La Montre d’Aviateur connaît une refonte importante

Big Pilot's Watch Annual Calendar édition 'Le Petit Prince'

Quatre-vingts ans après la naissance de sa première Montre d’Aviateur, IWC renoue avec les éléments de style les plus marquants de cette collection historique, tout en élargissant son entrée de gamme pour conquérir un nouveau public.

Il n’existe pas plus d’une dizaine de véritables icônes dans le monde horloger, et IWC a la chance d’en posséder deux. En 2015, la manufacture suisse allemande a affiné les traits de sa montre Portugaise, dont les multiples déclinaisons haut de gamme en ont fait sa collection la plus lucrative. Cette année, c’est au tour des Montres d’Aviateur de connaître une refonte importante.

” Dans le monde d’aujourd’hui, on doit répondre à de nombreux besoins du consommateur “, observe Georges Kern, CEO d’IWC, qui voit dans le climat économique actuel une occasion de gagner de nouvelles parts de marché. ” Au cours des 10 dernières années, le prix des montres a fortement augmenté, mais le secteur a perdu des consommateurs. Pour les regagner, il faut offrir des produits à des prix plus raisonnables. Une stratégie que nous avons mise en oeuvre pour la Portofino, et que nous poursuivons maintenant pour les Montres d’Aviateur. Mais nous y introduisons aussi des complications – une nécessité pour démontrer notre compétence. “

Au cours des 10 dernières années, le prix des montres a fortement augmenté, mais le secteur a perdu des consommateurs. Pour les regagner, il faut offrir des produits à des prix plus raisonnables.

Pour atteindre son objectif, la marque a élargi l’entrée de gamme de la collection Montres d’Aviateur et propose désormais des modèles plus petits et plus élégants – une automatique de 36 millimètres de diamètre et une Mark XVIII de 40 millimètres – destinés à lui ouvrir de nouveaux horizons : ceux d’un public féminin et du marché asiatique, où les hommes ont des poignets plus fins. Ce segment d’entrée de gamme est également celui où apparaissent pour la première fois les deux nouveaux mouvements de base maison (automatique et chrono) à vocation plus démocratique que les autres calibres manufacture.

Georges Kern, CEO d' IWC.
Georges Kern, CEO d’ IWC.

Parallèlement, IWC continue à brasser large grâce à de nombreux modèles répartis entre les différentes lignes de la collection (Classic, Top Gun, Spitfire) et ses éditions exclusives (Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry). Mais les deux pièces maîtresses de la nouvelle collection sont sans conteste les Grandes Montres d’Aviateur Heritage (55 ou 48 mm) directement inspirées d’une montre d’observation produite dans les années 1940.

Quels que soient leur taille et leur niveau de sophistication technique, tous les nouveaux modèles témoignent d’une finition extrêmement soignée, avec notamment un emploi quasi généralisé de bracelets en veau de la maison italienne Santoni.

Quelques semaines avant la présentation officielle au salon horloger de Genève (SIHH), la marque avait levé le voile sur cette nouvelle flottille horlogère dans un cadre prédestiné : l’Air Force Center de Dübendorf, près de Zurich, siège d’un important musée de l’aviation mais aussi base opérationnelle de quatre trimoteurs Junkers JU-52 contemporains de la première montre d’aviateur d’IWC.

Pilot's Watch Automatic 36
Pilot’s Watch Automatic 36

L’appellation actuelle de la collection découle directement de celle du premier instrument de poignet conçu par IWC pour l’aéronautique, sorti en 1936 sous le nom de ‘Montre spéciale pour Aviateur’. Née d’une passion pour l’aviation partagée par les frères Ernst et Rudolf Homberger, fils du dernier propriétaire privé de la marque, cette montre-bracelet présentait déjà de solides garanties techniques pour un usage dans un cockpit : verre très solide, lunette tournante avec aiguille repère pour les temps courts, protection contre le magnétisme, aiguilles et chiffres luminescents.

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, IWC devint l’une des sociétés horlogères suisses et allemandes auxquelles la Luftwaffe fit appel pour fabriquer des montres d’observation destinées à l’équipage de ses bombardiers. D’un diamètre standard de 55 millimètres, ces Beobachtungsurhen étaient portées par-dessus la combinaison de vol, fixées par un épais bracelet de cuir, et étaient animées par des mouvements de montre de poche propres à chaque fabricant, caractérisés par la possibilité de stopper l’aiguille des secondes pour synchroniser la montre avec un signal radio ou une horloge mère. Le mouvement de la montre 52 T. S. C. (Tirette Stop Seconde) d’IWC, produite à environ un millier d’exemplaires, était un 18 lignes (40,61 mm) équipé d’un spiral Breguet, protégé du magnétisme par un boîtier interne en fer doux.

Nous souhaitions retrouver le look authentique – historique même – des montres d’aviateur, qui découle de la clarté de son cadran, d’une sobriété intemporelle et d’un certain minimalisme.

Ironie de l’histoire, lorsque, en juin 1940, l’aviation allemande chercha un raccourci à travers l’espace aérien helvétique pour frapper les bases françaises de Lyon et Saint-Etienne, elle subit de sérieux revers face à des pilotes suisses très déterminés, parmi lesquels figurait un certain Rudolf Homberger considéré comme l’un des héros de cette bataille… Soucieuse de protéger sa neutralité, la Suisse en tirait aussi profit. Ainsi, à l’époque où la marque fabriquait des montres d’observation pour les Allemands, elle fournissait également des montres-bracelets aux Anglais. Collaboration qui allait déboucher en 1948 sur la création de la mythique Mark 11, que les pilotes et navigateurs de la Royal Air Force portèrent jusqu’au début des années 1980. Résistante aux pressions, aux écarts de température et aux influences magnétiques, dotée d’un cadran épuré, elle est devenue l’archétype de la montre d’aviateur telle qu’on continue à la concevoir aujourd’hui chez IWC.

PIONNIERS, HIER ET AUJOURD’HUI

Le patrimoine génétique légué par ces modèles historiques est particulièrement mis en lumière dans la collection actuelle, comme le souligne Christian Knoop, directeur créatif d’IWC. ” Nous souhaitions retrouver le look authentique – historique même – des montres d’aviateur, qui découle de la clarté de son cadran, d’une sobriété intemporelle et d’un certain minimalisme. L’ensemble de la ligne est placé sous le signe du modèle d’origine. Pour cette même raison, nous sommes résolus à réintroduire le chiffre 9, qui avait disparu du cadran de la Grande Montre d’Aviateur lors de son retour en 2002. Le repère triangulaire est, lui aussi, revenu à sa place habituelle – à 12 heures, sous la minuterie. “

Big Pilot's Heritage Watch 55.
Big Pilot’s Heritage Watch 55.

Ce désir d’authenticité se reflète particulièrement dans la réalisation de deux éditions limitées Heritage de la Grande Montre d’Aviateur. La première (55 mm) est exactement de la même taille que le modèle 52 T. S. C. de 1940, et vise clairement un public de collectionneurs (100 exemplaires). La seconde (48 mm) se prête sans doute mieux à un usage quotidien (1.000 exemplaires). La légèreté de leur boîtier en titane les rendent l’une et l’autre agréables à porter.

Mais au-delà de leur format exceptionnel, ces pièces se distinguent aussi par un foisonnement de détails authentiques qui devraient ravir les collectionneurs. Christian Knoop : ” Pour les modèles Heritage, nous avons voulu, dès le départ, rester fidèles au design d’origine – qu’il s’agisse de la conception du cadran, de la couleur des chiffres luminescents, des bracelets rivetés en veau ou des aiguilles en forme de pales d’hélice… Comme si l’on revenait à l’époque des pionniers de l’aviation – tout en bénéficiant des dernières technologies horlogères. Parmi celles-ci, outre les calibres de manufacture IWC, figurent l’embrayage à glissement qui permet de protéger le mécanisme de remontage manuel d’un remontage excessif, le boîtier en titane ou encore le boîtier interne en fer doux qui assure une protection contre les champs magnétiques. “

Enfin, comme chaque année, IWC présente les collections exclusives Antoine de Saint-Exupéry et Le Petit Prince – cette dernière équipée de cadrans bleus qui, semble-t-il, rencontrent un grand succès. Le jeune héros imaginé par le pilote et poète Antoine de Saint-Exupéry est juché sur la masse en or d’une Grande Montre d’Aviateur Calendrier Annuel – la première apparition de cette complication dans cette collection.

TEXTE PATRICK DELAROCHE

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