Grâce aux Repair Cafés, on ne jette plus, on répare

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Et si au lieu de jeter, on réparait ? Tel est le pari des Repair Cafés, des lieux chaleureux où l’on peut donner une seconde vie à ses objets sans débourser un centime.

Le principe des Repair Cafés est simple. Un objet auquel vous tenez beaucoup a rendu l’âme, mais vous n’avez pas les moyens de le réparer, et votre bonne conscience vous interdit de le jeter à la poubelle. Il vous suffit alors de vous rendre dans l’un des lieux dédiés, avec l’objet en question sous le bras. Là, on vous fait remplir quelques papiers, puis on vous demande de patienter autour d’un petit goûter. C’est le seul moment de la journée où vous devrez ouvrir votre portefeuille. Après, tout est entièrement gratuit.

D’Amsterdam à la Belgique

Si des objets aussi variés que des ordinateurs, des vélos, des jouets d’enfants ou même des pantalons peuvent être réparés, c’est grâce à une petite armée de bénévoles : ils sont entre dix et vingt par session en moyenne. Ce ne sont pas forcément des professionnels, juste des passionnés. En plus de tenter de redonner vie aux choses auxquelles vous tenez, ils vous aident aussi à les réparer vous-même. Ainsi, à la prochaine panne, vous pourrez peut-être remédier au problème tout seul.

Le concept est né grâce à Martine Postma, une ancienne journaliste. Néerlandaise, c’est à Amsterdam qu’elle a ouvert le premier Repair Café, en 2009. Depuis, elle en a créé quarante dans tout le pays. La tendance s’est aussi exportée à travers le monde : il y en aurait aujourd’hui plus de 700 sur la planète. Parmi les pays les plus friands de Repair Cafés, il y a la Belgique, qui en compte une cinquantaine.

Moins de déchets, de belles économies, et de la solidarité

Ces lieux sont devenus indispensables à certains qui n’ont pas les moyens par exemple de s’offrir la réparation de leur ordinateur, ni d’en acheter un nouveau. Mais ils sont aussi destinés à lutter contre l’obsolescence programmée. Les objets qui nous semblent de plus en plus fragiles sont paradoxalement de plus en plus difficiles à réparer. Lorsqu’ils se cassent, faute de trouver les pièces détachées nécessaires, ou de ne pas savoir comment s’y prendre, on préfère alors bien souvent les jeter.

Résultat, nous produisons beaucoup de déchets. En moyenne, un Européen en produit 481 kilos par an. Un chiffre qui pourrait être réduit grâce à de telles initiatives. Par exemple, pendant la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets, 130 Repair Cafés se sont unis autour d’un objectif commun, celui d’éviter pas moins de 3.200 kilos de déchets. Toute l’année, à chaque session, trente-cinq objets passeraient entre les mains des bénévoles. Vingt-cinq d’entre eux seraient sauvés.

Le Repair Café n’a pas que des ambitions économiques ou écologiques, c’est aussi un havre de solidarité. Il rassemble des personnes de tous âges, tous milieux, qui discutent entre deux réparations et redécouvrent le partage. Certains cafés ont d’ailleurs poussé le concept un peu plus loin, en proposant une “Give Box” dans un coin. On peut y déposer ce dont on ne se sert plus, et se servir parmi les autres dons.

Et les professionnels, dans tout ça ?

Une question peut vous titiller l’esprit, celle de savoir si ce système ne porte pas préjudice aux réparateurs professionnels. Dans une vidéo, Benoît, co-gestionnaire d’un Repair Café de la région bruxelloise répond à cette interrogation. Pour lui, il n’y aurait que “très très peu de concurrence“. “Ce qu’on répare la plupart des commerçants ne le réparent plus actuellement“, explique-t-il. De plus, aux Repair Cafés, on ne s’occupe que des petits objets. Les frigidaires et cuisinières vous coûteront donc encore un peu d’argent…

Si l’envie vous en venait d’ouvrir un tel lieu dans votre quartier, vous pouvez vous adresser directement à l’organisation Repair Café (qui liste les cafés de Belgique et d’ailleurs). On vous fournira un petit kit de démarrage, et vous n’aurez qu’à y ajouter un peu de bonne volonté, un lieu, et quelques copains bricoleurs.

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