Le FMI juge “possible” de taxer davantage les plus riches

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La dette publique des Etats développés va atteindre en moyenne 110% de leur PIB. Le FMI estime que les plus gros revenus et les entreprises “ont une marge suffisante” pour contribuer à la réduire.

Le FMI pointe le risque pour la stabilité financière que représente l’endettement des Etats. En moyenne, la dette publique des pays développés devrait atteindre le “pic historique” de 110% de leur produit intérieur brut en 2014, soit 35 points de plus qu’en 2007, écrit le Fonds dans son rapport sur la surveillance budgétaire. “En dépit des progrès sur la réduction des déficits, les fragilités budgétaires profondes restent élevées dans les pays développées”, indique le rapport.

Avec un ratio de dette/PIB de 242,3% prévu en 2014, le Japon devrait encore figurer en tête du peloton des pays développés les plus endettés, suivis par la Grèce (174%), l’Italie (133,1%) et le Portugal (125,3%). Les Etats-Unis, paralysés par une impasse budgétaire, devraient eux voir leur endettement progresser à 107,3% de leur PIB en 2014, loin devant la France et ses 94,8%.

Face à cette situation, le FMI s’aventure sur un terrain qui lui est peu familier en jugeant “possible” de faire davantage contribuer les plus fortunés et les multinationales à la réduction des déficits. “Il semble exister une marge suffisante dans beaucoup de pays avancés pour tirer davantage de recettes des plus hauts revenus”, souligne l’institution.

Optimisation fiscale Sur les seuls Etats-Unis, le Fonds retient une estimation de 60 milliards de dollars de recettes qui seraient perdus chaque année du fait des techniques d’optimisation fiscale des multinationales, un sujet qui a récemment retenu l’attention des pays du G20.

Dans un autre rapport, le Fonds monétaire international se penche sur la question qui devrait dominer son assemblée générale cette semaine à Washington et qui agite les marchés depuis plusieurs mois: la réduction imminente des injections de liquidités de la Réserve fédérale (Fed). Cette échéance, encore incertaine, a déjà provoqué pendant l’été une chute brutale de l’afflux de capitaux dans les pays émergents, faisant plonger leur monnaie et les privant d’une source cruciale de financement. Ces évènements “mettent en lumière des nouvelles inquiétudes pour la stabilité financière”, a averti mercredi José Vinals, directeur du département des marchés financiers au Fonds.

Ce ne pourrait être que le début, selon le FMI. “Les anticipations d’abandon progressif de la politique monétaire accommodante aux Etats-Unis pourraient (…) révéler des zones d’excès financier et de vulnérabilité”, indique son rapport semestriel sur la stabilité financière mondiale. Les pays émergents, qui ont ces dernières années attiré quantité d’investisseurs en quête de rendements élevés, pourraient se retrouver en mal de liquidités à mesure qu’un mouvement de relocalisation s’opère vers les Etats-Unis. Selon une récente étude du lobby bancaire international (IIF), les flux de capitaux vers les pays émergents devraient ainsi fondre cette année de 12,6% par rapport à 2012.

La politique accommodante de la Fed pointée du doigt

“Si ces mesures non-conventionnelles (de la Fed) continuent pendant longtemps, les risques de créer des problèmes de stabilité financière grandiront”, a pourtant critiqué le gouverneur adjoint de la Banque centrale du Mexique, Manuel Ramos-Francia, lors d’une table-ronde. Indirectement mise en accusation, la Fed défend bec et ongles sa politique de rachats d’actifs et de taux directeur proche de zéro. “Ces mesures sont utiles pour l’économie mondiale”, a déclaré mercredi Charles Evans, directeur de l’antenne de la Fed de Chicago. Il a toutefois reconnu que le maintien de taux quasi-nuls encourageait des prises de risques sur les marchés et pourrait faire peser une menace “accrue” sur la stabilité financière y compris aux Etats-Unis où le climat est, selon lui, “plein d’incertitude”.

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