Fortis : une bonne affaire pour l’Etat belge

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BNP Paribas s’empare de la participation minoritaire de l’Etat belge dans l’ex-Fortis pour un peu plus de 3 milliards d’euros. Un bon deal pour les caisses publiques ? Visiblement, oui.

Une page de l’histoire financière du pays se tourne. L’Etat belge et BNP Paribas ont trouvé un accord pour revendre les 25 % qu’il détenait dans le capital de l’ex-Fortis Banque. Le montant de la transaction s’élève à un peu plus de 3 milliards d’euros. Cette vente n’est pas une surprise. On savait que le gouvernement étudiait la possibilité de revendre certains de ses bijoux de famille.

L’Etat, dans cette opération, réalise une plus-value de 900 millions d’euros. Ce qui lui permet de ramener la dette publique sous la barre symbolique de 100 % du PIB. BNP Paribas Fortis devient du même coup française à 100 %. Autrement dit, elle sera intégralement détenue par la grande banque française.

Alors que d’aucuns (surtout au nord du pays) estiment que ces 25 % restants dans l’ex-Fortis ont été bradés, le ministre des Finances Koen Geens (CD&V) se dit lui satisfait du prix obtenu. C’est selon lui, un bon prix compte tenu des circonstances de marché : le seul acheteur possible pour les dernières parts de l’Etat étant la maison mère BNP Paribas, dans laquelle l’Etat belge conserve par ailleurs un peu plus de 10 %.

BNP a payé un peu cher

D’accord, pas d’accord ? Pour Christophe Nijdam, analyste bancaire chez AlphaValue, à Paris, l’Etat belge fait plutôt une bonne affaire. “Les estimations tournaient aux alentours de 1,5 à 2 milliards d’euros, en dessous des 3,25 milliards obtenus. Il faut aussi garder en tête que ces 25 % dans l’ex-Fortis Banque sont une position minoritaire illiquide. Ce qui, en principe, vaut toujours moins qu’un paquet de titres cotés en Bourse quand ils sont assortis d’une position majoritaire. C’est donc une bonne opération pour l’Etat belge qui, de façon opportune, va lui permettre de respecter ses engagements en matière de réduction de la dette publique.”

Du même coup, se pose la question suivante : pourquoi BNP Paribas a-t-elle accepter de payer un peu cher ? Pourquoi l’Etat belge, plutôt que de céder ces 25 %, ne s’est-il pas délesté d’une partie ou de la totalité des 10 % détenus dans la maison mère ? “Cette deuxième possibilité a manifestement coiffé le cours de Bourse de BNP Paribas au cours de ces dernières semaines, poursuit Christophe Nijdam. Avec l’opération qui a été négociée, cette incertitude immédiate liée à l’arrivée d’un gros paquet de titres BNP Paribas sur le marché a disparu. L’information que je considère comme moins positive d’avoir payé un peu cher les 25 % dans Fortis est compensée par le bon signal donné au marché de voir l’Etat belge rester actionnaire de référence du groupe BNP dans son ensemble un peu plus longtemps. Cette incertitude levée, restent encore celles concernant les risques juridiques autour de BNP : marché des CDS, débâcle financière de Fortis, transactions avec des pays sous embargo américain.”

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