Entreprendre et améliorer le monde

Chivas: The Venture. © Chivas

Les entrepreneurs sociaux qui ambitionnent de remporter le 12 janvier 2017 la première finale belge du Chivas Regal The Venture devront convaincre un comité composé de trois jurés et d’un coach. Quatre cerveaux, parmi lesquels Bruno Wattenbergh. Lors du lancement de cette édition belge, l’homme a dévoilé sa vision sur l’entreprise sociale au micro de Julie Cruyt.

Bruno Wattenbergh: un homme, trois fonctions. COO d’Impulse. brussels, une agence qui informe, oriente et encadre les entrepreneurs dans la Région de Bruxelles-Capitale. Professeur et directeur chez Solvays Innovation. Etbusiness watcher chez RTL. Le 28 septembre dernier, l’homme est venu au Country Club B19 à Bruxelles, donner le coup d’envoi, aux côtés des autres jurés de The Venture, du concours par lequel Chivas Regal soutient l’entreprise sociale, devant unn public sélect d’entrepreneurs à la fibre sociale. Julie Cruyt, coach en start-up, quiassurait la présentation, s’est entretenue avec Bruno Wattenbergh.

Pourquoi la marque Chivas Regal s’est-elle adressée à vous?

Bruno Wattenbergh: ” Son représentant m’a contacté en ma qualité de juré du BetaGroup, une organisation qui donne un coup de pouce aux start-up technologiques belges. Ce qui est amusant, c’est que Impulse. brussels et Chivas Regal ont leurs bureaux dans le même bâtiment – nous aurions donc déjà pu nous croiser dans le parking souterrain. Nous avons rapidement adhéré au concept The Venture parce qu’il s’agit d’une initiative positive en faveur de l’entreprise sociale. Il s’adresse aux types d’entreprises et d’entrepreneurs pour lesquels Impulse. brussels se veut être un incubateur dans la Région bruxelloise. C’est pour nous une belle occasion d’élaborer une synergie et de promouvoir des activités que nous encadrons mais qui ne sont pas toujours connues. “

Qu’est-ce qui vous attire dans The Venture?

” L’initiative attire l’attention sur l’économie sociale. Bruxelles compte le plus grand nombre d’entreprises débutantes par habitant en Belgique. Ce que l’on ignore souvent, c’est qu’une bonne partie de ces starters sont des entrepreneurs sociaux. Pour nous, The Venture est l’occasion idéale de montrer que ces entreprises prospèrent depuis plusieurs années. Je pense aux Petits Riens ou à Mister Genius (réparation ICT), et à nombre d’autres exemples d’activités économiques exerçant un impact sur la communauté ou l’environnement. En matière d’entreprises, le spectre est large. Il y a celles qui recherchent uniquement la création de valeur au profit d’actionnaires. Et à l’opposé, les entrepreneurs qui prennent le risque de lancer leur propre activité et de gagner de l’argent (sans quoi il ne servirait pas à grand-chose d’entreprendre) tout en accordant de l’importance à la communauté. “

De fait, pour participer à The Venture, les entreprises sociales doivent poursuivre un but lucratif.

” C’est en effet la définition que Chivas Regal donne à l’entreprise sociale: il doit s’agir d’une entreprise privée qui réalise des profits, tout en apportant clairement une valeur ajoutée à la communauté. Je sais qu’en Belgique, les entreprises de ce type ont souvent le statut d’ASBL. Sans but lucratif, donc. Les entrepreneurs sociaux questionnent beaucoup Impulse. brussels sur le statut le plus approprié pour déployer leurs activités et il est fréquent que cela débouche sur la constitution d’une ASBL. L’approche ne correspond pas entièrement à la vision anglo-saxonne de la différence entre le marchand (profit) et le non-marchand (non-profit). Ces nuances font d’ailleurs l’objet de discussions avec Chivas Regal. Quoi qu’il en soit, le point de départ reste fort et le concours offre à des entreprises l’occasion d’être présentées à un large public. “

Le gagnant de la finale internationale remportera un million de dollars. Mais l’enjeu dépasse le simple fait de remporter une somme d’argent.

” C’est une belle somme pour le lauréat, mais il s’agit aussi pour l’entreprise et ses collaborateurs d’être reconnus dans le choix qu’ils font de servir les intérêts d’une communauté. Le lauréat gagne surtout l’opportunité de diffuser des initiatives et des idées locales en Europe et dans le monde entier. Et de montrer qu’il est possible d’entreprendre autrement. “

GÉNÉRATION Y: L’IDÉAL D’UN MONDE MEILLEUR

N’avez-vous pas été surpris qu’une marque de whisky lance une telle initiative?

” De fait, à première vue, il y a de quoi être étonné. The Venture sera sans doute bénéfique à réputation de Chivas Regal, mais une telle approche figure aussi dans son ADN. Depuis sa naissance voici plus de 150 ans, la marque a toujours veillé à ce qu’une partie de ses bénéfices retourne à la communauté sous une forme ou une autre. En cela, elle est unique en son genre. The Venture prend sa source dans une tradition remarquable. Il est fabuleux d’encourager l’entreprise sociale. En soi, entreprendre est important, mais on constate que c’est surtout la génération Y qui s’intéresse à la fois au business et aux enjeux sociaux. Elle veut changer le monde en entreprenant et avoir d’autres sujets de conversation que le chiffres d’affaires. Il n’est donc pas étonnant qu’en Belgique, une nouvelle entreprise sur trois soit aujourd’hui une entreprise sociale. En Europe, cette moyenne est d’une sur quatre. Fin 2014, on comptait en Belgique 18.074 entreprises sociales, représentant 371.478 emplois, soit 11,9 % du travail rémunéré. “

Chivas Regal supporte l'entreprise sociale.
Chivas Regal supporte l’entreprise sociale.© Chivas

Il s’agit d’entrepreneurs débutants. De quoi ont-ils surtout besoin?

” A Bruxelles, quelque dix à onze mille entreprises sont créées chaque année. La moitié n’a pas besoin d’accompagnement. Mais au moins un entrepreneur débutant sur cinq a besoin d’ aide. Parce qu’il n’a pas les connaissances requises ou parce que son réseau n’est pas assez étoffé. Impulse. brussels leur apporte une aide essentielle sous forme d’informations, de soutien, de conseils et d’encadrement. Nous disposons d’un vaste réseau de partenaires publics et privés grâce auquel tout qui compose le 1819 (le numéro abrégé d’Impulse. brussels) obtient rapidement une information de qualité. Jusqu’il y a peu, nous accordions moins d’attention à l’entreprise sociale parce qu’elle relevait d’autres instances spécialisées, mais les temps changent. Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de catégoriser les entreprises selon leur activité. Nous les encadrons toutes de façon similaire, qu’elles soient sociales ou non, et nous avons développé des initiatives qui s’accordent aux nouveaux modèles d’activités. Dont COOPCITY, notre incubateur d’entreprises sociales. “

Ce sont non pas les chercheurs et les théoriciens qui changent le monde, mais les gens qui entrepennent.

UN CONCEPT SIMPLE AUTOUR DU PLASTIQUE

Créé il y a trois ans, c’est la première fois que le concours mondial The Venture est organisé en Belgique. Qu’avez-vous appris des lauréats des éditions précédentes?

” Cette année, le concours a été remporté par un projet colombien: Conceptos Plásticos. Cette entreprise fait d’une pierre deux coups en poursuivant à la fois un objectif écologique et social. Elle recycle des déchets en plastique et produit des modules bon marché servant à construire des maisons pour une population défavorisée. Le concept est simple et ne requiert ni bagage technique ni formation. Il rappelle la façon dont on construit des maisons en briques Lego. Je suis plus convaincu que jamais que ce sont pas non les chercheurs et les théoriciens qui changent le monde, mais les gens qui entreprennent. Ce sont eux qui trouvent des solutions rentables aux problèmes de santé, d’inégalité sociale et d’environnement. “

www.chivas.com

TEXTE DIRK REMMERIE

JURY ET COACHES: LE TEAM BELGE

1. SÉBASTIEN DELETAILLE

QUI? CEO et cofondateur en 2009 (avec Loïc Jacobs van Merlen) de Real Impact Analyses (RIA), spécialisé en analyses télécom et intelligence business. Il transforme des données en campagnes à des fins commerciales et philanthropiques. Il a étudié à la Solvay Brussels School et a entamé sa carrière comme analyste business chez McKinsey & Company. Il a contribué avec RIA à plus d’une centaine de projets en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient. RIA compte actuellement plus de 120 collaborateurs répartis dans le monde entier.

POURQUOI? ” En Belgique, nous manquons d’ambition. Trop d’entrepreneurs se limitent à un marché régional ou national. Nous devons viser l’Europe, le monde. Je suis séduit par l’aspect international de The Venture. Et un vrai entrepreneur se préoccupe de l’impact social de ses actes. RIA a développé le programme de gestion de données Data for Good par lequel nous soutenons des gouvernements et des instances internationales dans leur lutte contre la pauvreté, les crises alimentaires, les épidémies et autres catastrophes humanitaires. Participer à un projet tel que The Venture est pour moi la chose la plus naturelle au monde. ”

2. CATHERINE ALEXANDRE

QUI? Journaliste de formation. La communication et l’engagement social constituent un fil rouge dans ses 30 ans de carrière. Après quelques années passées dans le journalisme, Catherine Alexandre est entrée dans le monde de l’entreprise où elle s’est concentrée sur la communication et le développement durable (chez Cobepa, CBR, Delhaize). Avant de créer une société spécialisée en consultance. Depuis quelques années, elle est reliée au réseau d’investisseurs privés Be Angels en quête de start-up, qu’elle évalue sur leur impact sociétal. Elle enseigne le management et la communication à l’UCL et dirige l’ASBL Fund for Belgium qui rassemble des fonds pour la lutte contre la pauvreté et le soutien aux défavorisés.

POURQUOI? ” Je suis persuadée que The Venture deviendra un formidable accélérateur de projets. Après une telle expérience, les participants seront transformés. Et nous également, car nous aurons rencontré et accompagné des gens qui investissent leur énergie et leur talent dans le développement d’entreprises ayant un impact positif sur la société. C’est un bonheur de partager de telles expériences avec des gens désireux de résoudre les grands problèmes sociétaux et de changer le monde. ”

3. MARNIK D’HOORE

QUI? Entrepreneur dans le secteur numérique. En 1998, il a lancé sa première société Internet. En 2000, il rachetait les parts de la SPRL Amazing -X Perience et enregistrait les noms de domaine bSeen.be et beSeen.be (marketing d’outil de recherche). En 2011, il a lancé Bloovi, dont il entend faire le site de référence du secteur Internet.

POURQUOI? ” Je suis attiré par les projets d’entrepreneuriat social. Je veux partager mon expérience avec de jeunes entrepreneurs qui peut-être en manquent. L’entrepreneuriat en Belgique est en augmentation depuis quelques années mais il est peu orienté vers le social. The Venture est donc l’occasion idéale de promouvoir l’entrepreneuriat social en Belgique. “

4. AMID FALJAOUI

QUI? Directeur des magazines Le Vif et Trends-Tendances, rédacteur en chef de la chaîne business Canal Z, chroniqueur économique à la RTBF. Conférencier invité à la Solvay Business School (ULB), administrateur de l’UCM (Union des Classes Moyennes) et membre de la Fondation Universitaire.

POURQUOI? ” L’entrepreneuriat social est trop peu promu en Belgique et The Venture est une belle occasion pour y remédier. Je veux faire profiter les jeunes entrepreneurs de mon expérience afin qu’ils puissent bien développer leurs projets tout en ayant un impact positif sur la société. ”

5. THIERRY VANDEBROEK

QUI? En 2002, il a fondé Poseco (Centre for a Positive Economy) qui promeut l’entrepreneuriat social et contribue à une approche différente de l’économie – portant l’attention aux défis sociaux et environnementaux actuels. Poseco met en lien et stimule les entrepreneurs sociaux, crée des opportunités économiques, inspire des entrepreneurs, des universités et des autorités politiques. En 2010, Poseco a lancé le Positive Entrepreneurs Network, le réseau belge des entrepreneurs sociaux soutenant ceux qui basent leur coeur de métier sur des valeurs humaines, sociales et écologiques.

POURQUOI? ” J’ai accepté d’être coach pour The Venture parce que je suis le fondateur de Poseco, le centre de l’économie positive avec lequel nous avons développé le premier réseau pour entrepreneurs sociaux. Nous sommes en contact permanent avec eux et soutenons leurs projets. J’intégrerai volontiers notre expérience dans The Venture. “

Julie Cruyt et Bruno Wattenbergh.
Julie Cruyt et Bruno Wattenbergh.© Chivas

6. JULIE CRUYT

QUI? CEO de BetaGroup, elle s’occupe, entre autres, du coaching de start-up. Auparavant, elle a travaillé avec des start-up à San Francisco et à Portland, après avoir été consultante média et innovation auprès de diverses sociétés – Canal+, Proximus TV, Deutsche Telekom, Paramount Pictures.

POURQUOI? ” The Venture est l’un des rares concours en Belgique qui offre aux start-up sélectionnées une visibilité mondiale à court terme. Nous devons soutenir ceux qui, en Belgique, ” pensent grand “. Merci à The Venture d’offrir cette chance à des start-up locales. ”

7. BRUNO WATTENBERGH

QUI? CEO et fondateur (en 2003) d’Impulse, Brussels Entreprise Agency. Commentateur économique à BEL RTL. Coproducteur du programme Starter! de la RTBF. Il a étudié la stratégie et l’entrepreneuriat en Belgique, aux Etats-Unis et aux Pays-Bas. Il enseigne ces deux disciplines dans diverses universités et écoles supérieures belges.

POURQUOI? Lire l’interview ci-contre.

8. BART BECKS

QUI? Il suit les start-upen développement et s’occupe activement d’innovation et de financement corporate via Angel. me et VentureWise. Il est cofondateur de Startups.be, Vice-président de l’European Crowdfunding Network et impliqué dans Showpad, Storify, Netlog, InThePocket et autres. Il est l’ancien CEO de Belgacom Skynet, Vice-président de SBS Europe et Président de iMinds.

POURQUOI? ” Davantage de gens doivent oser créer leur propre entreprise. Cela exige du courage et de l’engagement mais ils sont de plus en plus nombreux en Belgique à franchir le pas. Des initiatives telles que The Venture nous permettent de partager nos expériences avec d’autres entrepreneurs et de leur donner des perspectives supplémentaires pour pouvoir faire leurs propres choix. L’accent mis sur l’impact possible et la dimension sociale est une raison supplémentaire de soutenir The Venture. “

9. OMAR MOUHOUT

QUI? En 2015, il a lancé les bases de données cartographiant le paysage belge des start-up. Il est Professor of Entrepreneurship à l’Antwerp Management School et auteur de quatre livres.

10. PETER VERHASSELT

QUI? Peter Verhasselt est un account manager à Sirris. Il a un diplôme en génie industriel, droit, économie et gestion. Avec une expérience dans la R & D et les ventes. Il coach des start-ups et des PME au cours des différents cycles de croissance.

11. ANTHONY NARALINGOM

QUI? Coach chez Impulse Bruxelles.

12. VINCENT DE CONINCK

QUI ? Coach chez Oksigen Lab.

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