Des actionnaires d’AB Inbev dans le café

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Des actionnaires familiaux belges d’AB InBev, regroupés autour de l’administrateur Alexandre Van Damme, et la famille sud-américaine Santo Domingo, actionnaire de SABMiller, investissent ensemble dans Douwe Egberts. Vont-ils vraiment se contenter de boire le café ensemble ?

“Il y a du Douwe Egberts dans l’air”. Tout le monde se souvient sans nul doute du célèbre slogan qui vantait les mérites de la marque de café à la fin des années 1990. Mais l’arôme diffusé le 12 avril avait plutôt de puissants relents de bière. Un consortium de quatre investisseurs éloigne Douwe Egberts de la Bourse, en mettant sur la table 7,5 milliards d’euros. Des familles belges d’AB InBev, les Van Damme et les van der Straten Ponthoz, en font partie. Fin 2011, elles disposaient déjà, par l’intermédiaire du holding luxembourgeois Patrinvest, d’une participation de 11,03 % dans le pre- mier brasseur mondial.

Parmi les autres membres notables de ce consortium, on trouve le fonds d’investissement Quadrant Capital Advisors Inc., propriété de la famille colombienne Santo Domingo. Cette famille détient, via sa société Bevco, un peu moins de 15 % de SABMiller, deuxième brasseur mondial. Alexandre Van Damme et Alejandro Santo Domingo siégeront tous deux au conseil d’administration de Douwe Egberts. Le second est le directeur général de Quadrant Capital Advisors, et l’un des deux administrateurs de Bevco au sein de SABMiller.

Alexandre Van Damme, 51 ans, est, quant à lui, l’un des représentants des intérêts familiaux belges d’AB InBev. Le petit-fils d’Albert Van Damme, l’homme qui a lancé la Jupiler, siège depuis mars 1992 au conseil d’administration de ce qui était encore Interbrew à l’époque. D’une discrétion extrême, il a joué un rôle crucial lors de différentes reprises et fusions. Il est à la base de la fusion en 2003 avec les Brésiliens d’AmBev, avec pour résultat, en 2004, la naissance du groupe InBev.

Vers une fusion ultime dans la bière ? Cela fait des années que l’on spécule sur une fusion d’AB InBev et SABMiller, fusion ultime ou du moins phase essentielle du parcours de consolidation au sein de l’univers brassicole. Et opération complexe de par le chevauchement d’activités notamment en Chine, aux Pays-Bas, en Amérique du Nord et en Russie. Interbrew avait déjà accompli plusieurs tentatives de rapprochement avec ce qui s’appelait encore South African Breweries à l’époque. En 1992, l’administrateur familial du moment, Arnoud de Pret, s’était rendu en Afrique du Sud mais était rentré bredouille de son voyage. Non seulement il y fut violemment agressé, mais les négociations échouèrent. Aucun accord ne put être trouvé quant à la répartition de l’actionnariat entre les familles belges et les propriétaires éparpillés du brasseur sud-africain.

Ce morcellement est toujours présent aujourd’hui. Contrairement à Heineken et à AB InBev, SABMiller ne dispose d’aucun actionnaire de contrôle. Le principal actionnaire est Altria, propriétaire des cigarettes Philip Morris et de la brasserie Miller, n°2 aux Etats-Unis. En 2002, SAB revend Miller. Altria, qui souhaite des parts plutôt que du cash, reçoit ainsi 430 millions d’actions, soit 27,4 % de SABMiller. Mais Altria n’en dispose pas pour autant d’un actionnariat de contrôle. Le second actionnaire est la famille Santo Domingo, qui se lance aujour-d’hui dans l’aventure du café. Elle est arrivée chez SABMiller en juillet 2005, en obtenant, en échange de la brasserie Bavaria, près de 15 % des actions et deux sièges au conseil d’administration.

Ce rapprochement, par la reprise de Douwe Egberts, entre deux des plus puissantes familles brassicoles au monde, constitue-t-il un test en vue d’une éventuelle autre collaboration ?

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