Focus sur les cuisines

Architecture épurée, photographie épurée… Que le courant passe bien entre bulthaup Belgique et le graphiste/photographe gantois Thomas De Bruyne n’a rien d’étonnant : ” Ses photos de nos réalisations font le tour du monde. “

Petite précision orthographique, d’abord – non pour se justifier à l’égard des puristes, mais pour souligner d’emblée la philosophie minimaliste de la marque : bulthaup s’écrit avec un petit ” b “, même en début de phrase. Dans un monde où tout, pratiquement, s’obtient facilement, la marque allemande de cuisines haut de gamme vise un minimalisme sensé. Et dans un pays dont la langue officielle impose la majuscule pour les noms propres, ce ” b ” minuscule est éloquent.

Tom Lambers (Country Manager Benelux chez bulthaup) : ” Chez nous, il n’est pas question de show ou de bling-bling. bulthaup est une entreprise familiale qui ne vise pas le succès à court terme. C’est ainsi que Martin Bulthaup, qui a créé la marque en 1949 à Aich en Bavière, voyait les choses. Et il en va de même aujourd’hui pour son petit-fils, Marc Eckert. Une philosophie présente aux quatre coins du monde. bulthaup a été l’une des premières marques dans les années 1990 à reconsidérer la cuisine comme espace de vie – un concept très ancré aujourd’hui. Car si les armoires, tiroirs et appareils y sont importants, l’ensemble du concept doit s’inscrire dans le reste de la maison. Dans la pratique, cela donne des modèles très intemporels et réalisés invariablement dans des matériaux de qualité “.

Le photographe Thomas De Bruyne, expert en images épurées.
Le photographe Thomas De Bruyne, expert en images épurées.

SANS VENDEURS

Jan De Bruycker, de bulthaup Courtrai : ” Mais plus que de qualité des matériaux, il est question de qualité globale. Les cuisinistes à la pointe des tendances proposent chaque jour autre chose. Leurs réalisations connaissent un beau succès ponctuel, mais elles sont tout aussi rapidement dépassées. Si l’on compare une cuisine bulthaup actuelle à un modèle datant de 15 ans, on observe bien sûr des différences mais on reconnaît d’emblée la ligne d’ensemble “.

Comment définiriez-vous cette ligne ?

JAN DE BRUYCKER : ” Elle correspond au caractère de la clientèle – des gens ayant une personnalité forte, appréciant un certain art de vivre et soucieux de qualité. Dans la plupart des cas, ils choisissent et achètent une cuisine dans laquelle ils prévoient de vivre et de travailler, ce qui correspond à philosophie bulthaup de cuisine comme espace de vie. La fonctionnalité prime, et si elle est adaptée, la forme suit d’elle-même “.

TOM LAMBERS : ” Fonctionnalité et architecture sont les deux piliers de bulthaup. C’est la raison pour laquelle nous travaillons non pas avec des vendeurs mais avec des architectes d’intérieur tels que Jan De Bruycker “.

Les Belges sont réputés pour faire les choses de manière originale.

JDB : ” Acheter une cuisine, ce n’est pas acquérir un produit fini. C’est la conclusion d’un processus où intervient une grande part d’émotion. C’est notre valeur ajoutée. Etant donné le rôle crucial joué par l’émotion, il est important que le courant passe bien entre mes collègues ou moi et le client. Et l’on remarque très rapidement si c’est ou non le cas “.

TL : ” J’ai lu récemment que, par le passé, un client passait trois à quatre fois chez un concessionnaire avant d’acheter une voiture alors qu’aujourd’hui, il ne le fait plus qu’une fois. Chez nous, la vente demeure un processus : avant que la cuisine ne soit dessinée, ont lieu trois ou quatre entretiens au cours desquels nous apprenons à mieux connaître notre client et développons avec lui une vision commune “.

JDB : ” C’est beaucoup plus personnel aussi. Pour vendre une voiture, on ne se rend pas chez le client, pour vendre une cuisine, oui. Cela permet de voir comment les gens vivent, comme ils s’organisent, à quoi ils accordent de la valeur. Il suffit parfois d’ouvrir le réfrigérateur pour s’en rendre compte “.

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RENCONTRE VIA INSTAGRAM

Comment les chemins de bulthaup et de Thomas De Bruyne se sont-ils croisés ?

JDB : ” Via Instagram “.

THOMAS DE BRUYNE : ” C’est exact. Mais je travaillais déjà de temps à autre pour bulthaup Gand. J’y avais réalisé un reportage photos pour le compte d’un client. Je me souviens d’avoir été très impressionné par la cuisine et sa partie vitrée qui laissait entrevoir une superbe Porsche. La combinaison des deux – la sobriété de la cuisine blanche et les lignes de voiture – fonctionnait à merveille. Cela a été mon premier contact avec bulthaup, il y a un peu plus de cinq ans. Et qui s’est répété dans la mesure où l’on fait souvent appel à moi pour photographier des maisons présentant un style épuré. Il s’agit d’une marque que les architectes de maisons contemporaines aiment recommander. Mais mon véritable test a eu lieu à l’occasion d’Interieur 2012. Le courant est bien passé. J’aime beaucoup cet aspect épuré qui caractérise la marque “.

TL : ” La ligne de ses photographies correspond parfaitement à ce que nous voulons raconter. Nos 13 filiales belges ont une liberté totale en matière de communication, mais l’approche de Thomas De Bruyne a beaucoup de succès “.

JDB : ” On reconnaît d’emblée sa signature mais il parvient à chaque fois à capter l’âme spécifique de l’installation. Ses photos de réalisations à Bruges, Courtrai ou Gand sont toutes différentes. Il se peut qu’il s’agisse des mêmes produits mais ils constituent à chaque fois des espaces de vie différents reflétant la personnalité du client. Et du revendeur “.

Je ne suis pas le créateur mais je sais comment bien présenter les choses.

TL : ” Il ne faut pas sous-estimer l’importance du caractère local. bulthaup est une marque mondiale. Son esprit est international mais les – très belles – photos figurant dans le portefeuille que nous recevons d’Allemagne ne reflètent pas toujours l’émotion de notre clientèle. Raison pour laquelle nous voulons imprimer notre cachet local, notamment par des photographies fortes. “.

TDB : ” C’est exactement l’esprit de celle qui a été utilisée pour la campagne nationale de bulthaup. Il s’agit non pas d’une cuisine montée et mise en scène dans un studio, mais d’une cuisine réelle, chez des gens réels – des clients, en l’occurrence. Je trouve le tableau – et cette petite branche à l’avant-plan – un peu trop romantique à mon goût mais il s’agit d’une photo très cadrée et qui possède une âme. Je préfère de loin ce résultat au travail aseptisé de studio. Il est plus question d’un contexte que d’une cuisine. Et le fait qu’il s’agisse d’une cuisine bulthaup renforce ce sentiment d’un espace ayant une âme, du caractère, et non pas d’une simple reproduction d’aménagements vus dans un show-room “.

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JE NE SUIS QUE LE PHOTOGRAPHE

Jan De Bruycker et Thomas De Bruynese sont connus via Instagram. Quelle est l’importance des médias sociaux dans la promotion d’une marque de luxe telle que bulthaup ?

TL : ” Thomas De Bruyne est très actif dans ces réseaux. C’est lui qui nous a amenés sur cette voie. Lorsqu’il a terminé un shooting, il poste des photos sur Facebook et quelques heures plus tard elles se retrouvent dans le monde entier au coeur de la communauté bulthaup. La Belgique attire l’attention par son originalité dans sa manière de faire. Nous sommes réputés pour faire les choses différemment et nous faisons figure de pionniers “.

TDB : ” La force des médias sociaux est inouïe. Les photos y ont souvent plus d’impact que les mots, ce qui ne m’empêche pas de continuer à aimer la communication imprimée. En fait, je suis graphiste de formation, pas photographe, et je trouve passionnant de pouvoir travailler à partir de mes propres clichés et d’y rechercher des lignes minimalistes et la mise en page parfaite “.

L’ADN du photographe renforce-t-il celui de bulthaup ?

TDB : ” Nuance de taille : je ne suis que le photographe, pas le créateur. Mais je sais comment bien présenter les choses “.

TEXTE DIRK REMMERIE

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