Les règles du jeu

John Isner en pleine action lors de l'édition 2016 de Roland Garros. Cet Américain gigantesque a remporté le match de tennis le plus long qui ait jamais été joué. © ISOPIX

Tennis et temps… Voilà qui couvre un large registre – de la fameuse règle des 20 secondes aux rencontres de six heures ou plus. Le label horloger LONGINES célèbre cette année son 10e anniversaire en tant que chronométreur officiel du tournoi de Roland-Garros. Les règles du tennis sont-elles encore à jour ?

L’un des aspects les plus séduisants du tennis réside dans les retournements de situations que peut connaître un match, ce qui empêche précisément d’en prévoir la durée. Une rencontre se poursuit donc jusqu’à ce qu’il y ait un vainqueur. Et cela peut prendre moins d’une demi-heure comme trois jours.

LE MATCH QUI N’EN FINISSAIT PAS DE FINIR

Mardi 22 juin 2010, 17 h 15. Le Français Nicolas Mahut (à l’époque 149e au classement ATP) et l’Américain John Isner (ATP 19) entament leur rencontre. Wimbledon, premier tour, court n° 18. On en est à deux manches partout lorsque, l’obscurité tombant, le set décisif doit être reporté au lendemain. La deuxième journée prend un tour bizarre car, alors que les deux joueurs ont atteint un score inhabituel de 47 partout dans cette cinquième manche, l’affichage électronique se bloque : les programmeurs d’IBM n’avaient pas envisagé des scores aussi élevés. Il est remédié au problème en toute hâte, et les deux joueurs peuvent reprendre leur match après une courte interruption. A 59-59, le Français déclare être gêné par l’obscurité tombante, et le match est une nouvelle fois interrompu. Le lendemain, le court n° 18 affiche complet, des équipes de télévision du monde entier sont là. Tout le monde veut assister à l’issue de ce match historique. Après une heure et cinq minutes de jeu, en ce 24 juin (exactement 46 heures et 39 minutes après le début de la rencontre), John Isner fait le break sur le service son adversaire. Score final : 4-6, 6-3, 7-6, 6-7, 68-70. Le cinquième set (8 heures et 11 minutes) a duré à lui seul plus longtemps que n’importe quel autre match. La rencontre a duré au total 11 heures et 5 minutes (665 minutes), pulvérisant le record précédent de 6 heures et 33 minutes (détenu par les Français Fabrice Santoro et Arnaud Clément, Roland-Garros 2004). Et ce n’est pas le seul record de ce match marathon. Nombre de jeux : 183 (précédent record : 112, Pancho Gonzalez face à Charlie Pasarell, en 1969). Nombre d’aces au cours d’un même match : 215 (112 pour John Isner, 103 pour Nicolas Mahut, le précédent record étant détenu depuis 2009 par Ivo Karlovic, avec 78 aces). Nombre de balles utilisées : 138.

Le match entre l’Américain John Isner et le Français Nicolas Mahut a duré 11 heures et 5 minutes. Le dernier jeu s’est terminé sur le score de 68-70.

Mais la discipline compte d’autres records. Le plus long match jamais disputé par deux femmes opposa Vicki Nelson et Jean Hepner en 1984, durant 6 heures et 31 minutes, leur donnant l’occasion d’établir un autre record : le plus long point de tous les temps, avec un échange de 643 coups, qui dura 29 minutes. La plus longue finale de Grand Chelem fut disputée par Novak Djokovic (qui en fut le vainqueur) et Rafael Nadal à l’Open d’Australie de 2012 : 5 heures et 53 minutes. Le plus long jeu (14 égalités) en tennis masculin fut remporté par Andy Murray en 2010 contre le Russe Igor Kunitsyn – qui resta au service durant 24 minutes et 30 secondes. Mais les joueuses Noëlle van Lottum et Sandra Begijn firent mieux encore, avec un jeu de 51 minutes lors d’un tournoi indoor aux Pays-Bas en 1984.

LE TENNIS, ENTRE AUTRES DISCIPLINES

Durant l’édition 2016 de Roland-Garros, la marque horlo-gère Longines a célébré le 10e anniversaire de son partenariat avec la Fédération Française de Tennis (FFT).

Mais son engagement sportif remonte à 1878, lorsqu’elle affirme sa passion pour le sport équestre en concevant un chronographe dont le fond est orné d’une gravure représentant un jockey et sa monture. En 1912, elle s’associe pour la première fois à un concours de saut d’obstacles, au Portugal. Aujourd’hui, elle est présente dans quasi toutes les disciplines du sport équestre, en tant que partenaire principal de la FEI (Fédération Equestre Internationale) et partenaire officiel de la FIAH (Fédération Internationale des Autorités Hippiques). Mais elle oeuvre aussi dans le monde de la gymnastique depuis 1912, année où elle présenta le système du chronométrage électromécanique à la Fête Fédérale Suisse de Gymnastique. Depuis trente ans, d’ailleurs, elle est parte-naire et chronométreur officiel des compétitions de la Fédération Internationale de Gymnastique. Et, en 1933, c’est dans le ski alpin qu’elle s’engage, concluant un partenariat de longue durée comme chronométreur officiel des épreuves de la Coupe du Monde et du Championnat du Monde de la Fédération Internationale de Ski (FIS).

Pour célébrer ce 10e anniversaire en tant que chronométreur officiel de Roland?Garros, Longines a convié Trends Style à assister à une journée du tournoi. Et qui jouait précisément ce jour-là face à Andy Murray ? Le grand (2,06 mètres) John Isner. La première manche s’achève sur un tie-break, le score monte à 11-9… Remettrait-il donc ça ? Non, son adversaire finit par remporter le premier set, puis une averse interrompt le deuxième. Car la météo peut, elle aussi, être la cause d’un match à rallonges. Après la pluie, Andy Murray prend l’ascendant et conclut la rencontre sur un score final de 7-6, 6-4, 6-3, en 2 heures et 40 minutes.

RELÈVE EN VUE

Maria Dolores Lopez a remporté le tournoi Longines Future Tennis Aces, en battant en finale la Russe Kristina Volgapkina en 49 minutes, sur le score de 4-1 et 4-2.

C’était la septième fois que Longines organise le tournoi Future Tennis Aces. Cette édition 2016 a opposé 16 jeunes filles de moins de 13 ans, originaires de 16 pays différents (Australie, Chine, Corée du Sud, Espagne, Etats-Unis, France, Hong Kong, Inde, Italie, Japon, Mexique, Pologne, Russie, Singapour, Suisse et Taiwan). Sélectionnées par leurs fédérations nationales respectives, elles ont clôturé leur compétition de trois jours sur un court de tennis pop-up installé sur l’Esplanade de la Défense.

L’Espagnole Maria Dolores Lopez, 12 ans, a gagné le Longines Future Tennis Aces 2016. Jusqu’à l’âge de 16 ans, elle recevra une bourse annuelle de 2.000 dollars.

La victoire de Maria Dolores Lopez au Future Tennis Aces lui a permis de remporter, outre un montre, une bourse annuelle de 2.000 dollars jusqu’à l’âge de 16 ans, afin de financer l’achat d’équipements sportifs. De plus, elle a pu participer à une rencontre exhibition où jouait Arantxa Sanchez mais aussi Kim Clijsters.

Autre projet tennistique soutenu par Longines : le ” Rendez? vous à Roland-Garros ” qui, via des phases qualificatives nationales, découvre de jeunes talents en Asie et en Amérique latine. Les deux derniers joueurs en lice remportent chacun une wild card pour le tournoi Juniors de Roland?Garros. Les vainqueurs de cette (deuxième) édition sont la Japonaise Ayano Shimizu et le Brésilien Rafael Wagner. Deux noms qui viennent donc s’ajouter à la liste de la future relève.

DÉPASSEMENTS DE TEMPS

Les montres et le tennis : une rencontre obligée. Dès le départ, les fabricants de montres ont fourni les horloges ana- logiques et numériques installées sur et autour des courts. Celles-ci expliqueraient d’ailleurs partiellement le comptage pour le moins étrange des points au tennis. ” 15-30-40, avantage, jeu “… Qui donc a pu imaginer une suite aussi bizarre ? Il y a longtemps, lorsque le tennis en était encore à ses débuts, le comptage des points était tenu à l’aide des aiguilles des heures et des minutes d’une horloge. Au premier point, l’aiguille était positionnée sur 15 minutes. Si le même joueur marquait encore, cela devenait 30. Puis 45, et enfin 60, et le jeu était gagné. Pour éviter qu’un joueur ne puisse remporter le jeu avec seulement 1 point d’écart, on introduisit l’égalité (deuce). En cas d’égalité, l’aiguille était positionnée sur 40 minutes. Pour marquer l’avantage, elle passait sur 50. Et si le même joueur gagnait encore un point, l’aiguille passait sur 60, et il remportait le jeu. En revanche, si c’était l’autre qui marquait le point, l’aiguille revenait sur 40 (deuce).

Longines a célébré le 10e anniversaire de son partenariat avec la Fédération Française de Tennis (FFT).
Longines a célébré le 10e anniversaire de son partenariat avec la Fédération Française de Tennis (FFT).© Longines

S’il est possible qu’un match de tennis dure presque indéfiniment (parfois trois jours…), il n’en existe pas moins un règlement de temps très strict. La règle des 20 secondes, par exemple : en Grand Chelem, le joueur au service doit frapper la balle 20 secondes au maximum après la fin du point précédent (25 secondes pour les autres tournois). S’il dépasse ce délai pour son service, il commet un dépassement de temps (time violation).

Cette règle des 20 ou 25 secondes ne cesse de faire débat car elle est continuellement mise à mal. Et le peu de cohérence du règlement incite certains joueurs à la traiter avec nonchalance. C’est le cas de Rafaël Nadal, champion en la matière, qui prend parfois plus de 40 secondes pour servir. Mais il y a aussi ceux qui font rebondir la balle un nombre interminable de fois avant de servir, ou ceux qui interrompent constamment leur service, ce qui peut finir par être très agaçant. Ou encore ceux qui, de manière quasi obsessionnelle, recourent à leur serviette pour s’éponger entre les points. Ce qui occasionne une perte de temps considérable. Et de l’irritation.

Le règlement a toutefois subi quelques bricolages. Début 2013, l’ATP a ainsi demandé aux arbitres d’infliger une pénalité aux joueurs temporisant trop. Mais dans la pratique, cette instruction reste souvent ignorée, car le tennis est un sport de plus en plus physique et les arbitres sont parfois enclins à accorder du répit aux joueurs, surtout après un long échange. Une attitude qui passe mal, notamment chez Roger Federer : ” Je peux comprendre qu’un joueur ait besoin de se concentrer avant son service, mais cela peut se faire en dix secondes “. Le Suisse a même proposé d’installer une shot-clock comme au basket, avec un buzzer se déclenchant après 20 secondes.

Il existe aussi la règle des 90 secondes (temps maximal pour changer de côté, sans repos) et celle des 120 secondes (pause entre les jeux impairs et entre deux manches). Ces 90 et 120 secondes peuvent exceptionnellement être prolongées si un élément matériel (vêtement, chaussure ou autre instrument indispensable, à l’exception de la raquette) doit être remplacé. Ce bonus de temps ne peut en aucun cas être alloué pour permettre à un joueur de récupérer physiquement. S’il a un problème physique réel, il peut demander un time-out médical de trois minutes.

JUSQUE TARD DANS LA NUIT

La forme la plus ancienne du tennis remonte au 11e siècle et se pratiquait avec une balle en poils d’animaux que l’on frappait à la main. Le jeu n’était pas sans risque, le projectile étant lourd. Raison pour laquelle, au moment de lancer la balle, le joueur au service avertissait son adversaire en criant.

Le tennis tel qu’on le connaît actuellement existe depuis environ 140 ans. Six jeux gagnants sont toujours nécessaires pour remporter une manche, et deux manches gagnantes chez les femmes, trois chez les hommes, pour remporter une rencontre. Les règles du jeu n’ont pas beaucoup changé. Même si l’introduction en 2005 de l’oeil électronique (le hawk-eye) a révolutionné l’arbitrage (par bonheur, il est arrivé trop tard pour priver le public des explosions de colère de John McEnroe). Le tie-break, qui fut inventé par James Van Alen en 1965, a été appliqué pour la première fois à Wimbledon en 1971, alors que le score était de 8-8. L’objectif était de raccourcir la durée des matchs. Mais dans toutes les compétitions importantes (Wimbledon, Open d’Australie, Roland-Garros, Fed Cup, Coupe Davis, Jeux Olympiques) à l’exception de l’US Open, la manche décisive est toujours jouée sans tie-break, se poursuivant jusqu’à ce qu’il y ait deux jeux d’écart.

Les matchs qui s’éternisent sont-ils une bonne chose pour le tennis ? Qui a encore envie de suivre des parties pouvant durer cinq à six heures pour arriver aux trois sets gagnants ? Le match marathon entre Nicolas Mahut et John Isner défie toujours l’imagination, même si de nombreuses voix se sont élevées à l’époque pour faire changer le règlement. Y compris celle de John McEnroe. Il arrive que les joueurs soient encore sur le court à minuit passé. Ce fut le cas de Rafael Nadal et de Pablo Cuevas qui, à Rio, terminèrent leur match à trois heures et demie du matin… Quel spectateur, si passionné soit-il, peut encore apprécier cela ?

Il reste, bien sûr, des inconditionnels qui ne jurent que par la tradition, dont Roger Federer est très certainement le chef de file. A ses yeux, l’oeil électronique relevait déjà de l’excès. Et remporter sept fois d’affilée un match en trois sets gagnants demeure, pour lui, le défi ultime en Grand Chelem.

Nombreux sont ceux, à la FIT (Fédération Internationale de Tennis) également, qui se prononcent pour des rencontres plus courtes, plus dynamiques, plus rapides, plus divertissantes pour les (télé)spectateurs. A quoi ressemblera dès lors le tennis en 2020 ou 2025 ? On peut avancer des prévisions : des manches de 4 jeux et un tie-break à 4-4 ; la suppression du let et du deuxième service ; l’obligation pour le joueur de servir endéans les 8 secondes (comme au volley) ; la cinquième manche en tie-break jusqu’à 10 points ; une durée de match de deux heures au maximum. Le record de John Isner et de Nicolas Mahut restera figé pour l’éternité.

www.longines.com

TEXTE BEN HERREMANS & PETER VAN DYCK

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