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Toujours l’inattendu arrive…

C’est sous ce titre que paraît, en 1943, un ouvrage dû à Emile Salomon Wilhelm Herzog, mieux connu sous le nom d’André Maurois. Plus d’un demi-siècle avant le Cygne noir de Nassim Taleb.

C’est sous ce titre que paraît, en 1943, un ouvrage dû à Emile Salomon Wilhelm Herzog, mieux connu sous le nom d’André Maurois. Plus d’un demi-siècle avant le Cygne noir de Nassim Taleb. Rien à voir, en réalité, sinon que l’actualité en fournit régulièrement de vibrantes illustrations. Avec les révoltes dans les pays arabes et le tsunami au Japon, l’année 2011 a déjà frappé très fort !

De tels événements sont source de petites contrariétés comme de gros dégâts sur la scène économique, et ceci bien au-delà des zones directement touchées. Au niveau anecdotique, comment ne pas sourire devant le dernier folder d’une chaîne de librairies, axé sur la “Tokyo attitude” et dont le concours permet de gagner un billet d’avion pour la capitale japonaise ? En fait, le cadeau est encore plus précieux qu’imaginé au départ car le billet de retour vaut actuellement une fortune !

Plus sérieusement, plus gravement surtout, les événements d’Afrique du Nord ont encore accentué le mouvement de hausse que le pétrole affichait depuis l’été 2010, dans le sillage du redressement des indicateurs économiques. Contrairement à une opinion largement répandue, son cours actuel n’est peut-être pas très supérieur à ce qu’il aurait été sans la guerre qui sévit en Libye, d’autant que d’autres pays producteurs ont pris la relève dans les approvisionnements mondiaux. Il reste que ce pourrait être la goutte qui fait déborder le vase, avec un baril maintenant en hausse de plus de 40 % en sept mois. C’est ce que laisse entendre l’Agence internationale de l’énergie : sans un reflux des prix pétroliers, “l’économie mondiale pourrait connaître un ralentissement marqué”, craint-elle. En rappelant, sur la base de plusieurs études historiques, qu’une hausse des cours du brut de 10 % érode, à terme d’un an, la croissance de 0,2 à 0,7 %. Deux ans plus tard, la pénalité peut avoir doublé.

Même en retenant le plancher de la fourchette, la croissance mondiale pourrait donc, en 2012, se situer 0,8 % en dessous des prévisions faites à ce jour. Ce n’est pas négligeable. Les marchés ne s’en inquiètent cependant guère, confortés par le tonus actuel de l’économie mondiale. Wall Street, en particulier, se délecte d’indices de confiance des entreprises et de l’activité industrielle au plus haut depuis 26 ou 27 ans. Seules quelques entreprises technologiques ont jusqu’ici souffert de la désorganisation attendue de l’industrie nippone pendant les semaines à venir. Les conséquences du tsunami seront-elles plus larges ? Il est un peu tôt pour en prendre la mesure.

Même situation pour le secteur nucléaire. Plusieurs valeurs ont sérieusement flanché, avant de se reprendre. Mais qui peut dès aujourd’hui discerner l’ampleur des conséquences de la crise japonaise ? Surtout quand, à la stupéfaction générale, même Pékin annonce le gel temporaire de toutes les autorisations de construire de nouveaux réacteurs. Or, la Chine représente pas loin de la moitié des projets en la matière.

“Si l’histoire se répète et l’inattendu se produit toujours, comme l’homme doit être incapable d’apprendre par expérience !”, complétait George Bernard Shaw, le désabusé. Faux : tandis que les vaniteux prétendent avoir prévu l’inattendu, les gestionnaires talentueux savent d’expérience qu’il faut en appréhender les conséquences avec célérité. Entendez : avant les autres. Pour faire d’un défi une opportunité, suivant l’expression consacrée. Fameux défi en l’occurrence, économique comme politique !

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