de secteur, de réseau et d’investissement ? C’est vraiment au cas par cas. De plus, certains réseaux sont plus efficaces que d’autres. L’échelle sur laquelle le réseau fonctionne est évidemment importante. BAN Vlaanderen traite 100 fichiers par an qui se répartissent parmi quelque 200 business angels. Il y a donc potentiellement beaucoup de matches, mais nous constatons que le taux de réussite final est de un sur dix. Notre système est basé sur le fait qu’un business angel réagisse lui-même au projet. S’il a montré un intérêt, il reste à voir si les parties – entrepreneur et angels- sont susceptibles de bien collaborer. C’est tout un parcours pour apprendre à connaître l’autre et construire une relation de confiance. C’est seulement à ce moment-là que nous pouvons commencer à négocier la transaction.

BAN initie et accompagne 80 à 90 trajets par an du début à la fin, mais il y en a tout de même 50 à 60 qui n’aboutissent pas. Pourquoi ? Parce que la confiance se perd, parce que le dossier ne se développe pas comme prévu, parce qu’il n’y a finalement pas d’accord… L’entrepreneur doit également s’interroger : veut-il travailler avec les business angels, quels sont leurs antécédents, comment peuvent-ils soutenir le plan d’affaires et l’améliorer, dans quelle mesure ils peuvent fournir un soutien commercial ? C’est seulement si les réponses sont concluantes dans tous ces domaines que l’on concluera un bon accord. Un entrepreneur a le droit de dire quels sont les business angels avec lesquels il veut travailler et ceux avec lesquels il ne le souhaite pas. C’est la différence avec une plate-forme de crowdfunding ou un fonds : dans ces cas-là, l’entrepreneur ne peut pas choisir ses actionnaires. “

5. Un business angel n’est pas un bon Samaritain : il veut que son argent rapporte.

Reginald Vossen : ” Il ne s’agit effectivement pas de charité. Un business angel veut du retour sur investissement. S’il prend plus de risques, ce souhait sera encore plus élevé. C’est une forme de répartition du risque : si un business angel s’implique dans un certain nombre de projets, il sait que pour certains, il n’y aura pas de retour sur investissement, peut-être même fera-t-il des pertes. Cela devrait être compensé par un autre projet. La conséquence est logique : un projet qui présente un rendement de seulement 5 à 6 %, ne sera pas jugé attractif. Quel doit être le taux de rendement ? Il sera évalué en fonction de la perception du risque. S’il s’agit d’une société mature, avec un trackrecord avéré, le business angel pourrait se contenter d’un rendement légèrement inférieur ou même de travailler avec un prêt. Si l’on parle d’une jeune entreprise qui va peut-être émerger, les rendements attendus seront de l’ordre de 20 à 25 %. “

6. Vous devez investir votre propre capital dans votre entreprise avant de faire appel aux business angels.

Reginald Vossen : ” Pour savoir quand il est recommandé de se lancer en affaires avec les business angels, il faut regarder la courbe de croissance de votre société : que pouvez-vous déjà démontrer ? Si à un moment donné, vous êtes vous-même le goulot d’étranglement de votre propre croissance à cause de vos contraintes financières, c’est plutôt négatif pour votre développement futur. C’est finalement une question de bon timing. Un business angel sera plus enclin à vous soutenir quand vous êtes vous-même acteur de votre croissance. Mais devez-vous atteindre le sommet à tout prix, quitte à prendre des risques ? On voit souvent qu’un premier cycle d’investissement avec du capital à risque est suivi d’un second tour, du moins quand tout se passe bien. Et si ce n’est pas le cas, il est souvent nécessaire de procéder à l’injection de capital pour laquelle votre input en tant qu’entrepreneur est très important. Les coordinateurs qui réunissent les business angels et les entrepreneurs doivent assurer un équilibre entre les parties et veiller à ce que l’apport de l’un soit en rapport harmonieux avec celui de l’autre. ”

7. Pour les entreprises qui ont des besoins en financement très importants, le recours aux business angels n’a pas de sens.

Alexandra Buekens, fundmanager auprès d'Ark Angels Activator Fund (AAA Fund).
Alexandra Buekens, fundmanager auprès d’Ark Angels Activator Fund (AAA Fund).

Alexandra Buekens, fundmanager d’AAA Fund: ” Il est vrai qu’il y a une limite à ce que les business angels peuvent et veulent investir, mais cela ne signifie pas que les entreprises qui ont un plus grand besoin en financement ne peuvent pas bénéficier de l’expertise, de l’expérience et de l’apport financier des business angels. Les banques ne peuvent, ni ne veulent, pas toujours financer ce type d’entreprises qui présentent un risque accru et un plus grand besoin en capital alors que ces montants sont trop élevés aussi pour les investisseurs privés individuels ou même pour les groupements de business angels. Cette lacune dans le marché du financement en Flandre est désormais comblée par la mise en place d’un certain nombre de fonds de capital à risque dans lesquels les investisseurs privés, la banque et l’administration travaillent ensemble. C’est le cas du AAA Fund qui peut multiplier l’input des investisseurs privés. Par exemple, si des business angels financent ensemble 100.000 ?, le AAA Fund peut ajouter 300.000 ? à 400.000 ?. Le AAA Fund analyse, avec BAN Vlaanderen, ING et le gouvernement flamand 100 à 120 propositions de projets par an dont seuls 3 à 5 se réalisent. Par cet effet de levier financier, les start-ups prometteuses flamandes ne sont pas obligées de partir vers la Silicon Valley pour réaliser leur potentiel de croissance, mais elles peuvent faire croître leur entreprise au niveau international, à partir de leur région. “

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