FESF dégradé : “L’Eurozone n’a pas de plan B !”

Standard & Poor’s a abaissé d’un cran la note du Fonds européen de stabilité financière. Sans vraie surprise. Si le patron du FESF se veut rassurant, le président de la BCE avoue son pessimisme. Il n’est pas le seul.

Standard & Poor’s a abaissé lundi d’un cran, à “AA+”, la note du Fonds de soutien de la zone euro (FESF), mais n’exclut pas de la relever au triple A si des garanties supplémentaires devaient lui être accordées, selon un communiqué.

Cette décision est la conséquence de l’abaissement de la note de la France et de l’Autriche, qui faisaient partie des Etats notés “AAA” et permettaient au Fonds, par leurs garanties, de bénéficier de la note optimale de S&P. La décision concernant le FESF était donc attendue car la notation de ce mécanisme financier dépend de celles des Etats de la zone euro qui le garantissent, et tout particulièrement de ceux jouissant de la meilleure note.

S&P a toutefois prévenu qu’elle pourrait relever la note du FESF : “Si nous constatons que les obligations à long terme du FESF sont pleinement soutenues par les garanties des Etats membres bénéficiant d’un triple A, nous pourrions relever sa note à AAA.”

FESF dégradé par S&P : il y a les optimistes…

Klaus Regling, patron du FESF, s’est voulu rassurant : “L’abaissement d’un cran de la note du FESF ne réduira pas sa capacité de prêts de 440 milliards d’euros. Le FESF a les moyens de remplir ses engagements actuels et éventuellement d’autres, d’ici la mise en oeuvre du Mécanisme européen de stabilité (MES) en juillet.”

Jun Azumi, ministre japonais des Finances, est venu en aide mardi au FESF, assurant que son pays continuerait d’acheter des obligations du Fonds malgré le retrait de sa note AAA par Standard & Poor’s : “Je ne pense pas que ceci remettra en cause immédiatement la crédibilité des obligations du FESF”, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.

François Baroin, ministre français des Finances, a lui aussi estimé qu’il n’y avait “pas besoin d’agir” sur ce fonds censé endiguer la propagation de la crise, et ce, malgré l’abaissement de sa note : “Le FESF conserve intacte sa capacité de prêt, avec des moyens suffisants et garantis pour remplir l’ensemble de ses engagements présents et à venir”, affirme-t-il dans un court communiqué. Il a également assuré, à l’instar du gouvernement allemand un peu plus tôt, qu’il “n’y a donc pas besoin d’agir sur le FESF actuellement”.

… Et les pessimistes sur l’avenir à court terme du FESF

Mario Draghi ne partage visiblement pas cet optimisme. Le président de la Banque centrale européenne a estimé lundi que le Fonds de secours européen, privé de sa note AAA par Standard & Poor’s, devrait être renfloué pour garder sa force de frappe en l’état. “Il faut des contributions supplémentaires des pays encore notés AAA” pour que le FESF conserve “la même capacité” ou puisse prêter “au même taux”, même après une dégradation, a-t-il dit lors d’une audition devant le Parlement européen.

Wolfgang Münchau, éditorialiste au Financial Times, avouait lui aussi, dans une récente chronique, broyer du noir pour le FESF : “Le Fonds européen de stabilité financière, fonds de secours insuffisant de l’Europe, fait face à une dégradation de note parce qu’il emprunte ses ratings de ses membres. La façon dont le FESF est bâti implique que sa capacité de prêt effective en sera réduite. Bien que l’abaissement de la notation française ne fût pas une surprise, les Etats membres de la zone euro n’ont pas de plan B en la matière, juste quelques scénarios bouche-trous d’urgence.”

Aux yeux de ce spécialiste des affaires européennes, les membres de l’Eurozone “pourraient décider de gérer le FESF et son successeur permanent (Ndlr, le Mécanisme européen de stabilité) de façon concurrente. Ils pourraient également assigner d’emblée, à ce dernier, la totalité de son capital. Mais cela créerait un gouffre dans les budgets nationaux à un très mauvais moment.”

V.D., avec Belga

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