L’art et la culture accessibles à tous

© Mireille Roobaert

Depuis 2011, la Chapelle Musicale Reine Elisabeth et ING Belgique poursuivent un partenariat fructueux. Renouvelé récemment, il entre dans une nouvelle phase qui consacre le rapprochement entre les arts plastiques et la musique. Le prêt d’oeuvres d’art de la collection d’ING Belgique joue un rôle central.

Dans le hall d’entrée très lumineux de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, le visiteur peut découvrir Untitled (Pink), une oeuvre en forme d’aquarium créée en 2010 par Ann Veronica Janssens – l’artiste belge de ” l’impalpable ” -, qui donne l’impression d’une couleur (rose, en l’occurrence) flottant à sa surface. En réalité, il n’y a pas de couleur. L’illusion est produite par un travail subtil sur la lumière et tout ce que celle-ci peut exprimer. L’artiste cherche à matérialiser les fluides et à dématérialiser la matière. Sa création jumelle, baptisée Bright Green (la surface y est verte), a, elle, été placée dans les sous-sols de la Chapelle, à côté du Foyer.

Deux oeuvres qui, dans leur absence de matérialité et dans la tentative d’échapper à la tyrannie des objets, forcent les limites de la perception et aiguisent les sens, acquérant dans le contexte de la Chapelle, une résonance particulière. Très prochainement, une autre oeuvre d’art y fera son entrée : le spectaculaire Pavillon en verre de l’artiste américain Dan Graham sera installé sur le gazon du parc. Un endroit judicieusement choisi puisqu’il fera face au bâtiment historique et se reflétera dans la façade vitrée de la nouvelle extension.

Au travers de l’initiative de prêt d’oeuvres d’art, ING Belgique souhaite promouvoir l’art et la culture et les rendre accessibles à tous. Une résolution en parfait accord avec la vocation de la Chapelle à inciter les jeunes musiciens à donner le meilleur d’eux-mêmes, et avec son nouveau concept, en forme de clin d’oeil : MuCh (Music Chapel) Music et MuCh Pleasure – plus de musique et plus de plaisir.

LA REINE, LE VIOLONISTE ET LE MÉCÈNE

La Chapelle Musicale Reine Elisabeth est la concrétisation d’un rêve de la reine Elisabeth, d’Eugène Isaÿe – l’un des plus grands compositeurs et violonistes belges – et du mécène Paul de Launoit. A la fin des années 1930, la reine, mélomane raffinée, écrivait : ” Je souhaite que la Chapelle Musicale forme de grands artistes qui feront honneur à la Belgique “.

Implanté au coeur de la forêt de Soignes et en bordure du domaine d’Argenteuil, comme ” un écrin dans la verdure “, selon la volonté même de la reine, le bâtiment fut inauguré le 12 juillet 1939.

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© Mireille Roobaert

Son architecte n’était autre que le Liégeois Yvan Renchon (beau-frère de l’écrivain Georges Simenon et disciple du célèbre architecte Henry van de Velde) qui le conçut dans le style typique des années 1930 : silhouette horizontale, lignes pures, fenêtres en bandeaux continus et absence d’ornementations superflues. A l’intérieur ? Rien que des matériaux nobles : lambris et boiseries en noyer du Caucase, pavements de marbre rouge, soie grège sur les murs, sièges habillés de cuir fauve.

” Centre d’excellence de formation artistique “, la Chapelle a été réservée au perfectionnement des musiciens de haut niveau – ” l’élite musicale de demain “. Bernard de Launoit, petit-fils de l’un des initiateurs et Executive President de l’institution : ” Au départ, elle accueillait 12 élèves répartis dans trois sections. Aujourd’hui, elle compte 60 jeunes et six sections : piano, violon, violoncelle, alto, musique de chambre et chant. Au début des années 2000, les changements intervenus au niveau du contenu ont mené à des modifications au niveau de la forme. Manquant de place, nous avons dû louer des locaux provisoires. La décision d’agrandir l’espace et d’investir dans des infrastructures en rapport avec le développement et l’évolution de la Chapelle, a été prise en 2004. Après dix ans de travaux, l’extension a été inaugurée en janvier 2015. Le coût total s’est élevé à 10 millions d’euros. Plus de 90 % ont été financés sur fonds propres, le reste l’a été par le fundraising et le financement public “.

PIXELS POUR UNE PARTITION

Erigée juste derrière le bâtiment historique (aujourd’hui classé), l’extension, baptisée ” l’aile de Launoit “, a été conçue par les architectes bruxellois Olivier Bastin et Sébastien Cruyt. A la fois épurée mais sophistiquée, elle respecte, elle aussi, le souhait de la reine Elisabeth, ” se fondant ” parfaitement dans la nature environnante. La longue façade vitrée ne mesure pas moins de 80 mètres de longueur. L’habillage de verre est rythmé par des centaines de pixels imprimés qui correspondent à une transcription ” moderne ” et numérique de la partition Harmonie du soir d’Eugène Isaÿe, joli clin d’oeil à l’un des initiateurs de la Chapelle. Pour pénétrer dans cette nouvelle aile, il faut traverser le bâtiment historique. On débouche alors sur le grand studio, superbe salle de concert de 250 places, déclinée dans une palette chromatique de tonalités grises et beiges. La lumière s’engouffre à flots par d’immenses baies vitrées qui s’ouvrent sur la forêt d’Argenteuil. C’est sans doute l’une des rarissimes salles de concert dans le monde qui bénéficie d’une lumière naturelle et d’un cadre boisé exceptionnel.

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© Mireille Roobaert

L’aile de Launoit abrite également trois salles de répétition et d’enregistrement et 20 studios de logement : 13 duplex équipés d’un piano pour les musiciens résidant à la Chapelle et sept simplex à l’attention des hôtes de passage. Les résidents ont à leur disposition un vaste foyer où ils peuvent se détendre, en jouant au billard ou en… contemplant les plafonds. L’artiste belge Jean-Luc Moerman y a peint une oeuvre monumentale, sorte d’arabesque moderne en noir et blanc qui incite à la méditation.

Cette extension offre donc à un plus grand nombre de jeunes musiciens, attirés par l’excellence de l’enseignement et des professeurs, la possibilité de résider à la Chapelle. Ils sont accompagnés et suivis par six grands noms de la musique classique : José van Dam (chant), Augustin Dumay (violon), Maria João Pires (piano), Gary Hoffman (violoncelle), Miguel da Silva (alto) et le Quatuor Artemis (musique de chambre). Bernard de Launoit : ” Notre objectif est de renforcer la cohésion entre les six sections. Le contexte est favorable à la mise sur pied de nouveaux projets. “

CONCERTS INTIMES

Dans sa nouvelle version XXL, la Chapelle musicale représente indéniablement un projet très attractif, non seulement pour les mécènes privés mais aussi pour les entreprises. ING Belgique, partenaire de la Chapelle depuis 2011, a décidé de renouveler son soutien pour une durée de trois ans – soit jusqu’en 2016. L’initiative de ce partenariat revient à Marie Helsmoortel, Head of Private Banking Brussels : ” Je suis mécène de la Chapelle depuis de nombreuses années – après avoir participé à leur première croisière musicale, en fait. Je m’étais embarquée en me demandant si je n’allais pas risquer l’overdose en assistant à trois concerts par jour et, en fin de compte, je me suis retrouvée à suivre assidûment non seulement tous les concerts mais aussi les répétitions. Jeune, j’ai pratiqué la danse classique presque quotidiennement durant quatre ans. A la Chapelle, j’ai pu retrouver la musique, la performance, la scène, les artistes, une école d’excellence et un projet porté par des gens passionnés. L’art fait partie de l’ADN d’ING. Depuis toujours, la banque possède une collection d’oeuvres, belle et vivante. Nous avons la chance de travailler en étant entourés de belles choses et, depuis de nombreuses années, nous organisons de magnifiques expositions. Lorsque j’ai appris que la Chapelle était en quête d’un sponsor structurel, j’en ai parlé au sein d’ING. Un consensus s’est rapidement dégagé en faveur d’une association avec cette institution. Nous sommes ravis de pouvoir y inviter nos clients, lesquels ont d’emblée conscience d’entrer dans un lieu d’exception où ils peuvent assister à des concerts intimes donnés par ceux qui seront peut-être les Bartoli, Rostropovitch ou Pollini de demain. Plusieurs de nos clients sont devenus, à leur tour, mécènes de la Chapelle. ING et la Chapelle se retrouvent ainsi associés dans un partenariat dédié à la beauté. Pour la plus grande satisfaction de tous, me semble-t-il. “

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© Mireille Roobaert

Depuis 2014, Philippe Jaumain, Head of Corporate Sponsoring, Events & Art Management, redéfinit la politique des activités d’ING dans l’art en général. ” Notre objectif est de soutenir la créativité contemporaine, belge avant tout. La Chapelle, de son côté, forme les jeunes musiciens. Le nouveau bâtiment lui donne un nouvel élan et amène une dimension contemporaine. Nous souhaitons donc amplifier ce partenariat et le nourrir de toutes les manières possibles. Nous le voulons riche, évolutif et s’inscrivant dans la durée. Il s’agit d’un partenariat stratégique et non tactique. Aujourd’hui, nous nous situons davantage dans la dimension d’échange. Nous venons de prêter à la Chapelle des oeuvres d’Ann Veronica Janssens et de Dan Graham qui ont été choisies avec Bernard de Launoit. Cette politique de prêts se poursuivra. Nous nous employons actuellement à penser une série de projets, l’idée étant de réunir deux mondes entre lesquels se sont érigés des murs. Nous possédons une belle légitimité dans le monde de l’art et de la culture, et lancer des passerelles entre l’univers de la banque et celui de la musique nous paraît dès lors être une démarche intéressante. Des liens vont ainsi être créés dans l’ING Art Center, situé place Royale qui accueille deux expositions par an. Bernard de Launoit pourra y organiser des concerts et y inviter ses mécènes. Nous souhaitons également apporter de la visibilité aux concerts organisés à la Chapelle et ce, dans toutes nos agences de Bruxelles et du Brabant wallon. Bref, nous ne cessons de réfléchir à la manière dont nous pouvons nous apporter mutuellement plus de return. C’est cela qui nous guide et donne tout son sens à ce partenariat. “

Bernard de Launoit confirme : ” Il s’agit pour nous d’un partenariat actif qui se doit d’être win-win. Le site de la Chapelle est exceptionnel et la volonté de créer des liens entre l’architecture passée et actuelle, entre le parc classé et les arts vivants, pertinente. Les oeuvres prêtées par ING suscitent de la curiosité et un questionnement. Il est question ici non pas d’exposition mais d’oeuvres vivantes qui qui sont une source d’inspiration et de créativité supplémentaires pour nos artistes. Il est temps de passer à la vitesse supérieure. L’objectif est de faire de la Chapelle la Villa Médicis (NDLR : palais situé à Rome abritant une institution artistique française dédiée à l’accueil en résidence de jeunes artistes) belge. “

TEXTE BARBARA WITKOWSKA

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