Delhaize Belgique: plus de 100 millions d’euros d’économie par an?

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La restructuration de Delhaize Belgique devrait être plus importante que celle entreprise en 2010 par Carrefour. Elle ressemble à celle que son concurrent néerlandais, Albert Heijn, avait lancé voici dix ans. Ce dernier souffrait alors des mêmes soucis que le groupe belge: ventes et rentabilité en recul.

Le choc est rude. Delhaize n’est pas une entreprise abonnée aux plans Renault. En annonçant la fermeture de 14 magasins et un licenciement collectif qui pourrait concerner jusqu’à 2.500 personnes, le groupe belge a dépassé l’ampleur de la restructuration de Carrefour, en 2010, qui portait sur 1.672 emplois. Un CEO extérieur pour restructurer la Belgique L’opération est annoncée par le nouveau CEO du groupe, Frans Muller, qui a remplacé Pierre-Olivier Beckers en novembre 2013. C’était la première fois que Delhaize allait être dirigé par une personne non liée aux familles fondatrices de Delhaize. “Il aurait sans doute été difficile de lancer une restructuration pareille avec un membre des familles fondatrices” estime Pascale Weber, analyste financière chez KBC Securities. “Cela explique peut-être la raison pour laquelle le nouveau CEO a été recruté hors de l’entreprise.”

Le poids des familles dans le capital n’est pas connu, car il n’y a pas de pacte d’actionnaires, comme c’est le cas chez Colruyt. Il pourrait se situer aux alentours des 20%.

Une économie d’au moins 100 millions d’euros par an Cela fait plusieurs mois que le groupe insistait, dans sa communication financière, sur les performances en recul de Delhaize Belgique. Les ventes avaient reculé au premier trimestre de 0,8%, et le bénéfice avait aussi fondu. Le plan annoncé vise à produire des économies dont l’ampleur n’a pas été indiquée par Delhaize. “Fournir les franchisés était plus rentable que les magasins opérés en propre” note Pascale Weber. “ Cette situation n’était pas normale.”

Elle évalue l’économie potentielle à une centaine de millions d’euros par an. A quoi il faudrait ajouter la disparition des pertes des magasins qui seront fermés (14 magasins). Cela correspond à peu près aux investissements supplémentaires que Delhaize annonce entre 2015 et 2017 : 450 millions d’euros, soit 150 millions par an. Les économies réalisées pourraient payer les investissements, selon l’analyste, qui a fait ses calculs en l’absence d’une évaluation précise de Delhaize.

Un plan de transformation comme celui d’Albert Heijn en 2003 ? Le groupe belge souffre de la montée en gamme d’Aldi et de Lidl. Et aussi de la concurrence que le distributeur néerlandais Albert Heijn crée en Belgique, avec l’ouverture d’une vingtaine de magasins en Flandre.

Il est intéressant de noter qu’Albert Heijn a connu la même situation que Delhaize” continue Pascale Weber. “Il perdait des parts de marché, sa rentabilité se portait mal, et vers 2003, il a entrepris un plan d’économie et de relance.” Albert Heijn a lancé ensuite une guerre des prix qui a secoué le marché néerlandais et relancé la chaine de supermarchés, qui était un peu le Delhaize du Nord.

Frans Muller connait bien Albert Heijn : il est néerlandais. Bien qu’il ait surtout travaillé en Allemagne ces derniers temps, au groupe Metro, il a bien observé les soubresauts des supermarchés dans son pays et n’ignorait rien de la menace que constitue Albert Heijn en Belgique pour Delhaize.

Le plan de transformation de Delhaize suit la procédure Renault. Il pourrait porter sur un nombre de licenciements collectifs inférieurs à celui annoncé de 2.500 personnes. Tout dépendra si certains des magasins promis à la fermeture seront repris par des franchisés, avec tout ou une partie de leur personnel.

Robert van Apeldoorn

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