Des bijoux talismans

La prestigieuse enseigne bruxelloise De Greef facette son futur à l’aide d’une collection féminine innovante, dessinée par le peintre Michel Mouffe, et d’une ligne Designed for Men au matériau inédit.

Les bijoux pensés, imaginés et conçus à quatre mains par Arnaud Wittmann de la maison De Greef et Michel Mouffe font figure de mini-sculptures. Une seule forme est au coeur de cette collection féminine innovante incluant bagues, pendentif et boucles d’oreilles, et osant des associations inédites : un losange de proportions harmonieuses, travaillé en légères incurvations et en angles arrondis. L’or blanc ou rose y fusionne avec l’onyx, le cuivre oxydé et le diamant – des matériaux éclectiques, très différents mais se mettant mutuellement en valeur.

SURRÉALISME, DADA, COBRA

Basée à Bruxelles, la maison familiale De Greef y est présente depuis 1848. Dirigée aujourd’hui par les frères Arnaud et Jacques Wittmann, elle se dédie à la haute joaillerie et à l’horlogerie. Cette dernière est le domaine de Jacques, qui propose un choix pointu de montres haut de gamme, Arnaud s’occupant, lui, des créations joaillières – uniques et originales – qu’il enrichit d’un service de création sur mesure. De la sculpture épurée exploitant un registre contemporain classique à la parure féminine colorée aux volumes amples : le registre est étendu et hautement qualitatif. Toutes les créations apparaissent nourries d’inspirations artistiques. Rien d’étonnant à cela : féru d’art moderne et?contemporain, Arnaud Wittmann avoue une prédilection pour le mouvement Dada, le surréalisme et surtout le mouvement Cobra. “Ce qui me passionne dans Cobra, c’est la dynamique des artistes, l’échange.” En privilégiant la fabrication à l’ancienne et le savoir-faire parfait, l’homme défend férocement l’artisanat de très haute qualité, ce qui constitue un atout supplémentaire – et non des moindres – pour la maison De Greef.

Des bijoux talismans

Il y a cinq ans, la route d’Arnaud Wittmann a croisé, lors du salon Art Brussels, celle de Michel Mouffe, peintre et sculpteur bruxellois de réputation internationale. Coup de foudre : les deux hommes décident d’unir leurs réflexions pour créer éventuellement une collection de bijoux originale. Arnaud Wittmann : “C’était une rencontre de deux univers différents que nous avons eu envie de mêler. L’art de Michel n’est pas un art ‘facile’. Il y a, derrière ce que l’on voit, beaucoup de réflexion, de travail et une importante dimension artisanale que j’aime particulièrement. J’apprécie beaucoup l’effet ‘manuel’ discernable dans une oeuvre. Pour moi, l’art est synonyme d’émotion. Par le passé, il m’est déjà arrivé de me servir d’un élément d’une oeuvre d’art dans mon travail. Mais ici, nous avons eu le souhait, Michel et moi, d’aller plus loin et de nous lancer dans une collaboration totale. Au départ, nous n’avions pas d’objectif précis – seulement l’envie de nous ‘regarder’, de nous parler et de nous comprendre, sans savoir si cet échange aboutirait concrètement. Ce n’est qu’après deux ans de travail que la collection de bijoux a vu le jour.”

A l’instar des maîtres anciens, il applique la couleur à l’horizontale en couches patiemment superposées qui confèrent aux tableaux de beaux effets de matière

A l’évidence, ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Même s’ils évoluent dans des univers très différents, ils partagent une même passion pour les lignes épurées, le travail artisanal et un processus créatif s’inscrivant dans la durée. Les toiles de Michel Mouffe se caractérisent par des jeux subtils de la couleur, des reliefs doux, des lignes et courbes flottantes… A l’instar des maîtres anciens, il applique la couleur à l’horizontale en couches patiemment superposées qui confèrent aux tableaux de beaux effets de matière et, in fine, un côté relativement sculptural.

Des bijoux talismans

Le défi d’imaginer une collection de bijoux a offert à l’artiste la possibilité d’appliquer son originalité et sa rigueur dans un domaine qui n’est pas le sien. Michel Mouffe : “J’ai soumis les premiers croquis à Arnaud Wittman et nous avons sélectionné ensemble un projet qui nous a servi de base. En l’occurrence, un losange, inspiré d’une pierre que j’avais ramassée jadis à Formentera – l’une des îles des Baléares. Sa forme épurée aux contours quelque peu flous évoque une sculpture primitive – celle des grottes ancestrales. Elle fait également écho à Vénus, synthèse des pouvoirs féminins, ou encore à la Vierge enceinte de Piero della Francesca, évocatrice de la puissance de la nature. Bref, une forme qui apparaissait intéressante et parlante – cela doit l’être. A partir de là, nous pouvions aller plus loin, la développer et l’intégrer dans un bijou.”

La patine résultant de l’effet d’oxydation est intéressante. Elle est le sel du temps. Elle donne du sens.

Michel Mouffe et Arnaud Wittmann se sont donc employés à féminiser cette forme de losange inspirée de la pierre. Le résultat est un motif organique, comme taillé dans de l’or, associé tantôt à du cuivre oxydé, tantôt à de l’onyx, et agrémenté d’un discret pavage en diamant – sublimé, en quelque sorte, par ce travail à quatre mains. Arnaud Wittmann : “Je trouve cette patine sur le cuivre particulièrement intéressante. L’oxydation, c’est le sel du temps. Il faut laisser ‘vivre’ la patine car elle produit du sens.” Et d’ajouter qu’il est très satisfait de cette collaboration avec Michel Mouffe : “Nous totalisons une dizaine de projets à développer…” A l’évidence, le processus créatif est enclenché… pour une prochaine collection.

Texte BARBARA WITKOWSKA

PARURES POUR LUI

L’ère du bijou ‘interdit’ aux hommes semble bel et bien révolue. Pour preuve, la nette multiplication de lignes spécifiquement masculines développées notamment par les grands joailliers.

Outre la collection de bijoux féminins conçue avec la complicité de l’artiste Michel Mouffe, la maison bruxelloise De Greef célèbre une autre naissance : celle de la ligne Designed for Men by De Greef, dessinée par Arnaud Wittmann. Celui-ci n’a pas hésité à bousculer les codes du métier en ayant recours à de nouvelles techniques permettant de patiner un alliage de platine, d’argent et d’un matériau ‘secret’. Développé en collaboration avec un atelier liégeois, ce procédé permet d’obtenir un métal inédit gris-noir résistant à tout – chocs, oxydation – et dont la couleur et ses reflets subtils sont inaltérables : le wierdium.

Dans cette collection masculine qui comprend essentiellement des bijoux en forme d’anneau – bracelets, bagues -, le wierdium a été associé à diverses matières – or rose ou blanc, céramique, diamants ou autres pierres précieuses.

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