Une expo dédiée à une figure majeure de la photographie japonaise

Comment les marques de luxe s’investissent-elles pour créer un monde meilleur ? Les partenariats culturels de Cartier en sont un bel exemple. La Fondation Cartier, à Paris, présente jusqu’au 5 juin une exposition dédiée au photographe japonais Daido Moriyama.

Après avoir organisé, en 2003, la première grande exposition en France dédiée à cette figure majeure de la photographie japonaise qu’est Daido Moriyama, la Fondation Cartier pour l’art contemporain lui en consacre une nouvelle aujourd’hui.

Daido Moriyama est né à Ikeda en 1938. Il a donc assisté aux évolutions que son pays a connues au cours des dix ans qui ont suivi la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Cette rupture d’après-guerre avec les valeurs traditionnelles du Japon est l’un des thèmes majeurs de son oeuvre. L’artiste a étudié le graphisme à Osaka, mais il s’est rapidement consacré à la photographie et s’est installé à Tokyo en 1961. Les travaux des photographes d’avant-garde de la Vivo Agency, en particulier ceux de Shomei Tomtasu et d’Eokoh Hosoe, ont été une source d’inspiration pour lui. Du premier, il a retenu une fascination pour les bas-fonds de la vie urbaine, du second le goût de la théâtralité et de l’érotisme. A la même époque, il a découvert le travail des Américains William Klein et Robert Frank, dont il a retenu l’approche très orientée sur l’action qui caractérise la photo des rues. Tous ces photographes l’ont incité à capturer ses sujets en mouvement, se servant à cet effet d’un petit appareil portatif, véritable prolongement de son corps.

Une expo dédiée à une figure majeure de la photographie japonaise

Ces influences sont surtout présentes dans ses premiers travaux, lors de ses débuts en 1964 en tant que photographe free-lance, et dans les projets réalisés pour Provoke, le magazine de photographie avant-gardiste qu’il a rejoint en 1968. Hors-cadre, chancelantes ou brutalement découpées, ses photos donnent naissance à un nouveau langage visuel qui exprime la réalité conflictuelle d’une société coincée entre tradition et modernité. Elles traduisent la nature féroce de la vie telle qu’elle apparaît dans la métropole. Ce style, qui s’exprime en noir et blanc, caractérise les premières publications de Daido Moriyama, Japan: A Photo Theater (1968) et Farewell, Photography (1972).

UN LIEN PARTICULIER AVEC LE JAPON

L’exposition ‘Daido Moriyama, Daido Tokyo’ qui a lieu à la Fondation Cartier présente les travaux récents du photographe et donne largement à voir un aspect méconnu – bien qu’omniprésent depuis vingt ans – de son oeuvre : la photo en couleurs. Cela a été l’occasion aussi pour la Fondation de commander à l’artiste une nouvelle oeuvre : une présentation unique de photos noir et blanc sous forme de diapositives projetées sur divers écrans, qui, au même titre que ses photos couleurs, met crûment en images le flux constant de la vie urbaine.

Arnaud Carrez, directeur du marketing et de la communication de Cartier : ” Je me sens beaucoup d’affinités avec des photographes japonais tels que Daido Moriyama, Hiroshi Sugimoto, Araki… J’ai été le directeur marketing et communication de Cartier au Japon et j’ai donc eu l’occasion d’approfondir ma connaissance de l’art japonais via la Fondation Cartier.

La Fondation Cartier a toujours entretenu des liens étroits avec le Japon.

Dès 2005, j’ai eu pour mission – en plus de m’occuper des stratégies locales de marketing et de communication – de promouvoir l’image institutionnelle de l’entreprise, en orchestrant de grandes expositions : ‘La Collection de la Fondation Cartier pour l’art contemporain’, en 2006, au Musée d’Art Contemporain de Tokyo (MOT), première rétrospective de la Fondation Cartier à Tokyo, et ‘Story of… Memories of Cartier Creations, en 2009, au Tokyo National Museum. La Fondation Cartier a toujours entretenu des liens étroits avec le Japon. Grâce à elle, plusieurs artistes japonais – Issey Miyake, Takashi Murakami… – se sont vu offrir l’occasion d’exposer à Paris. Comme c’est une nouvelle fois le cas pour Daido Moriyama. ”

TEXTE BEN HERREMANS & ANJA VAN DER BORGHT

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