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La Bourse est devenue une véritable foire aux pigeons

Il est rare de voir le monde réel se confondre avec la bande dessinée. C’est pourtant ce qui se passe en ce moment à New York, où une société d’analystes financiers a pris pour nom Gotham City.

Gotham City, c’est le nom de la ville imaginaire de Batman qui comme vous le savez ressemble comme deux gouttes d’eau à New York City. Batman rend en principe la justice dans une ville supposée être gangrénée par le crime et la corruption. C’est justement ce que veulent faire les analystes anonymes de la société dénommée Gotham City.

Et ils y vont fort ces analystes anonymes. Ils viennent, par exemple, de décortiquer sur 90 pages, les comptes d’une société espagnole spécialisée dans les réseaux wi-fi pour les villes et les transports en commun. Et le rapport est accablant : en gros, cette société a menti sur son business à tel point que 90% de son chiffre d’affaires ne serait que du vent. Il faut dire, pour ne citer qu’un seul exemple, que cette société – Gowex pour la nommer – prétendait disposer de 200.000 bornes wi-fi, alors qu’en réalité, ce cabinet d’analystes anonymes en a dénombré à peine quelques milliers – et tout le reste est du même tonneau.

Quand le rapport a été dévoilé, la société espagnole a dû reconnaître les faits et est tombée en faillite. Gotham City, la société d’analystes justiciers, n’en est pas à son coup d’essai, elle a déjà mis en difficultés d’autres firmes en dévoilant ce qu’elles ne voulaient pas qu’on dévoile !

Bravo, direz-vous ! Il y a encore des gens honnêtes en ce bas monde, prêts à se battre pour dire la vérité et donc éviter aux épargnants des déconvenues… Gotham City dénonce effectivement les sociétés dont le business model est bidon, mais ce n’est pas pour protéger la veuve et l’orphelin. En réalité, Gotham City est le premier bénéficiaire de ces mauvaises nouvelles. Comment ? Gotham City pratique ce qu’on appelle la vente à découvert. Elle vend des actions qu’elle ne possède pas mais dont elle sait pertinemment qu’elles vont chuter, avant de les racheter pour 3 fois rien pour les revendre aux acheteurs initiaux et prendre une belle plus-value au passage. Dans le jargon des boursiers, on parle de “shorter” une action. Ce n’est pas joli et cela confirme qu’entre les robots traders face auxquels vous n’avez aucune chance, les arnaqueurs, et les justiciers tout aussi arnaqueurs, la Bourse est devenue une véritable foire aux pigeons. Et le pigeon, c’est bien entendu l’épargnant moyen.

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