Le maïs, la nouvelle arme du Mexique face aux États-Unis de Trump

© Reuters

En plein bras de fer commercial avec les États-Unis sur l’Aléna, le Mexique semble avoir trouvé une arme de poids contre l’administration Trump: les exportations de maïs américain et sa très rentable filière.

Après l’essence, le diesel et le gaz naturel, le maïs jaune est le produit américain le plus importé par la deuxième économique d’Amérique latine, qui en a acheté en 2016 pour 2,3 milliards de dollars (+10,36% sur un an), selon le ministère de l’Economie mexicaine.

Mais depuis son arrivée à la Maison blanche, Donald Trump a lancé la renégociation de l’Aléna (Accord de libre-échange nord-américain), qui réunit depuis 1994 dans une vaste zone de libre-échange États-Unis, Canada et Mexique.

Durant sa campagne, il l’avait qualifié de “pire accord” signé par son pays en jugeant qu’il profitait uniquement aux intérêts mexicains et détruisait les emplois américains.

En réponse, le Mexique cherche à diminuer sa dépendance à l’égard du voisin du Nord et explore de nouveaux marchés en Amérique latine: cette éventualité donne des sueurs froides aux producteurs de maïs américains, qui craignent de voir partir leur principal client, amateur de grains de maïs jaune pour nourrir le bétail.

“Nous ne savons pas ce que proposeront les États-Unis (lors des négociations sur l’Aléna, NDLR) et nous devons prendre les devants pour arriver à la table des négociations en position de force”, a expliqué le ministre mexicain de l’Agriculture, José Calzada.

Son gouvernement est en discussions avancées avec le Brésil et l’Argentine et a fourni des prix de références aux importateurs mexicains de maïs, a-t-il ajouté.

Le sénateur de l’opposition de gauche Armando Rios Piter a également déposé une proposition de loi afin d’accroître les achats de cette denrée aux deux géants sud-américains.

“Sans doute les producteurs de maïs (américains) ont été floués par Donald Trump qui leur a dit que le Mexique était le seul à tirer profit de l’Aléna, mais en revoyant la situation, ils devront changer d’attitude”, explique-t-il à l’AFP.

Producteurs américains inquiets

Aux États-Unis, le maïs jaune est un des principaux produits d’exportation de l’Iowa, du Dakota du Nord, du Kansas, du Missouri et du Nebraska. Tous ces États ont voté pour Trump.

“Pour les producteurs, le Mexique est leur principal marché d’exportation, ils sont donc inquiets et veulent maintenir une bonne relation qui dure depuis des générations”, indique à l’AFP Thomas Sleight, président de l’US Grain Council, l’organisation de producteurs et exportateurs de grains aux Etats-Unis.

Les producteurs de ces Etats sont en contact avec leurs représentants à Washington afin de souligner l’importance de l’Aléna pour leurs affaires, a-t-il ajouté.

Ce n’est pas la première fois que ce secteur fait part de ses préoccupations à la nouvelle administration.

Le 23 janvier, trois jours après l’arrivée de Donald Trump à la présidence, l’industrie agroalimentaire a envoyé un courrier à la Maison Blanche pour mettre en avant la hausse des exportations, multipliées par quatre depuis que l’Aléna est entrée en vigueur.

“La meilleure option pour le Mexique pour se fournir en maïs et autres grains se trouve dans le bloc nord-américain composé par les trois pays de l’Aléna, pour des raisons de coût et de logistique”, assure à l’AFP une porte-parole de l’entreprise américaine Cargill, un des signataires de la missive.

Jusqu’à présent, le maïs américain est moins cher pour le Mexique que le brésilien ou l’argentin.

“Le maïs américain nous coûte 198 dollars la tonne, le brésilien 210 dollars et l’argentin 217 dollars”, précise à l’AFP Juan Carlos Anaya, directeur du cabinet d’analyse Grupo consultor de mercados agricolas.

Acheter ce produit ailleurs qu’aux Etats-Unis entraînerait une perte de compétitivité pour l’industrie mexicaine et une hausse des prix de certains produits pour les consommateurs, a-t-il ajouté.

Côté américain, l’impact d’un changement de stratégie commerciale du Mexique ne se limiterait pas aux producteurs de maïs. Le voisin du Sud est également un marché majeur pour les produits laitiers, la viande de porc, le riz, le blé et le soja.

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