La BCE maintient son taux, elle n’y voit pas encore très clair…

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Déception sur les marchés, ce jeudi. La BCE a décidé de ne pas agir, malgré le risque de plus en plus présent de déflation. Mais le président de la BCE estime la situation trop complexe et préfère se donner un mois.

Face à la menace de déflation qui plane sur l’Europe, ou à tout le moins sur sa partie Sud, la Banque centrale européenne a décidé d’attendre. Elle a annoncé ce jeudi qu’elle maintenait son taux directeur (son taux de refinancement) inchangé à 0,25%. De même, son taux de dépôt (le taux auquel elle rémunère les banques qui déposent de l’argent chez elle) reste à zéro, et à l’autre bout du spectre, son taux de prêt marginal se maintient à 0,75%.

Ceux qui avaient pensé que la BCE bougerait face aux craintes de déflation en sont donc pour leurs frais. Pourtant, la menace est réelle. Les prix baissent en Grèce, ne progressent plus, ni en Espagne, ni au Portugal et ne croissent pratiquement plus en Italie. Pour l’ensemble de la zone euro, le taux d’inflation est de 0,7%.

Or, la déflation est le mal à éviter à tout prix : si les agents économiques anticipent une baisse continue et générale des prix, ils retardent leur décision d’investir ou de consommer, ce qui grippe toute la machine économique, et pour longtemps. Il est en effet très, très difficile de la faire repartir. On l’a vu au Japon où la déflation a frappé au début des années 90. Depuis, l’archipel n’a toujours pas retrouvé un taux de croissance normal.

Le président de la BCE Mario Draghi a expliqué ce jeudi l’inaction de la BCE en mettant en avant la complexité de la situation ! La BCE attend d’avoir davantage d’informations pour agir, et espère que les projections économiques qui sortiront en mars et qui engloberont pour la première fois l’année 2016 lui permettront de voir plus clair. On s’attend donc à une action de la BCE le mois prochain.

Mario Draghi a ajouté deux messages ce jeudi.

D’une part, il a voulu quand même rassurer, en rappelant que la BCE reste prête à agir si la situation l’exige, et par tous les moyens. L’institution ne songe donc pas seulement à une baisse des taux, mais également à des moyens moins conventionnels, comme ceux pratiqués par la Réserve fédérale américaine : le “quantitative easing” (la création monétaire), l’achat d’actifs pour freiner la hausse des taux et soutenir les marchés, etc.

Et d’autre part, il regrette le rythme trop lent des réformes structurelles sur le continent, ce qui représente un risque pour la zone, dit-il. Une pierre dans le jardin des gouvernements.

Pierre-Henri Thomas

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