Avant Kerviel : ces autres traders rattrapés par la justice

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Jérôme Kerviel a été condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme. Il n’est pas le premier trader à être rattrapé par la justice. De Yasuo Hamanaka à Nick Leeson : rappel des faits.

Yasuo Hamanaka (Sumitomo) : huit ans de prison

En charge des activités de marché pour le cuivre au sein de la maison de négoce japonaise Sumitomo, Yasuo Hamanaka a fait perdre à son employeur, de 1986 à 1996, 2,6 milliards de dollars. Pendant 10 ans, celui qui contrôle à lui seul environ 5 % du marché mondial du cuivre a réussi à cacher à sa hiérarchie des pertes toujours plus colossales. En 1996, cependant ses transactions frauduleuses sont découvertes et il écope d’une peine de prison de huit ans. D’après la presse professionnelle, Yasuo Hamanaka, libéré en 2005, serait revenu au trading et exercerait à Tokyo.

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John Rusnak (Allied Irish Bank) : sept ans et demi de prison

En février 2002, la filiale américaine d’Allied Irish Bank découvre que John Rusak, opérateur sur le marché des devises, a camouflé une perte de 700 millions de dollars. Depuis le milieu des années 1990, le cambiste tentait de dissimuler des pertes en réalisant des opérations de change fictives. Alors qu’il plaide coupable, la justice lui inflige une peine d’emprisonnement de sept ans et demi et le condamne à payer les pertes occasionnées au groupe bancaire, soit 1.000 dollars d’amende par mois, pendant cinq ans après sa sortie de prison.

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Nick Leeson (Barings) : six ans et demi de prison

En 1995, le jeune trader, âgé de 28 ans, provoque la banqueroute de la plus vieille banque d’Angleterre. Alors qu’il parie sur une hausse de l’indice de la Bourse de Tokyo, et spécule sur le prix du pétrole, Nick Leeson, basé à Singapour, accumule des pertes de 850 millions de livres (1,2 milliard de dollars). Des placements à découvert supérieurs aux fonds propres de Barings conduisent la banque à la cessation de paiement. Elle est rachetée pour 1 livre sterling symbolique par ING.

En fuite, Nick Leeson, surnommé le “trader rebelle”, est arrêté à l’aéroport de Francfort. Après avoir purgé la moitié de sa peine de prison de six ans et demi, il raconte son histoire dans un ouvrage qui deviendra, en 1999, le film Rogue Trader. Reconverti dans le sport, il dirige aujourd’hui le club de football Galway United. En janvier 2008, alors qu’éclate l’affaire Kerviel, l’ancien trader déclare : “J’imagine que Jérôme Kerviel a dû ressentir un étrange soulagement parce qu’il n’avait pas été capable d’arrêter tout ça tout seul.”

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Toshihide Iguchi (Daiwa Bank) : quatre ans de prison

En 1995, la filiale new-yorkaise de la banque japonaise Daiwa découvre qu’un trader, Toshihide Iguchi, a causé une perte de 1,1 milliard de dollars. Pendant 11 ans, pour masquer une erreur, le trader met le doigt dans une spirale infernale en opérant avec les fonds de la banque, à l’insu de ses supérieurs. Petit à petit, les pertes s’accumulent. Et Toshihide Iguchi est contraint de confesser ses agissements. Il reconnaît avoir réalisé 30.000 opérations illicites. L’enquête conclura que les contrôles les plus élémentaires faisaient défaut et que tous les échelons de la hiérarchie du trader ignoraient les contraintes réglementaires. En 1997, il plaide coupable et est condamné à une peine d’emprisonnement de quatre ans.

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Brian Hunter (Amaranth Advisors) : 30 millions de dollars d’amende

En 2006, Brian Hunter précipite la faillite du fonds spéculatif Amaranth Advisors, pour lequel il opère en tant que trader sur les marchés énergétiques. S’appuyant sur la prédiction d’un accroissement du nombre d’ouragans dans le golfe du Mexique, il parie sur un renchérissement des prix du gaz. Il se trompe. Et sur 9,2 milliards de dollars investis, 6,5 milliards sont perdus. Le trader canadien échappe à la prison mais écope d’une amende de 30 millions de dollars. Malgré ses déboires, l’homme persiste dans la voie de la spéculation. Quelques mois après la déroute d’Amaranth, il lance un fonds d’arbitrage sectoriel sur les ressources naturelles, Solengo.

Richard Bierbaum (Calyon) : licenciement

En septembre 2007, ce courtier américain de la succursale new-yorkaise de Calyon provoque une perte de 250 millions d’euros. Il prend des risques excessifs en opérant sur les marchés du crédit pour des montants anormalement élevés. Il ne sollicite pas l’autorisation de sa hiérarchie et dépasse les limites établies par l’établissement. Le trader, licencié, aurait engagé un avocat pour poursuivre son employeur.

Boris Picano-Nacci (Caisses d’Epargne) : instruction en cours

A l’automne 2008, ce jeune et brillant trader, spécialiste des produits dérivés, fait perdre 751 millions d’euros aux Caisses d’Epargne. Agé de 33 ans, Boris Picano-Nacci est mis en examen, en novembre 2008, pour “abus de confiance”. On lui reproche d’avoir pris des positions hors normes sur les marchés. Contrairement à Jérôme Kerviel, il souhaite rester discret et refuse de médiatiser l’affaire. La juge en charge du dossier mène l’instruction en évitant tout tapage médiatique.

Catherine Mollicone, L’Expansion.com

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