Naples: entre déclin économique et soleil chantant

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Ce soir-là, des pétards (botti) explosent au sol et des feux d’artifice (fuochi) tombent du ciel. Et pourtant, c’est un jour de semaine ordinaire à Naples, où les fusées et autres comètes égaient le quotidien des habitants. Alors quand vient le nouvel an, la ville se pare de mille couleurs et grondements sous l’oeil vigilant du Vésuve.

Il existe un fossé économique béant entre le Nord et le Sud de l’Italie. Ce n’est un secret pour personne. Miné par le chômage élevé, les bas salaires, la criminalité persistante, les manquements politiques et les investissements absents, le Midi (il Mezzogiorno) est en voie de dépeuplement, sous l’effet conjugué de la chute de la natalité, la hausse de la mortalité et l’exode des résidents. L’image de Sophia Loren, contrebandière enceinte à répétition pour éviter la prison dans Hier, aujourd’hui et demain, appartient résolument au passé, alors que les jeunes renouant avec la tradition de l’émigration de leurs aînés “ne perdent pas le nord” et vont chercher fortune ailleurs.

Sale et dangereuse, Naples a été dénigrée. Délurée et éruptive, elle l’est toujours. Mais c’est ce qui fait le charme de cette ville pleine de vie, avec ses enfants qui se baignent dans la mer et son linge qui sèche dans la rue. Forte de son patrimoine historique et naturel, Napoli mérite d’être explorée au-delà des préjugés. Voici donc 4 bonnes raisons de céder à l’appel de la Campanie le temps d’un week-end, et plus si affinités…

Naples: entre déclin économique et soleil chantant
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La première devient la dernière, mais pas la moindre

Capitale du Royaume des Deux-Siciles – qui comprenait le sud de la péninsule italienne et l’île de Sicile au 19e siècle – très en avance sur son temps dans les domaines industriel, scientifique et technologique, Naples donnait le ton autrefois. Et ça se voit. Le Palazzo Reale sur la Piazza del Plebiscito abrite un escalier majestueux qui mène aux appartements royaux somptueusement décorés. Le Teatro San Carlo, l’un des théâtres lyriques les plus prestigieux au monde, est aussi le plus ancien encore en activité en Europe. Sa façade ne marque guère les esprits, mais sa salle éblouit par ses proportions et ses ornements. L’Observatoire du Vésuve est le plus vieil organisme volcanologique, tandis que l’Université de Naples-Frédéric II est la première université laïque et publique au monde. Elle a notamment vu passer sur ses bancs Nicola Romeo, diplômé en ingénierie et fondateur d’Alfa Romeo.

Naples s’étend autant en surface qu’en profondeur. Des premiers passages et aqueducs creusés par les Grecs aux travaux actuels du métro, les souterrains de Naples valent le coup d’oeil. Si la visite de Napoli Sotterranea donne accès à un vaste réseau de cavités et de galeries dans le sous-sol de tuf du centre historique, les stations de métro – Toledo aka la plus belle station de métro d’Europe selon le magazine britannique The Daily Telegraph et Università revisitée par l’artiste new-yorkais Karim Rashid dans un style multicolore et psychédélique pour ne citer qu’elles – ont été converties en “galeries d’art”.

Nous pourrions encore aborder l’architecture de la Galleria Umberto I, la légende de l’oeuf du Castel dell’Ovo ou la paix bucolique du cloître de Santa Chiara en plein centre-ville, mais l’heure de l’aperitivo a sonné.

Plus qu’une pizza, un art de vivre

À l’instar du flamenco espagnol, de la calligraphie mongole ou de la pêche aux crevettes à cheval à Oostduinkerke, l’art du pizzaïolo napolitain – comprenez le savoir-faire culinaire à grand renfort de gestes, chansons, dialecte, dextérité, exhibition et convivialité – est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Résultat : une pâte moelleuse à l’intérieur et légèrement croustillante à l’extérieur, garnie de sauce tomate fraîche et de la véritable Mozzarella di Bufala Campana. Tout simplement. À ne pas manquer non plus : la Pizza Fritta ou cette calzone plongée dans un bain d’huile et frite comme un beignet à déguster façon street food sur les marches de la Basilica San Francesco di Paola (inspirée du Panthéon de Rome soit dit en passant).

En matière de douceurs, Naples n’est pas en reste. Tout au long de l’année, chaque fête apporte sa pâtisserie, pour le plaisir des papilles et des pupilles. À l’heure du petit-déjeuner, les Napolitains raffolent de la sfogliatella (pâte feuilletée fourrée à la ricotta, délicatement parfumée à la fleur d’oranger) accompagnée d’un caffè. Et saviez-vous que le baba au rhum est également une institution locale ?

Naples: entre déclin économique et soleil chantant
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Entre religion et superstition

Fréquentée par les Napolitains et les touristes, la ruelle pittoresque San Gregorio Armeno est dédiée à l’artisanat des crèches et des santons. Ici, c’est tous les jours Noël, sauf que la crèche napolitaine est un lieu de rencontre entre les statuettes sacrées et profanes, de Dries Mertens (qui évolue sous le maillot de la SSC Napoli) à Donald Trump en passant par les personnages de la sainte Famille. Dans cette rue, vous trouverez également d’autres symboles religieux voire mystiques, comme il corno, cette corne d’abondance en forme de piment rouge qui porte chance.

Superstitieux les Napolitains ? Si peu. La liquéfaction du sang – coagulé et conservé dans deux petites fioles – de San Gennaro, saint patron de Naples, est célébrée trois fois par an et constitue un signe de bon augure pour la ville et ses habitants en liesse.

Et plus si affinités

À partir de Naples, vous pouvez rejoindre en bus ou en train le superbe site de Pompéi, cette cité antique ensevelie sous les cendres après l’éruption du Vésuve en 79 av. J.-C. Aujourd’hui, le volcan, dont le réveil menace encore 700.000 Napolitains habitant en zone rouge, offre une vue imprenable sur la baie de Naples. Les îles de la charmante Ischia, l’intimiste Procida et la (trop) touristique Capri sont quant à elles accessibles en ferry. Enfin, un road-trip sur la Côte Amalfitaine vous plongera à coup sûr dans un décor inclassable, entre les quartiers populaires et le tourisme balnéaire, l’optimisme et la fatalité, la nostalgie et l’avenir.

Merci à Clara pour la visite. Plus d’infos en français, néerlandais, anglais ou italien ? napelszien@hotmail.com

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